Et si Marine le Pen nous débarrassait des écolos !

par Georges Yang
mercredi 9 mars 2011

Certains l’adulent, d’autres la haïssent ! Marine le Pen, c’est sûr, ne laissent personne indifférent, nouvelle Jeanne d’Arc pour les uns, Hitler en jupon pour d’autres, elle a au moins un mérite, recentrer le débat de société sur la politique et l’économie et renvoyer ainsi les préoccupations écologiques à un niveau subalterne. Car ceux qui s’opposent fermement aux thèses du FN sont obligés de se positionner sur l’immigration, l’islam, l’euro, l’Europe, la fiscalité, la mondialisation et le protectionnisme. Bref, l’opinion publique est à nouveau focalisée sur des sujets qui font débat et où il faut prendre clairement parti. Quelle politique d’immigration choisir, faut-il ou non revenir au Franc, doit-on ou non orienter les choix économiques vers plus de libéralisme ou de protectionnisme ? Autant de questions qui mettent au second plan la France vue du ciel, Home et le Grenelle de l’environnement. Et même Mélenchon y va sur le même registre, en combattant le FN il met de côté le pacte écolo consensuel. Enfin, l’ennemi n’est plus celui qui ne trie pas ses poubelles ou laisse la lumière allumée ! Sarkozy aux abois a complètement oublié le pacte écologique et ce n’est pas en y revenant que le PS arrivera à faire un score au premier tour des présidentielles. La politique est de retour, l’écologie aux oubliettes !

Avec les derniers sondages, Marine le Pen a totalement balayé Nicolas Hulot ! Le politique est de retour et bien malin serait celui qui pourrait dire si Sarkozy est définitivement foutu ou s’il va rebondir. Il est encore prématuré de prédire une victoire socialiste ou un rebond de Dominique de Villepin ou de François Bayrou. Une chose est certaine, pour être au second tour, il faudra parler économie, social et immigration et non OGM ou loi anti-tabac. Lors de la campagne électorale 2007, tout le monde avait la fibre verte. Il fallait obligatoirement déblatérer sainement sur la protection de la planète. Pour être audible, le discours se devait écolo-vertueux au risque de passer inaperçu, au pire réactionnaire, has been ou ennemi de l’humanité. Et puis est arrivée la crise économique qui a balayé comme un ouragan Xinthia toute velléité verte. La chute du pouvoir d’achat, la peur du chômage, la crainte de voir sa retraite s’écrouler se sont imposées dans l’opinion et ont remplacé les vieilles lunes écolos. Avec une dette publique abyssale, une situation politique internationale instable en évolution permanente, une reprise trop timide de l’économie et un chômage qui stagne, il faut être un véritable fanatique de la pensée écolo pour encore penser aujourd’hui au tri sélectif.

Le retour à un débat politique sérieux « à l’ancienne » est souhaitable, non pollué par des considérations métaphysiques sur les ondes des téléphones mobiles ou sur les craintes apocalyptiques d’un nouveau Tchernobyl. L’écologie politique était un luxe de riches dans un pays riche, un luxe de bobos qui s’abonnaient à Vélib et faisaient leurs courses dans un magasin Naturalia.

Les publicitaires sont avant tout des pragmatiques et des commerciaux. Ils sont jusqu’à présent dans la mouvance écolo car le créneau est porteur, il rapporte gros. Avec des slogans simplistes ils arrivent à faire vendre des frigos, des bagnoles, des lessives qui respectent l’environnement, la couche d’ozone, les ours blancs et les scarabées pique-prunes. Chacun doit faire en consommant un petit geste pour la planète, on nous le serine tous les jours. Ca marche encore auprès d’une clientèle inculte intoxiquée par la publicité consensuelle et les mots d’ordre écolos, mais pour combien de temps ? Cela fait encore un carton dans l’éducation nationale dont les enseignants rassis dans l’angélisme gnangnan organisent toujours tant bien que mal des sorties scolaires de sensibilisation à la nature et à la pollution auprès de gamins qui répètent comme des perroquets les slogans entendus à la télé. Le mal absolu n’était plus le nazisme, ceux qui se plaignent des propos avinés de Galliano sont presque dans une démarche d’arrière-garde, c’est Zemmour qui est à la mode et il est loin d’être écolo. Jusqu’à présent, le mal absolu, c’était la pollution, mais cela va-t-il durer ?

Si la vague Marine continue, les publicitaires, les journalistes, les éditorialistes, les politiques vont la récupérer pour la dénoncer, la combattre, la stigmatiser, l’assimiler tout en s’en démarquant. Si Marine le Pen permet de gagner plus en notoriété, en part de marché, en dividendes que n’arrivent à le faire les gaz à effet de serre, et bien, tout ce beau petit monde déclinera du le Pen sous tous les registres et produits dérivés.

Seul avantage à cette confrontation, utilisation, récupération, on ne nous bassinera plus pour un bon moment avec le credo vert, ses poncifs, ses mots d’ordre et ses oukases. Les craintes créées par les flux migratoires, une situation économique et sociale pas prête de s’améliorer à court terme, la montée en puissance des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), vont ravaler l’écologie à un archaïsme du même acabit que le boulangisme ou la « nouvelle société » de Jacques Chaban-Delmas.

On pourrait alors retourner le sens de la fameuse phrase incantatoire de Jacques Chirac : « La maison brûle et nous regardons ailleurs ! ». Oui la maison France est en train de brûler et nous avons trop longtemps regardé, écouté et approuvé les sirènes de l’apocalypse et du millénarisme écolo, au lieu de penser production, productivité, économie(s) et compétitivité. Marine le Pen sera peut-être au second tour en 2012, mais elle ne sera certainement pas élue présidente. Mais si elle arrive, même à son corps défendant, à intéresser de nouveau les Français au débat politique et à débarrasser celui-ci de son versant écologiste, et bien cela sera déjà ça de gagné.

PS  : Heureusement, il n’y a pas que Marine le Pen dans la vie ! Si vous avez le temps, lisez « l’écologie en bas de chez moi  » d’Iegor Gran, un émigré bien intégré chez nous au point d’écrire en français. C’est totalement anti-écolo et à la fois très drôle.


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