Hollande contre les Républicains : rantanplan contre apprentis communicants libéraux ?

par Laurent Herblay
lundi 17 octobre 2016

Cette semaine a été encore une fois complètement désespérante politiquement. La majorité au pouvoir et les primaires des Républicains nous ont encore infligé un spectacle affligeant entre un débat qui préfère les postures qui suivent le vent au fond et l’excès de communication du président.

 

Communication plutôt réflexion
 
Décidément, François Hollande semble en bien mauvaise posture. Les sondages de Juppé assombrissent plus encore son horizon, outre un bilan calamiteux et une majorité remuante, sur sa gauche, avec Hamon et Montebourg, et sa droite, avec Macron. Mais il semble toujours trouver des moyens d’aller plus bas. D’abord, il y a eu la déclaration faite à Yann Barthès sur la Russie et Poutine, qui a poussé ce dernier à annuler sa visite en France. Mais le fond a été atteint avec le livre de deux journalistes du Monde qui ont eu pas moins de 61 entretiens avec ce président qui aime tant la compagnie des journalistes. Mais outre une gestion étonnante des priorités, le côté voyeur de cette retranscription de propos privés donne un caractère léger à ce président ravalé au rang de commentateur de téléréalité.
 
Le débat de jeudi soir n’a pas été plus réjouissant. Centré sur l’économie, les candidats se sont battus sur des détails, s’alignant très largement sur l’agenda du Medef  : baisse drastique des dépenses publiques, baisse des cotisations sociales et des impôts, remise en cause des 35 heures. La palme revient à NKM, qui veut enterrer le principe de progressivité de l’impôt avec un taux unique d’Impôt sur le revenu, à peine tempéré par un revenu de base. Elle semble même vouloir enterrer le CDI et les droits des travailleurs, sur l’autel d’une modernité fantasmée, fermant complètement les yeux sur la violence des rapports de force que ces choix provoquent, toujours au détriment des plus faibles. Le libre-échange et la monnaie unique ont à peine été effleuré alors que le débat devait être sur l’économie.
 
Après avoir fait assaut de libéralisme austéritaire, le débat s’est conclu sur un volet sécuritaire très convenu. Mais ce qui frappe finalement, c’est que les différences étaient très limitées (même si Frédéric Poisson s’est un peu distingué sur la construction européenne, tout en prônant une constitutionnalisation de l’interdiction des déficits pourtant dans la droite ligne des traités). En fait, chacun jouait, souvent maladroitement, un rôle taillé par des communicants de pacotille, tant les histoires racontées étaient extravagantes. La palme à Bruno Le Maire, l’énarque techno, ancien dircab et ministre qui veut être le porte-drapeau du renouveau. Copé cherchait à faire à Sarkozy ce que ce dernier avait fait à Chirac, mais il n’est pas le seul sur le terrain, et son discours était trop égocentrique et grossier.
 
Fillon tourne définitivement le dos au séguinisme en tenant l’exact discours de ceux auxquels son mentor pensait sans doute quand il dénonçait le « Munich social ». Juppé était très creux, tenant un discours très consensuel et calibré, mais assez superficiel, en pleine balladurisation. Sarkozy, assez nerveux, s’en est tenu à son nouveau créneau d’être le porte-parole de la majorité silencieuse, une droite à peine moins décomplexée que Copé, plus grave, par la grâce de son expérience à l’Elysée. Pas grand chose ne ressort de cette bouillie de la « droite la plus bête », pour reprendre le mot de Paul Krugman qui dénonçait alors la politique de Hollande. Les primaires de la droite et du centre, ce sont sept nuances de la même impasse dans laquelle nos dirigeants ont mis le pays depuis 30 ans.
 

Ce qui est frappant, c’est de voir des hommes politiques qui consacrent toute leur énergie à communiquer, d’une manière aussi gauche et grossière, oubliant que la communication doit se baser sur du fond, et réduisant la politique à un jeu de mauvais acteurs égocentriques et inconséquents, alors que les pays anglo-saxons nous montrent que le débat public peut être tellement plus riche sur le fond.

 


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