Eva Joly doit-elle quitter le navire ?
par AJ
lundi 17 janvier 2011
La fondation du mouvement Europe Ecologie-Les Verts le 13 novembre 2010 s'est chargée de concrétiser l'alliance de politiques et d'associatifs qui avait su redonner goût au succès aux écologistes, aux dernière échéances régionales et européennes. Le problème pour ce parti tout juste crée, c'est que son leader naturel, son fondateur, l'inspirateur même du mouvement, refuse d'être candidat aux présidentielles, arguant qu'il ne dispose ni de l'envie...ni de la nationalité française. Daniel Cohn-Bendit ne sera donc pas de la partie et c'est Eva Joly qui devrait endosser le dossard.
Or, c'est la débandade. Eva Joly, candidate adoubée par la plupart des cadres d'Europe-Ecologie en vue des prochaines élections présidentielles, est créditée de 4% d'intentions de vote dans un sondage CSA-Marianne daté du 14 Janvier. C'est moins qu'Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon. Cela signifie en somme le retour à l'anonymat pour les écologistes. A moins de faire marche arrière, et de désavouer l'euro députée. Car cette dernière est sans doute l'archétype de la mauvaise candidate à une élection présidentielle.
Eva Joly, c'est certes le symbole du renouveau écologiste, tourné vers des personnalités de la vie civile qui portent les mêmes valeurs que le cercle restreint du carcan politique des Verts. Celle qui a fait de la lutte contre la corruption son leitmotiv s'est illustrée dans le cadre de l'affaire Elf et représente donc à ce titre, une femme épris de justice et d'équité. C'est bien là sa seule qualité en vue de l'élection présidentielle.
Car Eva Joly ne dispose pas vraiment d'un charisme naturel. Elle est incapable de porter les foules, ce n'est pas une oratrice. Son fort accent norvégien n'est pas pour l'aider non plus : car que ce soit assumé ou non, beaucoup de français restent réticents à élire une personnalité née à l'étranger. En outre, Eva Joly renvoie une image froide, voire glaciale. Aujourd'hui, ces réticences sont exprimées par le numéro 2 Jean-Vincent Placé, mais le vice-président de la région Ile de France peine à convaincre en interne.
En outre, Eva Joly ne parle qu'à une petite caste urbaine et parisienne, et pas à la classe populaire provinciale. Sa notoriété reste très faible. Son discours est d'ailleurs trop intellectuel, et touche des thématiques qui ne pourront pas toucher vastement l'électorat, préoccupé par des sujets micro économiques et plus terre-à-terre.
Son principal avantage dans la course est sa légitimité comme candidate en interne du parti. Et choisir Joly, c'est donc éviter une guerre des clans qui peut être fatale. La discorde est la hantise de la gauche. Choisir la candidate légitimée par les médias et le parti, c'est donc éviter de faire des vagues. Mais quand la candidate en question multiplie les couacs (Emission Ripostes), est créditée de 4% d'intentions de vote (voir sondage CSA) et peine à attirer la sympathie, une remise en question est nécessaire.
Retrouvez ce billet dans son contexte original sur le blog d'Alex Joubert, http://offensif.net