François Bayrou, comme un cheval au galop

par Henry Moreigne
mardi 13 mars 2007

On savait François Bayrou solidement enraciné au pied des Pyrénées, revendiquant sa ruralité. Mais ruralité ne veut pas dire rusticité. Elle peut même être distinguée. Au cul des vaches le président de l’UDF préfère la croupe des chevaux. Mais, pas les vieilles rossinantes. Son dada à lui ce sont les jeunes pouliches vrombissantes.

Sur les vingt hectares de la ferme familiale, en plein Béarn, à Bordères, François Bayrou ne joue pas seulement au tracteur mais aussi à l’éleveur de chevaux haut de gamme. Ni chevaux de loisirs ni chevaux de sport. Il leurs préfère le nec plus ultra des chevaux de course, les galopeurs. Une passion onéreuse financée au départ par le succès de librairie inespéré de son livre sur Henri IV, il y a déjà quelques années.

Le plus difficile dans cette aventure agricole ce n’est assurément pas de faire naître des chevaux mais de sélectionner les géniteurs, de réussir les croisements. Beaucoup de savoir sur les pedigrees et de l’intuition, de l’audace, du nez.

Un subtil mélange, le seul qui permet de faire naître le crack, le gagnant. Il y va dans les chevaux comme en politique, on ne devient pas un gagnant. On l’est, ou pas, dès la naissance. A cette alchimie mystérieuse, l’élu béarnais s’y entend plutôt bien. En 1999 les couleurs de l’éleveur de Bordères, casaque orange et toque noire, connaissent leur premier succès avec Fils de Viane dans une listed Race (course où s’affrontent les meilleurs). Victoires et accessits s’enchaînent depuis régulièrement. "A une exception près, je n’ai fait que des gagnants" concède avec une pointe de fierté le Béarnais. Entre l’homme politique et ses chevaux, les relations sont fortes.

Quand il murmure à leurs oreilles c’est en patois, la langue de la tendresse confie-t-il. "En politique je n’ai pas droit au doute. Dans les chevaux, je n’ai pas d’assurance, j’ai de l’amour." Retour sur amour, le 7 mars dernier sur l’hippodrome de Saint-Cloud, fief de Jean-Marie Le Pen, sa pouliche de quatre ans Alix Road s’imposait dans le Prix Touchstone.

La période semble décidément favorable pour François Bayrou. A force de côtoyer les chevaux il finirait par leur ressembler lui qui, il y a quelques mois encore déclarait "Rien n’est aussi beau qu’un cheval qui a un changement de vitesse. Cela veut dire qu’il a un caractère de gagneur, qu’il ne se laisse décourager par rien". Alors pour ces présidentielles, François Bayrou, gagnant ou placé ? Les paris sont ouverts.


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