Et si Sarkozy menait la politique de Hollande et Valls ?

par Laurent Herblay
vendredi 12 juin 2015

Par-delà la malheureuse escapade berlinoise du Premier Ministre, les décisions, notamment économiques, du gouvernement rencontrent peu de résistance, car elles sont portées par une majorité dite de gauche. Empruntant le procédé utilisé par David Desgouilles pour son premier livre « Le bruit de la douche », lu et apprécié par Jacques Sapir, qu’en serait-il si une autre majorité les avait portées ?

 
Et si Sarkozy avait gagné ?
 
50,2% ! C’est avec ce score extraordinairement serré que Martine Aubry a défait François Hollande lors de la primaire du PS, s’appuyant sur le soutien d’Arnaud Montebourg et sur la campagne un peu trop centriste de François Hollande En se déclarant « ennemie de la finance  » et en promettant une taxe de 75% sur les plus hauts revenus, la première secrétaire sortant a réussi à battre celui qui l’avait devancé, et qui avait fait le choix d’une campagne centriste, soulignant la nécessité de mener une gestion sérieuse du budget et en tentant de convaincre les militants socialistes du besoin de soutenir les entreprises. Mais le résultat est sans appel, malgré quelques soupçons de bourrage des urnes.
 
Martine Aubry s’inspire de la campagne de 1981. Les médias notent le virage à gauche du PS. Nicolas Sarkozy arrive en tête avec 27% des voix, devant la candidate socialiste, qui en réunit 25%, Marine Le Pen atteint près de 18% et François Bayrou arrive devant Jean-Luc Mélanchon avec plus de 12% des suffrages. Le centriste s’abstient au second tour. Lors d’un débat d’entre deux tours assez tendu, le président sortant, malgré son impopularité, fait mouche en dénonçant le socialisme du siècle passé, si ce n’est pas celui d’avant, de son adversaire, dont il dénonce l’irresponsabilité : « en somme, vous voulez dépenser un argent qu’on n’a pas !  ». Il est réélu avec 51% des voix.
 
Retour vers le passé
 
Peu après son élection, Nicolas Sarkozy se débarasse de François Fillon et nomme Jean-Pierre Raffarin à Matignon. Il poursuit et accélère le plan de réduction des déficits entrepris en 2011, au point de doubler le total des hausses d’impôts. Rue de Solférino, on n’ose pas trop critiquer, car c’est François Hollande qui a repris la position de premier secrétaire. En revanche, il critique le maintien du blocage du point d’indice des fonctionnaires en soulignant que si un blocage exceptionnel peut être compris, la poursuite de ce blocage est injuste, cajolant un électorat naturel du PS. Après tout, une grande majorité des fonctionnaires votent encore pour le PS, et Hollande veut défendre son électorat.
 
Devant l’atonie économique de 2012 et 2013, qui ne permet qu’une faible réducation des déficits publics malgré les hausses d’impôt et les coupes de dépenses, Sarkozy décide de prendre un nouveau départ en nommant Laurent Wauquiez premier ministre, après la débacle des municipales. Il annonce un plan de baisse des cotisations sociales de 40 milliards pour les entreprises ainsi qu’un grand plan de simplification. Hollande dénonce une majorité à la solde du Medef, lors de l’université d’été duquel le premier ministre s’est fait applaudir. Et il souligne qu’il n’est pas juste qu’à travers la revalorisation a minima du SMIC, ce soit « ceinture pour les salariés et champagne pour les patrons  ».
 
Le nouveau ministre de l’économie, Emmanuel Macron, tient les promesses de Nicolas Sarkozy, qui avait promis de faciliter le travail du dimanche, en étendant à douze le nombre de dimanches où il est possible de travailler et en développant les zones touristiques. Pour lui, cela permettra aux touristes chinois de ne pas avoir à partir à Londres le dimanche et créera des emplois. Manuel Valls, réplique que ce ne sont pas aux riches touristes étrangers de déterminer si les parents peuvent passer du temps en famille. L’opposition dénonce la vente de bijoux de famille, comme l’aéroport de Toulouse, et « le règne de l’argent  ». Devant les succès de Podemos et Syriza, le PS est déchiré entre sa volonté de ne pas laisser d’espace au Front de Gauche, et une opposition de façade aux politiques menées.
 
Mais quand le gouvernement décide simultanément de faciliter l’usage du CDD, assouplir les contraintes des seuils sociaux, plafonner les indemnités de licenciement, stigmatiser les chômeurs en mettant en place des contrôles renforcés et d’accorder de nouvelles aides pour l’embauche, le premier secrétaire du PS ne peut s’empêcher de critiquer un gouvernement à la solde des patrons, qui « mène la politique la plus antisociale depuis un siècle  ». Et quand Laurent Wauquiez utilise un avion de la République pour aller voir un match de football en famille, le PS dénonce le manque de respect du pouvoir pour les Français et souligne à quel point le gouvernement est coupé de la réalité des Français.
 
Finalement, le plus effarant est qu’inverser les noms ne rend pas les choses moins crédibles. Et les réactions de ceux qui mènent ces politiques aujourd’hui, s’ils étaient dans l’opposition, ne le sont pas moins. PS et UMP sont aujourd’hui en pilotage économique automatique, n’agitant que des postures pour donner du sens à ce qu’ils semblent faire sans réfléchir….

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