Front de Gauche : ça sera Mélenchon !

par Brath-z
lundi 20 juin 2011

Quinze jours après la convention nationale du PCF, les militants communistes à jour de cotisation (soit 69 227 des 138 000 militants revendiqués par la direction du parti) étaient appelés à voter pour se prononcer sur l'orientation adoptée.

Le choix du candidat à l'élection présidentiel était, évidemment, au coeur du vote. Rappelons que les délégués du parti avaient opté à une très large majorité (79,91%) pour la présentation aux militants des trois candidatures maintenues lors de la convention, à savoir celles de Jean-Luc Mélenchon, co-président du PG et député européen, André Chassaigne, membre du PCF et conseiller régional en Auvergne, et Emmanuel Dang Tran, secrétaire de la fédération PCF du quinzième arrondissement de Paris, et ce malgré la "préférence" en faveur du premier affichée par la direction comme par les délégués eux-mêmes (qui avaient voté en sa faveur à 63,6%).

Finalement, sur 69 227 inscrits, 48 636 se sont déplacés pour prendre part au vote, soit une participation de 70,25%, saluée comme une "mobilisation exceptionnelle" par le premier secrétaire du PCF Pierre Laurent. Avec 842 (1,73%) votes blancs ou nuls, se sont finalement 47 789 voix qui ont départagé les candidats en lice.

 

 

Avec 1944 voix, soit 4,07% des suffrages, Emmanuel Dang Tran arrive bon troisième du scrutin. Recueillant de bons résultats dans la Haute-Saone (130 voix sur 198, soit 65,66%), le Tarn (103 voix sur 332, soit 31.02%), l'Aisne (86 voix sur 299, soit 28,76%), le Bas-Rhin (16 voix sur 104, soit 15,38%), le territoire de Belfort (11 voix sur 80, soit 13,75%) et l'Isère (108 voix sur 813, soit 13,28%), il ne dépasse cependant que rarement les 5% de suffrages dans la plupart des fédérations, un résultat qui tranche avec le succès relatif des "orthodoxes" et "communistes identitaires" au 34ème congrès du PCF de 2008, où le texte alternatif 1 « Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme » avait remporté 5 428 voix, soit 15,05% des suffrages, les "listes alternatives" présentées par André Gérin ("orthodoxe") et Nicolas Marchand ("identitaire") réunissant respectivement 10,26% et 5,62% des voix lors de l'élection de la direction.

Avec 17 594 voix, soit 36,82% des suffrages, André Chassaigne ne parvient pas à s'imposer comme candidat du PCF mais confirme l'existence au sein du parti d'une importante minorité favorable à une représentation du Front de Gauche par le PCF lors de l'élection de 2012. Obtenant la majorité absolue dans 17 fédérations (de 80,43% des voix au Puy-de-Dôme à 50,12% en Saône-et-Loire), il dispose de l'avantage de devancer Jean-Luc Mélenchon dans trois des cinq plus importantes fédérations du parti (Nord avec 1563 voix sur 3095 exprimées soit 50.50% des suffrages, Val de Marne avec 1209 voix sur 2370 exprimées soit 51.01% des suffrages, Pas-de-Calais avec 1331 voix sur 1973 exprimées soit 67.46% des suffrages) ainsi que dans le Rhône (642 voix sur 1302, soit 49.31% des suffrages) et la Seine-Maritime (623 voix sur 1257, soit 49,56% des suffrages), respectivement 9ème et 10ème plus importantes fédérations. On peut également noter que les départements de Champagne-Ardenne - l'une des cinq régions ayant rejoint le PS au premier tour lors des régionales de 2010 - ainsi que, dans le Pays de la Loire, les fédérations de Loire-Atlantique, Maine-et-Loire et Mayenne - qui avaient toutes trois refusé en 2010 la stratégie du Front de Gauche pour s'allier directement au PS au premier tour contre l'avis de la convention régionale - et la fédération de Charente-Maritime - qui avait "saboté" la campagne de la liste du Front de Gauche en Poitou-Charente sans pour autant réussir à rejoindre la liste socialiste menée par Ségolène Royal au premier tour - ont voté massivement en sa faveur, embrouillant un peu plus l'interprétation des résultats. En effet, bien qu'il s'inscrive dans le cadre du Front de Gauche, au nom duquel il avait porté avec succès (meilleur résultat de premier tour) la tête de liste en Auvergne, André Chassaigne avait déjà reçu le soutien d'André Gérin, candidat "orthodoxe" qui s'était retiré quelques minutes avant le vote des délégués du partis à la convention nationale des 3, 4 et 5 juin derniers, pour faire échouer de facto le Front de Gauche au profit du PCF "historique". Ce vote majoritaire de fédérations opposées au Front de Gauche pour la raison inverse (un ancrage au PS) laisse supposer un phénomène d'agglomération des différentes oppositions au Front de Gauche autour de la candidature du conseiller régional d'Auvergne.

Enfin, avec 28 251 voix, soit 59,12% des suffrages, Jean-Luc Mélenchon est le très net gagnant du scrutin. Si le résultat obtenu auprès des militants communistes est légérement moindre qu'auprès des délégués il y a deux semaines, ses plus de 22% de suffrages d'avance sur son principal concurrent lui assurent la légitimité de la candidature. Dans 67 fédérations, il obtient la majorité absolue des suffrages (de 87,50 des voix dans l'Yonne à 54,67% dans le Lot-et-Garonne), dépassant les 3/4 des voix dans 24 d'entre elles. Bien que largement dépassé par son concurrent André Chassaigne dans le Nord (où il obtient 1318 voix sur 3095, soit 42,58%) et surtout dans le Pas-de-Calais (où il obtient 574 voix sur 1973, soit 29,09%), respectivement 1ère et 4ème fédérations du parti, il se retrouve au coude-à-coude avec lui dans le Val de Marne (avec 1115 voix sur 2370, soit 47,05%), le Rhône (avec 623 voix sur 1302, soit 47,85%) et la Seine-Maritime (avec 626 voix sur 1257, soit 48.21%), respectivemet 2ème, 9ème et 10ème fédérations du parti. Surtout, le co-président du PG l'emporte largement en Seine-Saint-Denis (1573 voix sur 2016, soit 78,03%), dans les Bouches-du-Rhône (1843 voix sur 2355, soit 78,26%), dans les Hauts-de-Seine (914 voix sur 1396, soit 65,47%), à Paris (761 voix sur 1252, soit 60,78%) et dans la Gironde (534 voix sur 924, soit 57.79%), respectivement 3ème, 5ème, 6ème, 7ème et 8ème fédérations. Réalisant un résultat plus qu'honorable (588 voix sur 827, soit 71,10%) dans l'Essonne, département où il a été élu sénateur à la tête d'une liste de rassemblement de la gauche en 2004, il a obtenu fréquemment la majorité aussi bien dans les "terres de mission" - où le Front de Gauche a largement amélioré les résultats du seul PCF lors des élections régionales de 2010 et surtout cantonnales de 2011 - que dans certains territoires à forte implantation communiste (par exemple en Corse du sud et en Haute-Corse, où il a obtenu respectivement 70,69% et 63,64% des suffrages). Plus étonnants sont ses bons résultats obtenus dans les 5 régions qui avaient refusé la stratégie du Front de Gauche lors des régionales de 2010, ainsi qu'en Picardie - où la dissidence "communiste orthodoxe" menée par Maxime Gremetz en 2010 avait obtenu plus de voix que la liste officielle du Front de Gauche -, dont deux des trois fédérations l'ont placé en tête du vote.

 

Jean-Luc Mélenchon
Le co-président du Parti de Gauche a été élu candidat du PCF, après l’avoir été par le PG et la Gauche Unitaire.

 

En tous cas, l'accord portant sur les élections de 2012 (présidentielle comme législatives) étant maintenant entériné, il reste au Front de Gauche à partir en campagne en s'appuyant sur ses nombreuses ressources, dont les communistes sont l'indéniable atout numéro 1.


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