Ętre « de gauche », c’est quoi au juste ?

par Pierre-Yves Martin
vendredi 27 janvier 2017

Mon ami m'a demandé ce qui définit la gauche.

Bonne question !

En déjeunant avec un ami, catholique convaincu, militant de la Manif. pour tous et partisan de M. Fillon, la conversation est venue rapidement sur l'élection présidentielle.

J'ai rappelé les trois droites selon René Rémond, légitimiste (plutôt M. Fillon, au moins pour le moment), bonapartiste (clairement Mme le Pen) et orléaniste (M. Macron - en version « Bilderberg » de l'orléanisme). Par ailleurs, je niais l'appartenance du PS ou de ses satellites (PRG) à la gauche.

 

Mon ami m'a naturellement demandé ce qui définit la gauche.

Bonne question !

 

J'ai répondu qu'il y a historiquement trois axes :

Je dois avouer que je n'étais pas très satisfait de ma réponse.

 

Plus tard m'est venu à l'esprit que, si nous reprenions cette conversation, je pourrais lui citer une référence dont je pense, sans aucunement le vexer, qu'il n'en est pas un expert : l'hymne L'Internationale.

Car on y retrouve ces trois axes :

Il s'agit bien sûr de la gauche telle qu'on la voyait en Europe après la Commune de Paris.

Certaines réalités actuelles n'existaient pas encore :

De tels changements permettent des escroqueries intellectuelles :

Il y a toujours des axes de la gauche.

 

Le premier reste fondateur : le pouvoir politique par et pour tous, par opposition à la domination, indirecte ou pas, des grands groupes financiers mondiaux. Cela passe d'abord par une vraie démocratie : pluralité et indépendance des médias, liberté d'expression et de dénonciation publique, referendum pour certaines décisions essentielles, loi électorale permettant de vrais changements (c'est le cas en Allemagne), par opposition aux lois électorales qui imposent l'alternance de deux équipes qui font à peu près la même politique. Cela passe ensuite par le refus du pouvoir absolu des intérêts financiers mondiaux, pouvoir absolu qui est la substance même du traité CETA/AECG, en cours de ratification avec le Canada, et qui devait être celle du partenariat trans-pacifique, du TAFTA/TTIP, etc. Et enfin par un retour aux valeurs de solidarité concrétisées notamment dans le programme du Conseil National de la Résistance.

 

Une vraie laïcité, tolérante, respectueuse et sans brimades anti-religieuses (du genre interdiction du voile) satisferait à mon avis le deuxième critère.

 

Par contre, l'internationalisme pose un vrai problème. Il était conçu comme la solidarité des peuples pour éviter qu'on les dresse les uns contre les autres. Actuellement, la seule véritable internationale est celle des grands groupes financiers. Elle est plus organisée qu'on ne le croît généralement, notamment à travers le « Bilderberg ». Elle mène des politiques à long terme, secrètes, qu'elle fait décliner à court terme par les entités, groupes et personnalités dont elle contrôle la carrière.

Pour nous, une de ces entités prédomine : l'Union européenne. Au delà de la novlangue officielle, celle-ci est en effet totalement au service du grand capital multi-national.

Pour la gauche, il n'y a que trois possibilités :

Certains, à gauche, refusent explicitement la sortie de l'U.E. au nom d'un internationalisme idéologique. On les trouve notamment au NPA ou chez Solidaires. D'autres - ou les mêmes - croient aussi que l'U.E. évite les guerres, malgré la Yougoslavie, la Libye, la Syrie, l'attitude belliqueuse vis-à-vis de la Russie, etc. (la place manque...).

La plupart des organisations refusent systématiquement tout débat en leur sein sur la question, pour des raisons qui n'ont guère à voir avec l'internationalisme historique : PCF, CGT, Attac, etc. On murmure même que les avantages reçus de l'U.E. par la CGT et d'autres organisations syndicales, par l'intermédiaire de la CES, pourraient influencer certaines frilosités.

Ce débat verrouillé par les organisations existe cependant bien dans le peuple de gauche... et fait les beaux jours du Front National.

 

A notre époque, il faut ajouter un autre axe, de plus en plus prégnant : l'écologie.

 

Où se situe le PS qui a peur de la démocratie, a réprimé les manifestations plus que ses prédécesseurs, a légalisé la libre intrusion de la police politique dans les systèmes informatiques des citoyens, ne veut en aucun cas de referendum, a la dent dure contre les « sans-dents », pense surtout à maintenir ses postes, rentes ou avantages, voire prébendes, pousse à une « Europe de la défense » subordonnée à l'OTAN, etc. etc. ?

Pas à gauche !


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