Gaslighting

par olivier cabanel
lundi 23 octobre 2023

J’ai évoqué récemment les manipulations dont se rendent coupables certains de nos dirigeants... allons un peu plus loin en évoquant le gaslighting, autre forme de manipulation.

Ainsi juste après son élection, des observateurs américains ont accusé Trump d’avoir gaslighté tout un pays...on se souvient que le jour de son investiture, il affirmait « qu’il faisait hyper beau, alors qu’il pleuvait à torrent », ainsi que le rappelait Hélène Frappat dans l’émission zoom zoom zen sur France Inter, le 18 octobre, (curseur à 19’ 10’’) ajoutant que l’un des conseillers de Trump avait aimablement fait remarquer à ce moment que « parfois nous pouvons être en désaccord avec les faits ».

Plus tard, l’élu américain n’a cessé de gaslighter les américains, assurant que la confrontation qu’il avait eu avec Poutine avait été en sa faveur, soit l’inverse de la réalité. lien

Nous ne sommes pas mieux lotis en France avec le chef de l’état, et certains de ses ministres, au sujet des violences policières, ainsi que le déclare la même Hélène Frappat, ils sont dans le déni des plus total.

En effet, le même qui, avant son élection avait déclaré : « quand il y a des violences policières sur le terrain on doit donner tout éclaircissement à ces violences »...dira une fois élu : « ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un état de droit »...

il semble que Macron vive dans un déni quasi perpétuel, notamment dans l’affaire nigérienne, affaire pour laquelle il refusait l’option « quitter le Niger avec armes et bagages, ambassadeur y compris », argumentant que ceux qui avaient pris le pouvoir n’étaient pas légitimes…lien

Pourtant, rattrapé par la dure réalité, Macron a finalement du se résoudre à obéir aux injonctions du pouvoir nigérien.

Face à cette situation, l’opposition fait feu de tout bois, accusant le chef de l’état d’être dans un déni de la réalité, et de Ruffin à Panot, en passant par la cheffe du RN, et même à droite, les critiques fusent : Ciotti, patron des LR, n’hésite pas à employer l’adjectif « dérisoire » pour critiquer les mesures de réduction d’impôts : « 2 milliards de réduction d’impôt envers les classes moyennes sur 1500 milliards de prélèvements obligatoires, ce n’est pas ambitieux, mais dérisoire » a-t-il déclaré. lien

Mélenchon juge lui aussi que le président français est « complètement hors de la réalité », et il n’est pas isolé à l’affirmer, puisque Coquerel pense de même : « le chef de l’état est complètement hors sol. Je crois qu’il n’a toujours pas pris la mesure de ce qu’il se passe dans le pays ». lien

Lors du match coupe du monde de rugby au Stade de France, le 9 septembre dernier, c’est à se demander si le président de la République a bien entendu les huées et les sifflets qui ont ponctué son intervention ? Vidéo

Macron s’est donc enfoncé dans une étrange posture, il n’entend pas tout ce qui le dérange, et du mouvement des Gilets Jaunes, aux opposants à la réforme de la retraite, munis de leurs casseroles, il fait semblant de les ignorer. Lien

Le mouvement dure depuis la mi-avril, et il ne semble pas qu’il faiblisse, au vu de ce qui s’est passé au Stade de France, même si le pouvoir a envisagé d’interdire les casserollades. Lien

En attendant, la popularité du chef de l’état a dépassé la cote d’alerte, passant sous la barre des 30 %. lien

L’un des responsables de cette situation n’est-il pas à chercher auprès de nos médias traditionnels, qui, on le sait, sont aujourd’hui pour la plupart sous la coupe de gros milliardaires ?

Ces médias, dans leur grande majorité, jouent un double jeu, en ne voulant pas apparaître comme hostile au pouvoir en place, tout en donnant l’illusion de critiquer les failles du pouvoir.

Ils contribuent donc à laisser planer le doute sur la réalité que s’obstine à défendre le pouvoir, a savoir : « les français finiront par se fatiguer dans leur posture de contestation.. »…

Mais il y a mieux, et il faut écouter attentivement l’analyse objective que fait le patron de Médiapart des médias « traditionnels », rappelant que la manipulation des médias est l’autre arme des puissants : « pendant des années, ils ont changé la vision du monde, et pourtant un journaliste morte une grosse charge sur son dos, celle de donner ou apporter des informations (…) le travail des journalistes n’est pas d’émettre des opinions mais d’apporter la vérité au monde qu’ils se laisse acheter par le plus puissant...on a laissé faire pendant des années le mal qui s’est propagé partout...je dirais que le journaliste est lui même porteur de vérité...l’œil du peuple...sa caméra doit être dirigé vers la vérité... ». lien

Or on le sait, ces médias ont été achetés par les grosses fortunes françaises : ils ont pour nom Drahi, Bolloré, Arnault, Dassault, Pinot, et ces milliardaires peuvent, s’ils le désirent, faire la pluie et le beau temps. On peut prendre comme exemple les 12 millions d’euros de publicité que Bolloré a retiré au Monde pour une enquête qui lui avait déplu sur ses activités africaines, comme l’a dénoncé Tristan Waleckx. lien

comme le disait Albert Camus : « nous mangeons du mensonge à longueur de journée, grâce à une presse qui est la honte de ce pays ».

Mais revenons à Macron. Il fait donc la sourde oreille, et toujours dans sa logique de grand manipulateur, il assure « il faut continuer d’avancer... » et il annone ça régulièrement, malgré le fait qu’il soit minoritaire, et qu’il doive régulièrement en passer par le 49/3 pour imposer ses choix politiques, continuant dans son déni de réalité.

Pour garder un minimum de crédibilité, il doit sans arrêt rester dans le « en même temps », dans une contradiction permanente, comme on le voit encore aujourd’hui face à la situation au moyen orient.

Considérant dès le début du conflit que les palestiniens sont des terroristes, et qu’Israël a raison de se lancer dans une réplique vengeresse, même s’il y a des conséquences dramatiques pour les 2 millions de civils palestiniens, pris au piège dans leur pays...allant jusqu’à faire interdire les manifestations pro-palestine. lien

Sauf que le Conseil d’État a retoqué la décision invoquant globalement « le droit de manifester ».

Récemment, une manif s’est déroulée place de la République, à Paris, et malgré l’interdiction, elle a pu se dérouler normalement, le tribunal l’ayant finalement acceptée.

Devant la fronde menée par une partie des français, et pour justifier sa position, il sort de nouveaux arguments, évoquant le risque d’un conflit qui s’importerait chez nous...et il met un peu d’eau dans son vin en déclarant « tant que les droits des uns et des autres à vivre en paix et en sécurité ne seront pas reconnus, de toute façon ce sera une situation terrible ».

On peut l’écouter ici s’expliquer devant des manifestants, en louvoyant, comme à son habitude.

Il évoque aussi un risque de division... en ne voulant pas accepter une fois de plus que la division est là, et depuis un certain temps.

Alors il appelle à l’unité...derrière lui, évidemment. lien

un seul mot résume tout ça : manipulation.

Et comme dit mon vieil ami africain au sujet des milliardaires grands patrons de presse : « quand on paye l’orchestre, on peut choisir la musique » ...

le dessin illustrant l’article est de Rhodo

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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