« Essayez la dictature » : le nouveau dérapage de Macron

par Laurent Herblay
samedi 8 février 2020

On ne compte plus les dérapages verbaux d’Emmanuel Macron depuis son accession au pouvoir, d’abord comme ministre, puis comme candidat, et enfin comme président. Le florilège de ses déclarations a dessiné le portrait d’un homme sûr de lui, hautain et méprisant à l’égard des Français. Nouvel exemple avec sa sortie « essayez la dictature et vous verrez  » de retour d’Israël il y a quelques jours.

 

Sans filtre, méprisant et manipulateur

Ce qui assez incroyable avec Macron, c’est la complaisance des grands média, même si cette dernière commence à très légèrement se fissurer. Qu’auraient-ils dit si Nicolas Sarkozy avait fait et dit exactement ce que Macron a fait et dit depuis son élection ? Il y a fort à parier qu’ils ne défendraient pas son bilan économique sur la foi de quelques statistiques partielles et partiales. Mais la différence serait probablement encore plus grande dans le traitement des innombrables dérapages verbaux du président. Autant ceux de Sarkozy ont été abondamment, et pas injustement, critiqués, autant ceux de Macron sont traités avec une très grande complaisance de la part de la majorité des média.

Pourtant, le passif est chargé. Déjà, ministre, il avait évoqué les « illettrés  » de Gad ou « l’alcoolisme et le tabagisme  » du bassin minier. Son accession à la présidence a déclenché un déluge, comprenant deux facettes. D’une part, une critique des Français, y compris à l’étranger, évoquant les « Gaulois réfractaires au changement  », affirmant « je ne cèderai pas au triste réflexe de la jalousie française  » ou interpellant un jeune chômeur en lui disant « je traverse la rue et je vous trouve un emploi  ». De l’autre, une défense agressive de ses idées, parlant de « ceux qui ne sont rien  », des « premiers de cordée  » qui doivent tirer « le reste de la cordée », ou en soutenant aussi qu’il n’est « pas vrai qu’on est juste si on empêche les gens de réussir (…) les riches se débrouillent très bien tous seuls  ».

Bien sûr, quelques personnes ont pu parler, excessivement, de dictature, mais la sortie du président n’en reste pas moins excessive, manipulatrice et même indigne. Le procédé est classique : caricaturer ses critiques pour ne pas répondre aux justes questions qui se posent, sur le fait que l’on peut avoir peur pour sa santé en manifestant dans sa France, sur les dérives liberticides de la loi Avia, ou plus globalement, sur le caractère autoritaire de ce régime qui refuse de rendre des comptes et qui avance dans sa bulle, sans écouter ni rien ni personne. Ce n’est pas parce qu’il y a pire ailleurs qu’il faudrait accepter ses projets, comme le souligne Marianne. La manipulation est très grossière.
 
Mais les français ne sont pas dupes, comme le montre le sondage désastreux de BFMTV. Non seulement il y a encore une nette majorité de 61% pour le retrait du projet de loi sur la réforme des retraites, malgré la propagande de la majorité des éditorialistes, mais le jugement global sur Macron est probablement encore plus sévère que sur ces prédécesseurs. A peine 14% jugent son action en tant que président satisfaisante, et 62% décevante. Et si 24% jugent que son action améliore la situation du pays, 75% ne le pensent pas. Pire, à peine 17% pensent que son action a permis d’améliorer leur situation personnelle, contre 82%. Ici, le désaveu est probablement plus fort que pour Hollande et Sarkozy.
 
 
En outre, il faut noter que cette nouvelle saillie présidentielle a encore eu lieu hors du cadre d’une interview classique, en direct, exercice qu’il évite au point d’avoir mis fin au rendez-vous traditionnel du 14 juillet, préférant des échanges plus maîtrisés. Sans doute un moyen pour limiter les dérapages. Mais ce faisant, il est devenu un président à la fois trop bavard, tout en étant fermé au débat… 

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