Hollande a détruit en deux ans, ce qu’il avait construit

par Pelletier Jean
lundi 31 mars 2014

Le président doit être bien amer, l’année 2014 signe la défaite du socialisme municipal. Alors qu’il était Premier secrétaire du PS (de 1997 à 2008) il a multiplié les victoires : cantonales, régionales, sénatoriales, puis bien sûr présidentielles et législatives en 2012. Il avait largement contribué à donner au PS une maitrise absolue de la vie politique de ce pays. C’est un véritable gâchis ! 

François Hollande s’attendait à une défaite, pas nécessairement à une débâcle historique : 68 villes de plus de 30 000 habitants et 155 de plus de 9 000 habitants perdues. Il doit donc faire face à une situation très difficile pour lui. Un remaniement ne sera pas la panacée universelle, quel que soit le 1er ministre et les membres du gouvernement, c’est une ré-écriture complète de ces deux années et demi de pouvoir qu’il devrait entreprendre. Mais est-ce encore possible ?

La presse est unanime, même celle de gauche, le PS est battu et l’UMP peut se prévaloir d’une victoire électorale (enfin…), le Front National fait une percée et accède à ce qui lui a toujours fait défaut : une implantation locale qui lui donnera les moyens d’avancer, hélas, encore plus loin.

Cette défaite est lourde de conséquence, au-delà des villes perdues : la perte du sénat et d’un nombre important de communautés d’agglomérations et surtout, c’est la présidence du Grand Paris qui est hors de portée désormais.

François Hollande a rendu un fier service à Jean-François Copé à la recherche d’une légitimité à la présidence de l’UMP qu’il cherchait en vain jusqu’ici.

Rappelons ici, que ce sont les victoires aux élections régionales qui avaient permis à François Mitterrand d’emporter la présidentielle de 1981 et à Hollande de faire de même en 2012. C’est un retour à la case départ que vient d’opérer le Parti socialiste.

Celui-ci vient d’un seul coup de perdre un réseau de grands élus et les vitrines locales de son action. On l’a bien vu même dans des villes où un travail avait été entrepris, les maires ont été pris au piège de l’effet gouvernemental. Paris y échappe, en même temps, Anne Hidalgo a perdu le 9ième arrondissement et a vu lui échapper le 5ième qui était pourtant à sa portée. Certes Strasbourg, Lille, Metz, Brest, Dijon, Rennes, Lyon, Rouen, Nantes, le Mans, Clermont-Ferrand et Villeneuve-sur-Lot sont restées socialistes.

A noter que si le PS gagne Avignon, Lourdes, Longwy, Douai, Dourdan, Verdun, Saumur et Vire, il voit des dissidents de gauche le battre à Montpellier et La Rochelle. De son côté EELV lui ravit la ville emblématique de Grenoble.

Il offre de belles victoires au Front national : Hénin-Beaumont dès le 1er tour, puis Beaucaire, Fréjus, Le Pontet, Cogolin, Hayange, Mantes-la-Ville, Villers-Cotterêts, le Luc et Béziers.

Privé de tous ses moyens, le Président doit faire face à ses responsabilités. Lui attribuer la seule responsabilité de l’échec serait injuste. Mais sous la Vème république c’est le président qui est responsable.

C’est donc à lui que revient le devoir de reprendre la main, si tenter que cela soit encore possible.

Pourtant, des signaux, il en a eu, le niveau historique de son impopularité aurait du l’amener à réagir plus tôt. L’impérieuse nécessité de reprendre des comptes totalement dégradés par une UMP au pouvoir ne saurait être une excuse.

Force est de constater qu’une forme incroyable d’amateurisme a frappé le PS et ses alliés. Les cafouillages dans la communication se sont multipliés, laissant entendre à l’opinion que le gouvernement ne savait pas où il allait.

Jean-Marc Ayrault s’en était fait l’écho à plusieurs occasions réclamant un gouvernement resserrée, donc plus contrôlable et la vérité sur la situation française. Hollande lui a systématiquement opposé une fin de non recevoir.

Mais qui sont les vrais perdants de cette affaire ? Ce sont les français et plus particulièrement les plus démunis.

Le chômage record limite la marge de manœuvre du gouvernement, ce ne sont pas une augmentation de 50 euros du smic et une légère baisse d’impôt aux ménages les plus pauvre qui feront l’affaire. Le pays est en faillite, Sarkozy y a largement contribué, Hollande n’a encore rien résolu. Les traités européens l’enferment dans une gaine de fer.

Seule une politique courageuse de réformes, bien au-delà de ce qui a été déjà entrepris peut lui permettre de reprendre la main. Mais il lui faudra aussi affirmer son étiquette de gauche pour remobiliser son électorat et redonner espoir aux pauvres, aux exclus, au chômeurs et aux retraités. Certes, seules les entreprises peuvent créer des emplois, mais les attentes de son électorat sont énormes.

Valls, Fabius, ou d’autres à Matignon enverront un premier signal, mais maintenant seuls les résultats compteront.

 


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