FN : verre à moitié plein aux départementales ?
par Laurent Herblay
mardi 31 mars 2015
Bien sûr, avec 25% des suffrages, contre 15% en 2011 (et 19% là où il était présent), 59 élus contre 1, ces élections semblent un immense succès pour le FN. Mais si le parti lepéniste s’enracine, il n’a gagné que 1,5% des sièges en jeu et n’a pas gagné le moindre département.
Enraciné, mais marginal
Bien sûr, il faut bien reconnaître que le score du FN est très bon : 10 points de plus qu’en 2011, et 6 points de plus là où il était présent. Le FN a même réuni plus de 4 millions de voix au second tour, apparemment plus que le PS, qui ressort sous les 3 millions si on ne compte pas ses alliances. Plus fort, il est arrivé en tête dans 43 départements et même 327 cantons. Ce résultat est d’autant plus marquant que les élections locales n’ont jamais été le fort du parti lepéniste, même si Marine Le Pen a enregistré son premier succès lors des élections cantonales de 2011 et que le FN a fait bonne figure lors des élections municipales de l’année dernière. Bref, succès sur toute la ligne ?
Mais déjà, pour un parti qui prétend pouvoir gagner en 2017, il est tout de même surprenant de ne pas parvenir à gagner le moindre département après être arrivé en tête dans 43 au premier tour. Ceci montre que si le FN est parvenu à attirer plus d’électeurs, il peine toujours à réunir une majorité d’électeurs au second tour, ne parvenant à gagner que 59 sièges sur 4108 contre plus de 1780 pour l’UMP et ses alliés et plus de 1200 pour le PS et ses alliés. Bref, la majorité a encore 20 fois plus d’élus que le FN, ce qui relativise grandement le dédiabolisation du mouvement. Le FN a gagné dans 3% des cantons où il était qualifié, et moins de 10% de ceux où il était arrivé en tête !
Magouilles d’interprétation
Bien sûr, Marine Le Pen parle de « magouilles » des autres partis, soulignant notamment les quelques cas où l’UMP a appelé à voter socialiste au second tour. Mais elle oublie que ces cas sont tout de même marginaux et que la consigne de vote nationale était le ni-ni. Ensuite, crier à la magouille est franchement abusif. En démocratie, les partis sont libres de donner les consignes de vote qu’ils souhaitent au second tour et on ne voit pas à quel titre il serait interdit qu’un UMP appelle à voter PS plutôt que FN. De là à dire que le FN a du mal à saisir les modes de fonctionnement démocratique… Est-ce vrai étonnant de la part d’un parti d’extrême-droite dont la présidente admire Vladimir Poutine ?
Certains frontistes se sont accrochés à la difficile réconciliation des chiffres, du fait des alliances à géométrie variable du PS et de l’UMP, pour continuer à dire que leur parti était toujours le premier de France. Mais si le FN est arrivé en tête dans 327 cantons, il faut rappeler que la droite est arrivée en tête dans 1011 cantons et la gauche dans 611. Bref, pour qui regarde honnêtement les résultats, le FN était le 3ème parti de France lors du premier tour, ce qui est déjà un bon résultat pour un parti à l’implantation locale bien plus récente. Dès lors pourquoi raconter des mensonges, gonfler les chiffres ou hurler à des magouilles imaginaires ? En fait, on retrouve au FN les mêmes comportements politiciens qu’au PS et à l’UMP…
Bien sûr, le FN est au plus haut. Et malgré un contexte très favorable, qui pousse logiquement les classes populaires à voter pour lui, il n’est que le 3ème parti de France, la barrière du second tour lui est toujours très difficile, même dans les triangulaires. Heureusement !