Fusions des régions : quand Hollande se prend pour un patron peu inspiré

par Laurent Herblay
mercredi 4 juin 2014

C’est fait : à peine 5 mois après l’annonce d’un big bang de notre organisation territoriale, le président de la République vient d’annoncer son premier plan, qui vise à fusionner les régions pour les passer de 22 à 14. Un plan davantage digne d’une entreprise cotée pour augmenter ses profits.

Une proposition effarante
 
La proposition faite par François Hollande ressemble un peu trop au plan que pourrait concocter le comité de direction peu imaginatif d’une entreprise en difficulté qui ne verrait son salut que dans la baisse des coûts, sans proposer la moindre perspective de croissance ou même de remise en question. Pour faire quelques économies, la majorité propose donc de réduire le nombre de régions comme les entreprises fusionnent des départements ou des organisations nationales. Une illustration de plus du naufrage idéologique complet du PS au pouvoir.
 
S’il faut bien reconnaître que la régionalisation, accélérée par ces mêmes socialistes il y a trois décennies a provoqué certains abus et une augmentation sans doute pas totalement justifiée des dépenses des collectivités territoriales, le plan proposé hier n’y répond qu’en surface. Traiter les régions séparément des autres collectivités est une aberration. Pourquoi fusionner les régions ? Et quelles compétences doivent-elles gérer ? Quelle sera l’articulation avec les départements ? Le gouvernement se contente d’afficher de nouvelles cartes pour remplir l’actualité, laissant penser que l’organisation de l’Etat est similaire à celle des entreprises. Quelle défaite de la pensée pour ceux qui ont encore le culot de s’appeler socialistes !
 
Le problème, ce sont les régions

Car la réforme présentée est totalement contradictoire avec la volonté affichée de supprimer les départements. En effet, le fait d’augmenter la taille des régions, et donc d’éloigner plus encore les capitales régionales de leurs administrés, légitime plus encore l’action des départements, qui resteront beaucoup plus proches des besoins locaux qui paraîtront bien petits pour les futurs mastodontes régionaux. Pour l’instant, la disparition des départements reste programmée en 2020 : il en faut du temps pour imaginer comment s’en passer  ! Il faut espérer que d’ici là, nous ferons reculer un gouvernement qui a déjà une bonne pratique de la marche arrière.

Ce faisant, François Hollande passe à côté de ce qu’une bonne réforme territoriale pourrait être : la suppression pure et simple des régions, pour refaire des départements l’échelon principal de notre organisation territoriale, avec les communes, en supprimant les communautés, de manière à supprimer deux couches de notre mille-feuille territorial tout en s’appuyant sur les deux structures les plus anciennes, les plus solides et qui demeurent aujourd’hui les plus importantes. Enfin, difficile de ne pas y voir un outil d’affaiblissement de l’Etat par rapport à l’Europe et un manque de considération caractéristique de l’importance des traditions et de l’histoire.
 
La réforme territoriale aurait mérité un beau débat. Mais après l’échec de la majorité précédente avec le bien mauvais rapport Balladur, la nouvelle majorité semble également devoir se casser les dents. Une nouvelle illustration de la décomposition avancée du PS et de l’UMP.

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