Hollande : l’union de la gauche plutôt que le front républicain

par Henry Moreigne
mardi 25 juin 2013

L'acte de décès a été prononcé dimanche soir à Villeneuve-sur-Lot. Le front républicain n'est plus. Renié par l'UMP, stigmatisé par Jean-Luc Mélenchon et enfin lâché par les socialistes. Le front républicain est mort, vive l'union de la gauche. A l'Elysée où on a sorti la calculette on a vite compris que c'est la seule solution pour sauver les abattis d'un maximum d'élus PS lors des prochains scrutins.

Le Figaro rapporte ainsi le propos d'un conseiller de l'Élysée "Ce serait mieux si la gauche s'organisait dès le premier tour. La dynamique du premier tour détermine beaucoup le résultat final". C'est pudiquement dit mais il y a bien le feu au lac à gauche. Le PS a réussi l'exploit de perdre huit élections partielles sur 8 mais plus grave, ses copains de chambrée, écologistes et front de gauche, ne profitent nullement de ce désamour qui sert le FN et le premier parti de France : l'abstention.

Dès lundi, Harlem Désir a ainsi rencontré ses homologues du PCF, Pierre Laurent et d'Europe Écologie-Les Verts, Pascal Durand. Mais ce rassemblement sous la seule bannière de gauche ne se réalisera pas d'un claquement de doigts tant les divergences politiques sont fortes.

Faire du neuf avec du vieux passera peut être par la réalisation d'une sorte de plateforme programmatique, d'un plus petit dénominateur commun, appellation modernisée d'un programme commun du XXIe siècle. Cela suffira-t-il ? C'est peu probable.

C'est omettre le fait que l'effondrement de la gauche est lié à une perte de confiance dans la capacité à offrir une alternative qui ne soit pas que des mots mais qui se traduise dans des résultats concrets au plan économique notamment.

C'est ne pas voir le schisme qui traverse la société française. Avec d'un côté une paupérisation massive des "hors systèmes" broyés par le chômage et de l'autre, des classes moyennes qui rétrécissent et qui doivent faire face à une pression fiscale croissante.

Or, les deux principales causes du déclin des classes moyennes sont le progrès technique et la mondialisation. Deux facteurs anxiogènes qui alimentent un Front National qui apportent des réponses simples et fausses à des enjeux complexes.

Si le FN jouit aujourd'hui d'une banalisation et d'une crédibilité c'est que dans ses propositions économiques, souvent inapplicables, se niche une vérité que les partis classiques ont toujours refusé de reconnaître. La mondialisation profite essentiellement aux classes supérieures alors que les emplois qui autrefois étaient occupés par les classes moyennes ou les petits employés ont été délocalisés dans les pays émergents.

Combattre efficacement le FN passe par la reconnaissance de ce fait. Après et seulement après, sera audible le discours selon lequel une partie de la solution aux difficultés actuelles passe par la nécessité impérieuse de se connecter sur la croissance des pays émergents pour tenter de réindustrialiser notre pays.

Enfin, comment la gauche peut-elle penser reconquérir les cœurs si elle est incapable de proposer une politique fiscale juste, à défaut du grand soir fiscal promis par le candidat Hollande ?

La recherche impérative de nouvelles recettes pour l'Etat a conduit à augmenter davantage la fiscalité pour les classes moyennes que pour les autres. Un effet mécanique terrible en raison du fait que si les faibles revenus sont exemptés des augmentations d'impôts, les hauts revenus disposent eux de la technicité fiscale pour payer très peu sinon rien.

Dans cette société où les réflexes de solidarité se sont émoussés sous les coups de boutoir de l'individualisme et du libéralisme, un fossé s'est creusé entre les classes moyennes en voie de déclassement et aux deux extrêmes ceux qui vivent des revenus de transfert d'une part et, les plus hauts revenus d'autre part. Un fossé source d'amertume et de désenchantement qui ne peut que conduire au pire.

Maintenir ce modèle c'est acter le déclin des classes moyennes et se résigner à voir émerger un nouveau système politique dual, également en forme de sablier. Avec le FN d'un côté et le Front de Gauche de l'autre. Miroir aux allouettes, l'union de la gauche appartient au passé. C'est l'union des réformistes et progressistes qu'il faut réaliser contre la ligue des conservateurs et de tous les conservatismes.


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