Faut-il voter lors de la « primaire » socialiste ?

par Fergus
lundi 29 août 2011

Les 9 et 16 octobre se dérouleront les deux tours de la « primaire » socialiste. Tous les citoyens inscrits sur les listes électorales sont invités à y participer s’ils le désirent, moyennant le versement d’une somme minimale de 1 euro, pour désigner celui ou celle qui portera les couleurs du PS lors de la Présidentielle de 2012. Les électeurs de gauche doivent-ils participer à ce vote ? La réponse est évidente : OUI, et cela pour plusieurs raisons...

La question ne se pose pas pour les militants du Parti Socialiste et pour les supporteurs inconditionnels de ce parti : ils iront sans aucun doute exprimer leur choix en grand nombre dans l’un des milliers de bureaux de vote qui seront ouverts sur l’ensemble du territoire national.

La question reste en revanche ouverte pour tous ceux qui votent à gauche, mais qui, à mon image, ont été trop souvent déçus par la gestion timorée du PS, trop souvent furieux de constater les dérives libérales mises en œuvre par ce parti lorsqu’il a été aux affaires, trop souvent atterrés de constater l’inféodation aux diktats de la Commission européenne.

Ces derniers, autrement dit tous ceux qui, comme moi, ne voteront pas PS au 1er tour de la Présidentielle, et tous ceux qui « envisagent » un autre choix pour soutenir un candidat plus en rapport avec les aspirations profondes de classes populaires de plus en plus abîmées par le néo-libéralisme, doivent-ils s’abstenir pour autant de participer à la « primaire » socialiste ?

Non, surtout pas, car ils feraient ainsi, sans l’avoir voulu, le jeu de la droite sarkozyste, le jeu du pire pouvoir politique qu’ait connu la Ve République, le jeu d’un clan cynique et amoral. Un clan au service de la ploutocratie, un clan qui n’a qu’un objectif en tête : continuer de détruire le modèle social français pour accentuer la précarité des travailleurs de notre pays et saper ainsi toutes velléités de revendications synonymes de freins à la voracité de dirigeants et d'actionnaires sans scrupules.

Non, surtout pas car, ne nous leurrons pas, une participation réduite à la « primaire » socialiste serait, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, ipso facto exploitée par l’UMP et ses porte-flingues pour casser l’impact de cette innovation démocratique et briser la dynamique électorale qui risquerait d’en résulter. Les caciques de l’UMP l’ont d’ailleurs bien compris* : l’immobilisme de leur parti et la reconduction sans débat ni compétition interne de Nicolas Sarkozy risquent d’apparaître comme des signes de ringardise relativement à la modernité des socialistes. D’où l’espoir d’une « primaire » PS réduite à un électorat le plus étique possible.

Non, surtout pas car si nos concitoyens participent massivement à cette « primaire », ils contribueront au contraire à engager une dynamique sans précédent qui devrait être favorable à l’ensemble des partis de gauche, et pas uniquement au seul PS. Une éventualité que l’UMP craint comme la peste car si une dynamique de gauche venait, à l’issue de cette « primaire », s’ajouter à l’impopularité de Nicolas Sarkozy, celui-ci aborderait la compétition électorale dans les pires conditions.

Dans un tel contexte, la question de savoir pour qui voter lors de cette « primaire » n’a qu’un intérêt secondaire, encore qu’il s’agisse de désigner le candidat (ou la candidate) qui, selon toute probabilité, sera opposé(e) à Nicolas Sarkozy au 2e tour de la Présidentielle, celui (ou celle) qui semblera à chacun le mieux armé(e) pour barrer l’accession de l’actuel président à un nouveau mandat dévastateur pour notre pays.

Pour toutes ces raisons, j’irai voter à la « primaire » PS, et j’engage vivement tous ceux qui appartiennent à ce que l’on nomme communément le « peuple de gauche » à en faire autant, que ce soit pour marquer son adhésion à la candidature du PS ou, par pragmatisme politique, pour fragiliser celle de Nicolas Sarkozy. Au-delà de toutes les critiques que l’on peut formuler contre le Parti Socialiste, il convient en effet de ne pas se tromper de combat, de ne rien faire qui soit de nature à offrir une nouvelle victoire à la droite sarkozyste, championne de la dette et du chômage comme nul autre gouvernement auparavant. La primaire socialiste est une première étape dans ce combat, ne laissons pas passer l’occasion d’enfoncer un coin dans la stratégie élyséenne !

Il semble d’ores et déjà acquis que l’UMP, sauf à s’enfoncer dans un schéma d’appareil dépassé et fortement ringardisé, organisera à son tour une « primaire » pour désigner son candidat à la Présidentielle de 2017.


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