Gilets jaunes : Macron totalement hors sujet

par Laurent Herblay
jeudi 29 novembre 2018

Une popularité des gilets jaunes qui progresse à 75%, un gain de 5 points en une semaine. Ce même sondage selon lequel 81% des Français jugent que l’Elysée n’est pas à l’écoute, quand, dans un autre, 76% estiment que les mesures annoncées par Macron sont insuffisantes. Le quinquennat vire de plus en plus au nauffrage populaire, ne conservant qu’un petit réduit de soutiens.

 
Comité Théodule, recettes du passé et refus d’écouter
 
La réponse de Macron aux gilets jaunes est proprement stupéfiante. Comment imaginer une seconde que nommer un Haut Conseil pour le Climat puisse représenter une réponse un tant soit peu pertinente ? Voilà qui ressemble fort à un moyen d’enterrer le problème, dans la plus pure tradition du passé. D’ailleurs, Macron a fait beaucoup de reprises dans ses annonces : un nouveau calendrier de fermeture de centrales nucléaires, sans vraiment être clair sur la stratégie qui permettra de remplacer leur production de base, et un engagement pas très clair d’adapter les taxes aux fluctuations du prix du pétrole, rappelant Jospin, même si le Premier ministre semble exclure toute baisse de taxes.
 
Qui plus est, quelle incohérence d’annoncer une prise en considération de l’évolution du prix de pétrole, tout en se gardant bien d’une quelconque adaptation sur le calendrier de la hausse des taxes, dont la prochaine doit avoir lieu dans un mois… Bien sûr, le président compte probablement sur la récente baisse du prix du pétrole pour compenser la future nouvelle hausse des taxes. Mais pour des gilets jaunes qui ont vu passer le prix du diesel de 1 à 1,5 euros en trois ans, n’était-il pas légitime d’espérer, a minima, un report de la hausse des taxes pour alléger à court terme un prix qu’ils ont bien du mal à payer ? Mais non, la seule chose qu’il promet c’est un report de nouvelles hausses au cas où.
 
Le pari de Macron est triple : d’abord, discréditer les gilets jaunes en les assimilant à l’extrême-droite, comme l’a fait Castaner de manière ultra-caricaturale. Ensuite, il compte faire passer discrètement la prochaine hausse du fait de la forte baisse récente du prix du baril de pétrole. Et enfin, il compte probablement sur l’essoufflement du mouvement, comme avant sur la réforme de la SNCF ou le nouveau démantèlement du droit du travail. Si, malheureusement, cela ne semble pas impossible, ici, il semble qu’un point de rupture ait potentiellement été atteint. Le ras-le-bol a atteint un niveau assez impressionnant, et a minima, Macron pourrait bien être la victime collatérale de ce mouvement.
 
 
La descente aux enfers de Macron est assez impressionnante depuis cinq mois. Si la superficialité de sa pensée était assez évidente et la grossièreté de son comportement largement connue, on pouvait imaginer qu’il serait assez intelligent pour apprendre un minimum de ses erreurs ou prendre la mesure de la fonction. Nous constatons depuis quelques mois que cela n’est pas le cas.

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