Présenté comme un substitut idéal à l'arme à feu, neutralisant sans pouvoir tuer, le pistolet à impulsions électriques, connu sous le nom de Taser, a été intégré en 2004 dans l'équipement des forces de police. Destiné en principe à un emploi exceptionnel et défensif, il fait en réalité l'objet d'un usage massif, levant, par son caractère "non létal", les blocages psychologiques à l'usage de l'arme. Cette banalisation, en contribuant à accroître l'usage de la violence par les forces de l'ordre, participe d'une délégitimation de l'autorité de l'Etat. Il convient au contraire de ramener le Taser à ce qu'il aurait du rester, une arme comme les autres, en recadrant son usage, par le biais d'un travail parlementaire, et en favorisant l'anticipation des problèmes de sécurité, via une police de proximité, plutôt que leur résolution a posteriori.
Depuis l'apparition, dans l’équipement des forces de police, en 2004, du pistolet à impulsions électriques, plus communément connu sous le nom de Taser, qui est la marque principale, celui-ci est présenté par la doctrine du ministère de l'Intérieur comme l'ultima ratio de la lutte contre la délinquance, une sorte d’arme idéale combinant l'efficacité opérationnelle et la préservation des droits individuels par sa relative innocuité.
Dans les cas prévus par les textes (légitime défense, flagrance - en cas de crime ou de délit flagrant pour appréhender les auteurs, état de nécessité), les policiers sont autorisés à faire usage de cette arme, en respectant le principe de proportionnalité. Environ 4 000 Taser existent dans les dotations de la police nationale et de la gendarmerie (la police municipale, en dehors du champ de la présente note, est également autorisée à utiliser le Taser). La neutralisation de la personne au moyen d’une arme « moins létale » qu’une arme à feu aurait même permis de « sauver des vies » selon la communication à la limite du cynisme de la société qui commercialise le Taser. Les associations de défense des droits de l’homme, de leur côté, dénoncent un instrument de torture à l’origine de plus de 300 décès en Amérique du Nord.
La présentation des mérites du Taser par le ministère de l’Intérieur revient à prendre le problème à l'envers. Son emploi banalisé (selon le ministre de l’Intérieur, le Taser a été employé 815 fois en 2010 et 907 fois en 2009) a généré une nouvelle forme d'usage des armes par les policiers et gendarmes et élevé le niveau de violence exercé par les forces de l'ordre. De fait, pour des résultats incertains, l'usage quotidien du Taser creuse le fossé entre forces de l'ordre et citoyens et réduit ainsi tendanciellement l'efficacité policière.
S'il n’est ni nécessaire, ni souhaitable de supprimer l'outil, qui peut se révéler parfois utile, il convient en revanche de mettre en place un travail parlementaire permettant de recadrer son usage, de sorte que, comme l'arme à feu, il ne soit utilisé qu'en dernière instance, avec des garanties sur la transparence bien supérieures à celles prévues par les textes aujourd’hui. Il est aussi envisageable de réserver le Taser à certaines unités spécialisées de la gendarmerie et de la police nationale.