Esprits dépolitisés
par sta
mardi 11 juillet 2006
Encore une fois, des sondages difficiles à expliquer. Comment pouvons-nous comprendre le sondage suivant ?
Bush le gérant de crises :
Approuvez vous de la façon dont George Bush gère la situation en Irak ?
- 40% — « J’approuve »
- 56% — « Je désapprouve »
Approuvez-vous de la façon dont George Bush gère la situation de l’Iran ?
- 40% — « J’approuve »
- 31% — « Je désapprouve »
- 29% — « Je ne suis pas certain »
Donc le même taux d’approbation pour l’Irak - où tout va mal et l’armée américaine est bloquée - et l’Iran où Bush n’a pas de politique claire. Encore plus intriguant :
Popularité des guerres - présente et future :
Tout compte fait, est-ce que la guerre en Irak en valait la peine ?
- 41% — « Oui »
- 54% — « Non »
Si l’Iran continue sur ce chemin et peut se doter d’armes nucléaires, supporteriez-vous une attaque militaire américaine contre l’Iran ?
- 52% — « Oui »
- 37% — « Non »
La majorité pense maintenant que la guerre en Irak est un échec. Mais en même temps, la majorité se dit prête à supporter une action militaire contre l’Iran.
Etant donné que Bush a le même taux d’approbation pour les deux pays, il faut croire qu’ou bien la majorité a une mémoire très courte, ou bien elle est dépolitisée. Les deux possibilités ne sont pas mutuellement exclusives l’une de l’autre, mais, à mon avis, c’est surtout une question de confiance aveugle face à un ennemi difficile à cerner qui explique le mieux les sondages.
La guerre en Irak est impopulaire pour deux raisons : il n’y avait pas d’armes de destruction massive, et la démocratie ne progresse pas. La démocratie était littéralement le cadet des soucis des Américains ; elle devait être l’effet secondaire et désirable d’une politique de protection. Si la démocratisation du Moyen-Orient était la première motivation de Bush, il ne serait pas ami avec l’Arabie saoudite, le Pakistan et bon nombre d’autres Etats non démocratiques de la région. Donc il est clair que c’est la question de la sécurité qui mène le jeu.
Pour en revenir à l’Iran : la majorité est prête à supporter la guerre puisque la question posée -comme la politique étrangère du pays - force les sondés à choisir entre la menace nucléaire ou l’invasion militaire. Ils choisissent la dernière.
Du moment où la politique de la terreur règne dans les esprits, une autre guerre contre l’Iran semble acceptable. Puisque la politique du gouvernement de Bush se fonde entièrement sur le terrorisme, les échecs de l’Irak peuvent être oubliés. Avec le terrorisme, les peuples démocratiques n’ont pas d’échelle pour mesurer le succès de leur gouvernement. Ce n’est pas qu’on oublie l’Irak ; mais la peur d’une prochaine attaque dépolitise les esprits.