Hamon et Mélenchon sont-ils des irresponsables ?

par Fergus
mercredi 22 février 2017

Il semble maintenant clairement acté qu’il n’y aura pas d’accord électoral entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Avec pour conséquence l’élimination inéluctable des deux candidats lors du 1er tour de la présidentielle. Une attitude incompréhensible pour de très nombreux électeurs de gauche...

Incompréhensible et même irresponsable. Car aux yeux de ces électeurs orphelins, en l’état actuel des choses, d’un candidat capable de faire triompher les valeurs de progrès dans le débat présidentiel, ce repli des deux duettistes sur leur pré carré va laisser de facto le champ libre à la droite et favoriser la victoire d’un Fillon ou d’un Macron face à Le Pen. Et cela alors que Hamon et Mélenchon, chacun dans un style différent, se prévalent, la main sur le cœur, du sort des classes populaires au service desquelles ils ont, affirment-ils, placé leur engagement politique.

Comment croire Hamon et Mélenchon alors que leur antagonisme électoral risque fort, pour cause de blocage à bien des égards puéril, de permettre aux tenants du libéralisme décomplexé de continuer à plumer cette volaille populaire qu’ils méprisent et dont le seul intérêt est de produire les richesses dont profite l’oligarchie la plus cynique ? Le « peuple de gauche » a-t-il mérité cette affligeante guerre picrocholine d’ego qui fera roi un Fillon, malgré ses nauséabondes casseroles, ou un Macron, enfant gâté des banques aux allures de trader, qui n’est qu’un clone des libéraux au pouvoir depuis des décennies ?

Est-ce vraiment cela que nous voulons, nous les électeurs de gauche ? Si la réponse est oui, laissons faire et préparons-nous à revivre le 23 avril 2017 un remake du 21 avril 2002. Si la réponse est non, faisons pression avec détermination sur les appareils de la France Insoumise et de l’aile progressiste qui a pris le pouvoir au Parti Socialiste lors de la primaire afin qu’un accord de gouvernement soit trouvé. Une hypothèse qui n’a rien de honteux : lorsqu’on n’est pas suffisamment fort pour faire triompher seul ses idées, c’est au pragmatisme et à l’art du compromis qu’il convient de faire appel.

Fort de ce constat, l’alternative qui est posée à tous ceux qui se revendiquent du « progrès social » – qu’ils soient étiquetés FI ou PS – est la suivante : a) Faut-il, comme le NPA et LO, rester rivés sur un corpus idéologique figé et attendre le « Grand soir » durant des décennies ? b) Faut-il, a contrario, essayer de promouvoir plus de justice sociale dans le pays sur la base d’un compromis de gouvernement avec ceux dont on est le moins éloigné afin de mettre en œuvre, en cas de victoire, une partie des engagements de progrès qu’attendent les classes populaires ?

Beaucoup plus de convergences que de différences

Certes, il y des différences importantes entre le projet de Hamon et celui de Mélenchon, nul ne peut le nier, principalement sur le « revenu universel » et les relations avec l’Union européenne. Mais il y a également des points de convergence – bien plus nombreux – sur lesquels il est possible de bâtir un accord de gouvernement de nature à induire l’adhésion d’un très grand nombre d’électeurs en rupture avec la politique libérale qui a prévalu durant les derniers mandats présidentiels.

Parmi ces points de convergence figurent notamment :

N’y a-t-il pas là matière à se parler et à jeter les bases d’un programme de nature à rendre aux électeurs de gauche l’espoir d’une politique véritablement sociale et non plus subordonnée aux diktats économiques des puissants groupes industriels et financiers ?

À l’évidence oui. Encore faudrait-il que Hamon et Mélenchon placent l’intérêt du peuple français au-dessus de leur pathétique ambition personnelle. En sont-ils capables ? Les récents échanges entre les deux hommes en font malheureusement douter, et c’est consternant !

Hamon et Mélenchon sont-ils des irresponsables ? Réponse dans les prochains jours.

Dernière nouvelle : François Bayrou ne sera pas candidat et propose à Emmanuel Macron d’unir leurs forces, une hypothèse que j’avais évoquée dans un article du 10 janvier intitulé Macron-Bayrou : vers un couplé gagnant ? Dans de telles conditions, il n’y a plus d’autre solution pour les candidats de gauche : soit ils s’unissent eux aussi, soit ils courent au désastre !


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