François Hollande refuse la Cour des Comptes

par la-revue.net
lundi 11 janvier 2010

Nicolas Sarkozy, au plus bas dans les sondages, ne pouvait pas manquer un coup d’éclat pour la prochaine nomination du Premier président de la Cour des comptes. Trois jours seulement après le décès de Philippe Seguin, on apprend que François Hollande – Premier secrétaire du Parti Socialiste de 1997 à 2008, actuellement Président du conseil général et député de Corrèze – aurait été pressenti pour le poste.

L’ouverture de Nicolas Sarkozy s’est pour l’instant limitée à quelques personnalités de second rang du Parti Socialiste, vraisemblablement moins déstabilisatrice pour l’opposition que les nominations de Jean-Pierre Soisson et Michel Durafour dans le gouvernement Rocard (1988-1991). Pour François Hollande : « l’ouverture est limitée (...), elle se réduit à des ralliements individuels, certes symboliques, mais isolés (...) la manœuvre électorale est bien menée et le coup bien porté, il déboussole mais ne débouche sur rien ». Mais le Président de la République a toutefois réussi à éloigner un candidat à l’élection présidentielle, Dominique Strauss-Kahn, en encourageant sa nomination au FMI. C’est ,vraisemblablement, le coup le plus dur porté au Parti Socialiste à ce jour.

La possible nomination de François Hollande à la tête de la Cour des comptes par Nicolas Sarkozy ressemble à une nouvelle tentative d’éloignement d’un potentiel prétendant au poste suprême. Dans Droit d’inventaires (Seuil, novembre 2009), François Hollande reste flou quant à ses ambitions présidentielles. De cet ouvrage, les commentateurs n’avaient retenu qu’une seule phrase : « là où je suis, je me prépare » qui semblait sans équivoque. Pourtant, à la question sur sa potentielle candidature, François Hollande avait, quelques lignes auparavant, répondu : « j’aurais mauvaise grâce à m’ajouter à la liste. Elle est si longue. » (p.394).

La rumeur de proposition de Nicolas Sarkozy aura donc au moins eu le mérite d’encourager François Hollande à clarifier ses volontés. Invité ce dimanche sur Europe 1, François Hollande a déclaré que la présidence de la Cour des Comptes n’était pas son « destin » puisqu’il ne s’agit pas d’un poste politique. Comme vous pouvez le constater sur la vidéo ci-dessous, François Hollande annonce qu’il n’est plus « dans les petits rôles, ou dans les personnages secondaires » ce qui semble clarifier ses intentions pour 2012.

 

Issu de la Cour des comptes du fait de son classement (8ème) dans la promotion Voltaire de l’ENA (celle de Dominique de Villepin et Ségolène Royal notamment), François Hollande profite de l’occasion pour adresser un conseil à Nicolas Sarkozy. Selon lui, le poste de Premier président de la Cour des comptes ne devrait pas être confié à un politique mais à un membre de l’institution. « Pour une grande institution indépendante, il est très important que la nomination soit faite avec des règles qui soient celles de la promotion des magistrats de cette institution ».

Dans ce long entretien accordé à Europe 1, l’ancien Premier secrétaire du Parti Socialiste insiste à nouveau sur un point qu’il développe particulièrement dans son ouvrage : la nécessité de prévoir les primaires socialistes rapidement après les régionales. Dans Droit d’inventaires, François Hollande affirme que face à un président « candidat permanent », le P.S. doit rapidement se désigner un leader. « Le mécanisme doit être fixé dans toutes ses modalités au printemps 2010. L’opération lancée à l’automne et, au plus tard début 2011, le candidat désigné. Face à un président sortant qui est d’ores et déjà en lice pour sa reconduction, il n’y a pas de temps à perdre » (p.354).

Toujours en campagne de promotion pour son ouvrage, François Hollande reçoit cette rumeur de nomination comme un beau coup de projecteur présidentiel qui lui permet de préciser ses ambitions politiques. Reste à présent à voir si son influence au sein du Parti Socialiste demeure suffisante pour que les primaires ouvertes soient organisées selon ses souhaits, ce qui serait un véritable frein à la candidature de Dominique Strauss-Kahn, président du FMI jusqu’en 2012.

 


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