Hollande, capitaine qui s’abandonne au milieu de l’océan

par Laurent Herblay
samedi 3 janvier 2015

L’an dernier, il avait placé ses vœux sous le signe d’un cap eurolibéral toujours plus assumé depuis le rapport Gallois, qui ouvrait la voie aux 40 milliards de baisses de cotisations sociales supplémentaires pour les entreprises. Un an après, il se veut combatif et relativement optimiste.

Nouvelle séquence de communication
 
Bien sûr, la communication est nécessaire, pour expliquer son analyse et mettre en perspective son action. Mais ici, les ficelles sont un peu trop grossières pour pouvoir camoufler la superficialité de l’analyse et le fait que le président est balotté par les évènements. L’an dernier il était dans le prolongement de la séquence engagée par le rapport Gallois, à savoir un cap eurolibéral plus assumé et amplifié, qui sera confirmé par le programme de baisse du prix du travail puis la nomination d’Emmanuel Macron au ministère de l’économie. A mi-mandat, il ne peut plus être dans la clarification de sa ligne ou dans son inflexion, il doit avoir des résultats et en leur absence, il se contente d’injonctions.
 
Sur le fond, les vœux 2014 sont placés sous le signe de l’optimisme et de la combativité  : la France est un grand pays qui va s’en sortir, de nombreuses réformes ont été mises en place, bousculant les habitudes. Elles devraient apporter des résultats et donc permettre une amélioration de la situation l’an prochain, même si le président s’est montré prudent du fait des résultats désastreux sur le front de l’emploi. Et sur la forme, il s’est voulu combatif et accessible, employant un langage assez simple. Mais il était étrange qu’il emploie le terme « elle  » pour parler de la France au lieu d’un « nous  » plus logique pour un président, comme s’il n’en faisait pas parti ou qu’elle lui était étrangère. Un choix qui en dit long.
 
Une impasse idéologique

Mais par-delà la forme, ces vœux sont surtout ceux d’un capitaine de bateau perdu sur l’océan, sans boussole ni sextant, balotté par les éléments et se contentant de gérer vague après vague, sans savoir vraiment où il va ni comment y aller. Il se contente de suivre les injonctions de la pensée dominante, que l’on retrouve dans le Monde, qui vante la réforme qui « a au moins conduit à la refonte de la carte de France, en attendant la clarification des compétence des différentes collectivités  ». Le charcutage vaudrait donc par lui-même sans même réorganiser l’organisation du service public !

Finalement, ces vœux sont une nouvelle démonstration de l’impasse complète dans laquelle se trouve le président, dont la politique est en échec complet. Après avoir mis ses pas dans ceux de son prédécesseur pour baisser les déficits, et ayant échoué du fait de l’impact négatif sur la croissance, il mise tout désormais sur la baisse du prix du travail et la libéralisation, dans un agenda plus droitier encore que celui mis en place par Nicolas Sarkozy. Cela ne marche pas mieux car cela pèse également sur la croissance. Ce n’est pas en coupant les budgets ou les prestations sociales que l’on relance la croissance…
 
Ayant renoncé à choisir la route des Français dans l’océan tumultueux de la mondialisation néolibérale, en se contentant de suivre les courants dominants, Hollande en est réduit à espérer une meilleure conjoncture et compter sur les innombrables limites de ses principaux adversaires. Pauvre France.

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