Francois Bayrou, cet OVNI politique
par stephane rossard
lundi 22 mai 2006
En s’associant à la motion de censure, François Bayrou a voulu jouer les gros bras. Mal lui en a pris. Il doit revoir sa copie. Plus exactement sa stratégie. Toujours aussi floue. Et travailler son projet pour la France, toujours non identifié à ce jour ! Avant de se prendre pour l’homme providentiel, sauvant la France du « naufrage », qu’il pense à sauver l’UDF ! Et donc son avenir de présidentiable !
François Bayrou se cherche toujours. Dernière preuve en date : il s’est associé à la motion de censure déposée par le Parti socialiste. Dans quel but ? C’est tout le mystère. En effet, cette motion n’avait aucune chance d’aboutir, étant donné que l’UMP dispose de la majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Un coup politique ? Mal inspiré car cette motion de censure, spectaculaire dans la forme, est surtout la preuve de l’opportunisme du Parti socialiste visant à détourner l’attention de son vide sidéral idéologique, est un échec sur le fond. Un coup d’épée dans l’eau !
Incarner la rupture ? Avec le Parti socialiste ? Mal inspiré à nouveau, car ce parti est mal placé pour donner des leçons de morale en matière de scandales politiques et d’affaires d’État.
Incarner la rupture ? La nouvelle France ? Mal lui en a pris en s’associant avec un Parti déchiré par des ambitions personnelles, dont les leaders représentent plus la France du passé, donc l’échec, que celle future et de la réussite. Faudrait-il rappeler à François Bayrou que les principaux candidats à l’investiture socialiste pour la présidentielle de 2007 ont pour nom Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, et même Jack Lang ! Une belle rupture avec le passé ! Un bel exemple de la réincarnation d’une politique dont les Français ne veulent plus. Mais certainement pas la rupture que souhaite incarner François Bayrou.
Se forger une image de présidentiable ? De leader ? Mal inspiré une fois de plus, car François Bayrou n’est pas l’initiateur de cette motion. Pire, il en a rappelé la cause : le groupe UDF ne dispose pas du nombre de députés suffisant pour déposer une motion de censure. François Bayrou s’affiche donc comme un suiveur. Pas très engageant, en ces temps d’incertitudes et de doutes absolus sur l’avenir !
François Bayrou se cherche. Un coup de barre à gauche. Un coup de barre à droite. Un retour au centre, avant de rejouer les girouettes. François Bayrou rêve d’un centre fort. Mais encore faudrait-il que son leader soit en mesure d’incarner cette image. Or, ce n’est pas le cas, en raison de ses vicissitudes, de ses coups de balancier réguliers. François Bayrou, c’est plutôt le ventre mou. Pour ne pas dire désormais un "ulcère", avec la division née de sa décision de voter la motion de censure. L’UDF est déchirée. Et pourrait le payer cher électoralement.
Un "ventre mou", car l’UDF a besoin d’alliés pour exister. L’UDF ne peut être indépendante en raison de son faible poids. Agir seule, entreprendre seule et peser seule sur le cours des choses, sur les affaires politiques, l’UDF en est incapable à ce jour. Un handicap sérieux pour le candidat Bayrou.
François Bayrou est un véritable OVNI en politique. On ne sait pas d’où il vient. On ne sait pas non plus ce qu’il veut. Son programme est illisible. Sa voix inaudible. Ses convictions incertaines, car fluctuantes ou opportunistes. Dans l’espace politique, son projet est impossible à identifier. François Bayrou, on ne sait pas où il va (l’UDF encore moins). Ni où il veut emmener la France.
François Bayrou a le mérite d’établir un diagnostic juste et sans concession sur l’état de la France. Mais après ? Immigration ; Europe ; sécurité ; emploi, politique sociale ; environnement ? Sur les principaux sujets qui animent la société française et qui divisent la classe politique, difficile de citer une proposition concrète et une solution réellement novatrice. Il échoue à formuler une vision, un projet clair, fort, facilement identifiable et différencié par rapport à ceux de ses adversaires. Donc capable de créer un élan fédérateur et mobilisateur. Donc une dynamique d’adhésion à l’homme.
François Bayrou pense être l’homme providentiel, celui qui sauvera la France de cette déliquescence, de cet "affaiblissement de l’État", comme il le dénonce à juste raison.
Cependant, avant de penser à sauver la France du désastre, François Bayrou devrait se préoccuper de se sauver lui-même, ainsi que le parti qu’il représente, tout proche de l’implosion. Un parti, l’UDF, qui ne doit sa survie qu’à sa ténacité obstinée.
François Bayrou, pour être un candidat crédible, un présidentiable digne de confiance, et prétendre légitimement diriger la France, doit impérativement, au préalable, s’imposer comme un chef de file qui ait la maîtrise de ses "troupes" et à l’autorité incontestée. Plus que jamais, au moment où l’autorité au sommet de l’État au mieux vacille, au pire se délite.