Faut-il changer de candidat socialiste ?

par Sébastien Ticavet
vendredi 2 février 2007

Les esprits commencent à chauffer à gauche. Comment arrêter la descente aux enfers du Parti socialiste ?

Ségolène Royal, depuis quelques semaines, s’enfonce.

Elle s’enfonce dans la fange des petits combats, des mini polémiques stériles (l’ISF, le Québec, la Corse, les RG, etc.) sans que personne ne l’y ait poussée.

Elle s’enfonce dans son incapacité à tenir un débat. Pas plus aujourd’hui qu’hier (lorsqu’elle n’était que simple candidate à la candidature), elle n’a l’air décidée à se placer sur le terrain des idées et à défendre des convictions face à ses compétiteurs (nombreux, tant à sa gauche qu’à droite, et même aujourd’hui à ce qu’il convient d’appeler le "centre").

La spécialiste des bourdes en tout genre s’enfonce surtout dans un vide programmatique qui semble sans limite... La stratégie du "je ne dis rien tant que les Français ne m’ont rien dit", sa fameuse technique du débat participatif dont de nombreux échos nous font dire aujourd’hui qu’il ne s’agit ni plus ni moins que de café du commerce légèrement amélioré, sa volonté enfin de retarder le temps des propositions, tout cela concourt à créer un effet d’attente qui ne pourra que conduire à la déception. A moins de nous sortir de son chapeau un lapin à quatre oreilles, Royal n’a aucune chance d’impressionner. Et ceci d’autant moins qu’elle ne pourra plus nous refaire le coup des propositions chocs ou contradictoires, parce que tous les sympathisants socialistes aujourd’hui attendent un programme précis et cohérent.

Ségolène Royal s’enfonce enfin parce qu’elle refuse d’aborder les seules questions qui comptent et pourraient faire avancer le débat : quid de la politique industrielle de la France dans un cadre européen stérilisateur ? Quid de nos marges de manoeuvre budgétaires et monétaires anémiées par Francfort et Bruxelles ? Quid de notre capacité à rendre le système fiscal plus redistributif dans un cadre mondialisé ?

Ségolène Royal s’enfonçant misérablement (les intentions de vote révèlent une baisse continue depuis quelques semaines, traduction sondagière d’un désamour croissant de l’opinion), nous disons qu’il est légitime aujourd’hui pour le PS de s’interroger sur la validité du choix qu’il a fait en novembre.

Déjà, à l’époque, pendant la campagne interne du PS, nous étions nombreux à tirer la sonnette d’alarme. Nous avions pointé nombre des faiblesses de la candidate (positionnement très peu différencié de la droite, refus de prendre en compte les vraies questions, manque de cohérence, inaptitude au débat, etc.) et nous alertions le parti sur le risque qu’elle n’explose en plein vol.

C’est arrivé plus vite que prévu. Et ne soyons pas surpris aujourd’hui que Jospin et Fabius appellent à un recadrage de la campagne. Plus à gauche, disent-ils... C’est bien le moins qu’ils puissent demander à Royal. On imagine bien que nombreux sont ceux aujourd’hui au PS qui doivent se demander s’il ne faut pas changer de candidat. Tous doivent redouter un scénario à la Balladur. Tous ont raison, selon nous, de se poser la question.

Tout doit être revu à gauche : le programme à défendre, le candidat pour le porter... Cela fait beaucoup de problèmes de positionnement à régler à un peu moins de trois mois de l’élection ! Bon courage !


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