François Hollande, camelot de l’emploi

par Henry Moreigne
jeudi 8 août 2013

"Ce n'est plus le président de la République, c'est le camelot de l'emploi" se gausse le Figaro à propos de la multiplication des visites sur le terrain de François Hollande sur la thématique de l'emploi. Le président socialiste reproduirait-il l'agitation stérile de son prédécesseur ? Selon un sondage de Valeurs actuelles, 84% des Français interrogés pensent que le président Hollande ne pourra pas inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année.

"Dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé" avait lâché comme un aveu d'impuissance François Mitterrand en 1993. Deux décennies plus tard, un autre François se démène pour tenter de freiner une inexorable hausse du nombre de chômeurs (3,27 millions à fin juin). En deçà de 1% de croissance, l'économie détruit des emplois. Or, selon une estimation publiée par la Banque de France ce mercredi, le produit intérieur brut (PIB) progressera de 0,1% au troisième trimestre 2013. Début mai par l'Insee, plus pessimiste, pronostiquait une stagnation au troisième trimestre.

L'Elysée n'ignore pas ces études mais s'acharne à vouloir faire partager le sentiment qu'un frémissement se dessine. Lors d'une visite d'un Pôle emploi à la Roche-sur-Yon, François Hollande a réitéré son optimisme forcené "Pour l'instant, et je suis prudent, ce qu'on a, au plan national et européen, c'est qu'il y a quelque chose qui se passe. C'est fragile, précaire mais il y a quelque chose qui se passe".

L'exécutif cherche à souffler sur les braises de la reprise mais semble disposer de peu de cartouches dans son escarcelle. Le principal outil mis en avant pour tenter de stabiliser la courbe du chômage ce sont les emplois d'avenir, des emplois subventionnés payés au prix fort. La phase d'accélération dans la lutte pour l'emploi se traduit concrètement avant tout sur le terrain par la progression du nombre de contrats d'avenir signés : 8.000 en juin, 11.000 en juillet.
Avec un secteur public condamné à se serrer la ceinture et à réduire ses effectifs, François Hollande a confié mardi à La Roche-sur-Yon que, "Ce qui va être déterminant, c'est un secteur privé plus dynamique".

Il faudra certes au Chef de l'Etat une véritable baraka pour que se confirme le retournement de tendance mais pas seulement. Il lui faudra aussi convaincre les Français que le Château n'est pas dans une position attentiste. En visite au Pôle emploi de la Roche-sur-Yon, le Président de la république a accusé le coup lorsqu'une mère de famille lui a asséné "qu'est-ce que vous pensez faire pour nous ? Pour l'instant, il n'y a rien de concret !" Sourire forcé François Hollande a tourné les talons. Sa causticité légendaire ne lui a été d'aucun secours face à une accusation qui s'ancre progressivement dans les esprits : le président bouge mais n'agit pas.

Autre signe de la tension qui traverse le pays, la présence inattendue d'un comité d'accueil de la manif pour tous venu perturber un déplacement soigneusement choisi puisque se déroulant dans ce qui est quasiment la ville de gauche en Vendée. Leur slogan, "on veut du boulot, pas du mariage homo" fait mouche. Il renvoie à la figure du Chef de l'Etat la difficulté qui consiste à rassembler les Français autour de la lutte pour l'emploi après les avoir divisés avec le mariage homosexuel. Courant avril, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest-France, la lutte contre le chômage était la priorité des priorités pour 4 français sur 5.


Une chômeuse interpelle François Hollande à La... par BFMTV


Lire l'article complet, et les commentaires