Fillon dilapide l’héritage séguiniste pour rejoindre l’école buissonnière

par fatizo
lundi 16 septembre 2013

La petite phrase prononcée le 8 septembre dernier par l’ancien Premier Ministre François Fillon, où il disait qu’en cas de duel PS/FN au second tour des municipales il conseillait "de voter pour le moins sectaire", même s’il est issu du Front national, agite le monde politique depuis plus d’une semaine.
Cette position, pour la moins nouvelle de l’ancien Premier Ministre, se voulait être une façon de contrer Copé et son "ni-ni " tout en échappant au "front républicain".
Il suffit de voir les réactions au sein de l’UMP pour comprendre que François Fillon risque de s’isoler dans son propre parti.
Au delà de Copé qui n’a "pas très bien compris", et qui surtout doit bien rire dans on coin, on voit une horde d’anciens Ministres, parfois proches de l’ancien Maire de Sablé-sur-Sarthe, s’inquiéter d’une telle sortie.
Jugez plutôt :
Le premier a avoir pris ses distances avec une telle déclaration fut Alain Juppé, qui déclara qu’il ne mettait pas le FN et le PS "sur le même plan".
Nathalie Kosciusko-Morizet a jugé "de la responsabilité d’un homme ou d’une femme politique de dire clairement, dans des situations particulières comme un duel FN-PS, ce qu’il ferait". La candidate à la Mairie de Paris a affirmé que, "s’il n’y a pas d’autre choix, je ne renvoie pas dos à dos le FN et le PS" .
L’ancien ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire, a assuré de son coté qu’il ne voterait jamais pour un candidat du Front national, parti qui "n’apporte aucune solution" aux problèmes français.


Benoist Apparu, a d’abord cru à une erreur de l’ancien Premier ministre. "J’imagine simplement, et ça nous arrive à tous, qu’il y a un moment" où "on dit une bêtise". Le président UMP de la commission des Finances du Sénat, Philippe Marini, s’est lui aussi dit "surpris" par les mots employés par le député de Paris.
Quant à l’ancien Premier Ministre, Jean-Pierre Raffarin, il a tweeté que "le pacte fondateur" de son parti était en danger.
D’autres anciens ministres comme Wauquiez, Bussereau, Pécresse ou Chatel sont également inquiets.
Comme on le voit, si François Fillon a voulu séduire les électeurs de droite classique qui dans leur majorité ne voient plus de barrière avec le FN , il en va autrement pour beaucoup de ses amis à l’UMP.
Mr Fillon démontre avec cette sortie qu’il est avant tout un opportuniste.
Tout le monde se souvient de l’émotion du Premier Ministre lors du décès de celui qui l’a pris sous son aile à ses débuts en politique, j’ai nommé Philippe Séguin.
Que vient faire l’ancien Maire d’Epinal dans cette histoire allez-vous me demander ?
Vous allez vite comprendre.
Voici ce que déclarait Fillon lors de ses obsèques : « C’est quelqu’un qui a tant compté dans ma vie. (…) Il avait une passion charnelle pour cette République du mérite si française, qui donnait à chacun de ceux qui n’avaient rien au départ de la vie la possibilité de devenir quelqu’un. (…) Il était difficile, il était malcommode, mais il l’était parce qu’il était profondément intransigeant sur ses convictions, sur les principes. »
Intransigeant dans ses convictions comme le rappelait Monsieur Fillon à l’époque, et j’ajouterai, surtout en ce qui concerne le FN.
Car il faut se rappeler qu’au milieu des années 1980, Philippe Séguin va, avec quelques autres, tout faire pour rendre impossible tout accord avec le parti de Jean-Marie Le Pen.
Un exemple, lorsqu’il est interrogé par « L’Express » le 15 février 1985 pour savoir s’il prendrait « le risque de faire passer un candidat socialiste plutôt que faire alliance avec le Front national », Philippe Séguin répond : « Oui. A la limite. »
A cette époque, Patrick Buisson, aujourd’hui grand gourou de l’UMP, dit de Séguin dans le journal d’extrême droite " Minute"qu’il est un "collabo de l’opposition", dans un article intitulé « Les taupes de Mitterrand dans l’opposition. »
Pour Buisson Séguin est un homme de gauche. Mais vu les idées de Buisson on peut penser que pour lui 90% des français sont de gauche.
En 1998, alors qu’il est Président du RPR, l’ancien Maire d’Epinal ne varie pas d’un iota lorsqu’au cours des élections régionales et cantonales il exclu l’ancien secrétaire général du RPR, Jean-François Mancel, qui a fait alliance avec le FN dans l’Oise.
Mais qu’aurait pensé l’ancien Mentor de Mr Fillon d’une telle sortie ?
On peut être sûr d’une chose, connaissant le caractère colérique de l’ancien Président de la Cour des Comptes, il est sûr que Fillon en aurait pris pour son grade.
Espérons qu’il y aura des gens à l’UMP pour dire à Mr Fillon qu’il faut tout de même être d’une rare indécence pour oser faire une telle sortie tout en se présentant en héritier d’un homme aux convictions si fortes.
On a envie de dire à l’ancien Premier Ministre de Nicolas Sarkozy qu’on ne peut jouer sur tous les tableaux, qu’on ne peut à la fois vouloir s’attribuer les valeurs d’un homme décédé tout en démontrant par ses actes que l’on agit en totale contradiction avec celles-ci.
Les hommes politiques d’aujourd’hui n"hésitent plus à perdre leur âme, ils sont capables de tenir un discours un jour, tout en faisant le contraire le lendemain.
Mais l’UMP devrait se méfier, à trop vouloir reprendre le discours de l’extrême droite avec des Sarkozy, Copé et aujourd’hui Fillon, à trop vouloir briser les frontières et s’être laissé entraîner derrière le Buisson ardent, allié de l’extrême droite, elle sera un jour dévorée sans avoir eu le temps de faire ouf par le FN.
Il sera temps alors de regretter de ne pas avoir retenu les conseils d’un sage tel que Mr Séguin.


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