Et surtout la santé !
par Olivier Bonnet
mardi 5 janvier 2010
Déremboursements, augmentation des mutuelles... Mieux vaudra ne pas tomber malade en 2010
La traditionnelle formule des voeux de bonne année n’aura hélas jamais été aussi pertinente. Face à une opinion publique anesthésiée par la propagande libérale omniprésente dans les grands médias et martelée par la majorité de la classe politique (tout l’UMP, mais aussi le Modem et la plupart des "socialistes"), le gouvernement a décidé la baisse du taux de remboursement de 35% à 15% d’une centaine de médicaments et la hausse du forfait hospitalier de 16 à 18 euros. A cela s’ajoutent les franchises médicales, qui responsabilisent les cancéreux pour leur apprendre à être moins malades... On se saura jamais trop fustiger la profonde injustice du procédé, stigmatisée dès mars 2007 par l’Appel contre la franchise Sarkozy, sous la plume des médecins Christian Lehmann, Philippe Sopena et Martin Winckler : "environ 70% de la dépense totale est le fait de 10% de patients qui sont atteints de lourdes pathologies, parfois en fin de vie, et à qui on ne demande guère leur avis quant aux soins dont ils sont l’objet. Et dont la seule « responsabilité » serait de décider de ne plus se soigner. Est-ce la société que l’on veut ?". Celle que veulent les libéraux, oui. Qui n’ont de cesse, année après année, de rogner la part des soins remboursés par la Sécurité sociale dans une proportion que l’on peut enfin chiffrer, information délivrée d’une phrase au détour d’un article du Parisien-Aujourd’hui en France : "les dépenses de santé à la charge des ménages ont progressé de 50% depuis 2001". Résultat, de plus en plus de Français renoncent désormais aux soins faute de moyens financiers, jusqu’à 39% d’après un sondage. De fait, sans mutuelle complémentaire, il est impossible de se soigner correctement. Or "Il y a de plus en plus de Français qui renoncent à prendre une couverture complémentaire car ils n’ont plus les moyens financiers de l’assumer, constate Serge Jacquet, président des mutuelles France-Sud, cité dans notre billet L’eugénisme économique. On estime aujourd’hui que 8% de la population ne bénéficie pas d’une mutuelle, c’est un
Ca ne va pas s’arranger avec l’augmentation des tarifs des mutuelles en 2010, de 5% en moyenne, dont nous prévient Jean-Pierre Davant, président de la Mutualité française, représentant plus de 800 mutuelles pour 38 millions de personnes protégées : "les dépenses mises à la charge des mutuelles progressent. Ainsi, comme tous les ans, les dépenses de santé augmentent de 3 %. De plus, le gouvernement a décidé d’alourdir le forfait hospitalier de 2 €. Et il y a la grippe A qui, outre l’achat des vaccins, provoque une augmentation des consultations et des prescriptions. Enfin, considérant à tort que nous faisions des marges importantes, le gouvernement nous avait imposé l’année dernière une taxe de 3,4 % sur notre chiffre d’affaires, une ponction de 1 milliard d’euros. Beaucoup de mutuelles avaient fait l’effort de ne pas répercuter cette taxe sur les cotisations. Mais cette taxe est pérennisée. Nous sommes donc obligés de la répercuter sur nos adhérents".