Hollande peut dire merci à Depardieu
par jlhuss
mercredi 26 décembre 2012
La polémique incroyable autour de « l’exil » de Gérad Depardieu, batailles féroces sur twitter, ripostes acerbes sur facebook, insanités de Torreton ce conseiller municipal de Paris ayant touché sa large indemnité d’absence réitérée pourrait faire sourire. En fait, au-delà de l’anecdote, cette palinodie incroyable est très représentative de la technique du pouvoir consistant à jeter des leurres en pâture pour masquer les vraies « insuffisances ».
Le leurre est de taille, les 75% sur les revenus supérieurs au million d’euros et dont le pouvoir s’emploie à assurer la promotion pour masquer les réalités. Cette promesse inattendue et très médiatique lors d’un moment « creux » de la campagne de Hollande doit absolument recevoir l’écho maximum et l’affaire Depardieu ne fait que renforcer l’emblème « écran de fumée » On pourrait presque penser que Depardieu est complice ; il n’y avait pas meilleur acteur pour assurer cette « promo »
La mesure est emblématique même si tout le monde sait que sa portée est très restreinte. Elle ne touche pas les revenus du capital, plus-values, dividendes, intérêts, seulement les revenus salariaux. On sait très bien que ce sont pourtant ces "autres types" de revenus qui sont les plus importants et majoritaires pour les plus fortunés. On fait donc croire aux Français, par ailleurs très attachés à faire payer « les plus riches », que la gauche est bien là et qu’ils vont voir ce qu’ils vont voir ces « riches ». Roulements de tambour, trompettes et le « tour » serait joué dans le "sens du poil".
L’important est que les « gogols » soient heureux.
Selon un sondage Ifop pour Le quotidien Le Figaro, 81% des Français estiment que les riches doivent payer plus d’impôts dans le contexte économique que traverse actuellement le pays. Malgré tout, vu l’imposition ponctionnée sur les plus aisés, un Français sur deux (54%) conçoit qu’ils partent vivre à l’étranger. Tiens … Curieux … Ils partiraient alors ?
Chers gogols, réfléchissez un peu. La véritable réforme fiscale aurait pu passer par la complète disparition des « niches fiscales » auxquelles on ne touche qu’à peine : les déductions tous azimuts pourront se poursuivre tranquillement pendant que tout le monde s’écharpe sur Depardieu.
L’imposition à 75% n’a même pas la qualité de rapporter beaucoup au Trésor public ». Au final, cette taxe ne concernera que 1.500 personnes, à peine 0,0042% des 36 millions de foyers fiscaux en France, qui devront s'acquitter d'un montant moyen d'imposition supplémentaire de 139.579 euros. Le rendement de cette "contribution exceptionnelle de solidarité", prévue pour ne durer que deux ans, est estimé à 210 millions d'euros en 2013 et en 2014. C'est à peine 0,28% du total des recettes attendues de l'impôt sur le revenu pour 2013 (72,6 milliards d'euros).
La mise en œuvre par exemple d’une vraie progressivité de l'impôt sur les revenus, en instaurant une sixième et nouvelle tranche au barème, à 50% pour les revenus supérieurs à 500.000 euros par part, eut été nettement plus « juste » et surtout plus rentable.
Ces 75% ne sont donc qu’un rideau de fumée entretenu avec soins pour éviter de parler de ce qui pourrait fâcher vraiment.
François Hollande peut vraiment dire merci à Depardieu. Il n'a plus besoin d'engendrer une grande réforme fiscale de fond, de nombreux Français ne se rendent pas encore bien compte non plus à côté de quoi ils sont passés grâce à Depardieu ; ils devraient lui élever une statue !