François Hollande, président gestionnaire
par Henry Moreigne
vendredi 29 mars 2013
Il y a les présidents visionnaires et les présidents gestionnaires. Au cours d'un entretien avec David Pujadas qui ne restera pas dans les annales, François Hollande s'est revendiqué de la seconde catégorie. Les grandes réformes attendront. Croisant les doigts pour un retour de la croissance, le chef de l'Etat armé de sa "boite à outils" nous promet d'ici là seulement du bricolage et une simplification administrative.
Bof bof bof. La prestation du président de la république a été à l'image de la météo du moment. Déprimante, avec des beaux jours qui se font attendre. D'ici là la ligne directrice reste la même. Des efforts, encore et toujours. Et ce qui ressemble bien, si on veut être objectif, à des reculs sur des acquis sociaux qu'on n'a plus la capacité de se payer. La France ce n'est ni Chypre ni la Grèce mais un paquebot qui, tel le Concordia, continue à flirter avec les rivages dangereux de la dette et de la banqueroute.
A vouloir être le président de tous les français et plus des socialistes, François Hollande dont la côte de popularité est au plus bas, risque de n'être le président de plus personne. Car finalement c'est Mélenchon le terrible qui a, une fois de plus, le mieux croqué le chef de l'Etat.
Interrogé ce matin sur Europe 1, le co-président du Front de gauche a jugé le discours du président trop technique et pas assez ancré dans la réalité quotidienne des Français. "Je l'ai trouvé désincarné, déshumanisé". Qu'incarne effectivement aujourd'hui François Hollande sinon la victoire du clan des gestionnaires, sans couleur et sans saveur, et sans vrai appartenance à une rive politique ?
Le président de la république est-il un simple comptable en chef des caisses de l'Etat limité à distribuer les économies à réaliser ou doit-il être un chef de guerre capable de galvaniser un pays et de l'unir face à l'adversité économique ?
Las François Hollande après Nicolas Sarkozy ne semble pas avoir compris la nécessité de s'entourer d'un gouvernement de combat et d'un Premier ministre de choc. Or, on ne gagne pas une guerre avec une armée mexicaine et un chef de gouvernement sans autorité. Dix mois seulement après son élection, la gauche au pouvoir est tenté par un aveu d'impuissance soit le discours le plus inentendable par les Français. Penser que le pays tiendra dans la configuration actuelle jusqu'à la fin de l'année 2013 et un frémissement de la croissance constitue un pari dangereux.
Hier soir les français attendaient un choc de combativité qui n'a pas eu lieu. Les efforts de pédagogie déployés ne se sont adressés qu'à des observateurs ou des acteurs politiques. Face à un président décidément trop normal les citoyens se sont conduits pour la plupart comme des téléspectateurs normaux. En éteignant la tv ou en changeant de chaîne face à un programme sérieux mais bien trop ennuyeux.