Faites de la musique... En silence ! Ou... Comment les Brigades Vertes exterminent les musiciens

par Antoine Vermeersch
mardi 6 mars 2012

Traditionnellement, les artistes ont toujours dû faire face à la droite, réactionnaire par essence, par reflexe de caste, par nécessité.
Tout rassemblement populaire constitue en effet une menace réelle, un risque véritable pour ses grands patrons esclavagistes, ses escrocs de financiers, et les politiciens de tous bords qu’ils arrosent pour organiser la société autour de leurs magouilles.
Je schématise un peu, mais c’est comme ça que ce pays fonctionne. Lisez vos journaux, et surtout cessez d’en oublier le contenu sitôt ceux-ci refermés.

La particularité de notre temps, c’est que les fachos ne sont plus tous regroupés sous une seule étiquette, faciles à reconnaître et à pointer du doigt.
L’ordure qui appelle les flics à 21 heures parce qu’un petit concert a lieu dans le café au pied de l’immeuble d’un quartier animé où il vient d’acheter son appartement, et que quelques décibels résiduels parviennent à ses oreilles, est fort possiblement un électeur « de gauche ».

Savez-vous par exemple que la loi décret n° 98-1143 du 15 décembre 1998, l’un des principaux outils d’extermination des musiciens utilisés par les préfectures, est une loi promulguée par un ministre vert, Dominique Voynet, dans le gouvernement rose de Lionel Jospin ?
Extermination des musiciens ? Le mot n’est pas trop fort. Car un musicien qui ne joue pas régulièrement est un musicien qui meurt. Au sens propre comme au figuré.

Et tous les musiciens n’ont pas vocation à jouer dans des salles avec de beaux fauteuils en velours, une belle scène avec lumières, régie et régisseur, subventionnées par le ministère de la censure, et tolérées par la kommandantur.
De même qu’il y a théâtre et café-théâtre, et il y a concert, et il y avait, mais il n’y a pour ainsi dire plus, café-concert.
D’ailleurs, tuer la musique dans les cafés de quartiers, c’est aussi à plus long terme, tuer la musique dans les salles. Qui, en effet, se déplacerait pour aller voir dans une salle, en payant sa place, un artiste dont il n’a jamais entendu parler, un artiste qui n’a pas « roulé sa bosse » ?

Certes, en faux-culs émérites qu’ils sont, les pouvoirs publics ne s’attaquent pas directement aux musiciens. Ils utilisent plusieurs techniques d’encerclement, de contournement, de harcèlement, de siège, d’étouffement.

Les artistes, comédiens, musiciens, sont un vecteur de rencontre, de communication, d’échange, d’émancipation, d’épanouissement.
Ils sont un élément clé de la vie des quartiers.
Et l’enjeu pour toute dictature est d’empêcher les gens de se rencontrer, de communiquer, d’échanger, de s’émanciper, de s’épanouir.
Les entraves à la circulation et au stationnement occupent un rôle primordial dans la lutte contre les artistes et la vie des quartiers.
15.000 places de stationnement ont été supprimées à Paris de 2002 à 2007. 01men, Le Figaro, Amnistie 2007
Et au moins autant depuis.
Soit 30.000 places !!!
Vous ne voyez pas le rapport ? Je vais vous éclairer.
Quand un esclave a déjà passé 2 ou 3 heures dans les transports en commun pour aller travailler et en revenir, il ne remet pas ça le soir. Le soir, il veut pouvoir prendre sa voiture pour aller retrouver ses amis. Et s’il ne peut pas se garer, ou s’il n’a pas d’autre choix que de mal se garer et de flipper toute la soirée en se demandant s’il va retrouver sa voiture, ou s’il s’en tire pour trois fois le prix de sa sortie en parking sous-terrain à perpète, il ne le fait pas bien longtemps.
Les places de stationnement supprimées à Paris, on les doit notamment et surtout à Denis Baupin, délégué aux transports, vert, dans une mairie rose.

Aux entraves à la circulation et au stationnement viennent se greffer une multitude de lois, de décrets, de règlementations nationales ou locales ...


Lois anti-tabac, décrets anti-alcool ...
Là encore on retrouve les verts, qui veulent pouvoir respirer dans un troquet comme ils respirent à la campagne !

Plus de 2000 cafés mettent la clé sous la porte chaque année, rien qu’en Ile-de-France. JDD - Les cafés en danger
Il faut se rendre à l’évidence, les grands écrans où l’on diffuse du foot et du rugby, ça a marché un temps. Mais ça ne marche plus.
Car les gens qui aiment sortir attendent autre chose d’un café le soir, que la diffusion en boucle d’images toutes faites.

- Galère pour rejoindre les quartiers festifs.
- Pas de place à proximité pour se garer.
- Interdiction de fumer à l'intérieur des établissements. Pourquoi pas, mais aussi ...
- Interdiction d'emmener son verre avec soi quand on va fumer dehors. Et ...
- Contrainte de trimbaler avec soi manteaux, téléphones portables, sac-à-mains quand on va fumer dehors, si l’on ne veut pas risquer de se les faire voler. Ou alors ...
- Contrainte de les confier à des amis, mais alors d'aller fumer seul et en silence comme un drogué qui assouvit un manque plutôt que comme quelqu'un qui s'accorde un plaisir.
- Réprimandes si l'on parle ou l'on rit sur le trottoir.
- Sentiment global de culpabilité.
- Pas de musique live ...

Dites-moi, pourquoi les gens continueraient-ils d’aller se faire chier dans endroits pareils ?

Par contre, lorsqu’il s’agit de faire croire au reste de l’Europe et du monde que la France est un pays d’ouverture d’esprit, de tolérance, de création, alors là, on met le paquet :



Depuis la fin des années 80, incapables, et pour cause, d’imposer démocratiquement leurs lubies, les écologistes prennent en otage la démocratie.
On racole, sans vergogne, un coup à gauche, un coup à droite.
En 2007, alors qu'ils ne représentaient que 1,57% de l'électorat, ils imposèrent au pays tout entier les décisions fantasques de leur grenelle de l'environnement.
Aujourd’hui, à peine le nom du candidat socialiste connu à l’issue des primaires, ils recommencent leur infâme marchandage :
« Il n’y aura pas d’accord avec le PS sans accord sur le nucléaire ».
Sortir du nucléaire ... Comme si quelqu’un pouvait être contre !
Sauf que.
Juste pour situer les enjeux, la SNCF est le troisième client d’EDF.
Alors, concrètement, ma poulette, les TGV, tu vas les faire avancer comment ? Avec des voiles ?
Et ton putain de tram de merde qui nous pourrit la vie (et nous pollue) depuis 10 ans ? Tiré par des vélib ?
Ou alors tu veux faire comme tes petits copains parisiens : Tu poses ton diktat, tu ériges tes tocades de psychopathe de la pureté originelle au rang de vérité universelle et immuable, et rien à foutre des conséquences ?
Quand il n’y a pas assez de places de stationnement ... On en réduit le nombre !
Et pour répondre aux difficultés de circulation ... On supprime des files !
On crée la pénurie, et survive qui pourra, c'est-à-dire, comme toujours en pareil cas, l’élite, les riches.
Plus de voitures, et plus de trains non plus ?
Et plus de bûches dans la cheminée, plus de gaz dans la chaudière ?
On arrête tout, on ne bouge plus ?
On reviendra plus tard ?
On vivra une autre fois ?
Et les dizaines d'oiseaux mazoutés de temps en temps par un méchant pétrolier qui s'échoue, on les remplace par des milliers d'oiseaux guillotinés chaque année dans les gentils champs d’éoliennes ?
Bande de malades.
Désaxés.
Sadiques.
Pervers.

En conclusion, camarade spectateur, croire qu’il te suffirait le 22 avril et le 6 mai 2012 de rappeler à un sinistre petit personnage la première syllabe de son prénom pour retrouver le chemin des libertés, serait une erreur d’adolescent crédule.
Dégager les écologistes extrémistes de tous les postes décisionnaires où ils se sont incrustés illégitimement au fil des ans à force de chantage, est au moins aussi essentiel.
Pour toi, c’est une question de liberté.
Pour nous, artistes, c’est une question de vie ou de mort.


Lire l'article complet, et les commentaires