Hollande-Tour ou Opération chrysanthèmes ?
par Henry Moreigne
mardi 12 mars 2013
Sortir de sa tour d'ivoire et aller au contact de la vraie France. L'objectif que s'est assigné le président de la République constitue un réflexe politique sanitaire sur le papier. Le format choisi, deux jours, en revanche interroge. Comme si l'exécutif avait du temps à perdre plutôt que de suivre au plus prés les dossiers et d'éviter la cacophonie gouvernementale. Comme si en allant serrer des mains à la louche, le Chef de l'Etat avait fait le choix de la calinothérapie mutuelle de terrain avec des partisans déboussolés, histoire de conjurer les mauvais sondages d'opinion.
Avec Nicolas Sarkozy, les Français ont appris qu'agitation n'est pas action. Las, François Hollande, et ses ministres dont les déplacements se multiplient, laissent penser que l'exécutif n'a pas retenu les leçons d'un passé récent.
Car finalement, c'est un dialogue de sourds qui s'installe entre dirigeants et citoyens. Serrer des mains, multiplier les discours et les visites ne suffit pas à créer du lien, faute d'une vision politique, d'une stratégie et d'un calendrier de mise en œuvre.
Dès lors, le risque est double. Donner le sentiment de monter une "opération chrysanthèmes" c'est-à-dire véhiculer l'image d'un président voyageur mais pas décideur. Un président sympathique, en empathie avec ses concitoyens mais, sans pouvoir sur les cours des choses.
Le deuxième risque, au regard de l'exaspération qui monte dans le pays c'est de faire du président une cible. A l'image de l'interpellation lancée à Dijon par des anonymes : "Monsieur Hollande, elles sont où vos promesses ?", "c'est quand le changement ?" Car la première fois crée l'habitude et, l'altercation même sans gravité de Dijon risque avec l'effet loupe des médias d'en appeler d'autres.
On suivra de près l'analyse que fera l'Elysée à l'issue de ce déplacement. Le pire serait que les conseillers de François Hollande mettent leurs pas dans ceux de Nicolas Sarkozy en renforçant le mauvais côté des choses. Avec des déplacements artificiels dans lesquels les militants seraient mobilisés pour faire la claque. Avec des voyages officiels dans lesquels les forces de l'ordre assureraient un calme illusoire en écartant physiquement les esprits chagrins.
Car ce n'est pas d'une pseudo popularité dont a besoin le chef de l'Etat. C'est d'affirmer son autorité sur le pays et sa capacité à faire des choix, à prendre comme dans l'affaire Malienne, des décisions. Or, l'autorité, le respect, nécessitent éloignement et distance. C'est d'ailleurs, le rôle du protocole.
Arrêtons les des bains de foule trompeurs dans lesquels la principale motivation est de ramener la photo sur son téléphone portable de sa trombine à côté de celle du locataire de l'Elysée. Si le Chef de l'Etat doit aller de temps en temps à la rencontre des Français, il doit surtout multiplier les entretiens avec cette France des corps intermédiaires et de la démocratie sociale qui sont les vrais capteurs du pays.
Si un acteur doit descendre dans l'arène, c'est au parti majoritaire et à ses parlementaires de le faire. Or force est de reconnaître que le PS est aujourd'hui une coquille vide à la dérive qui balance entre caporalisme et vacuité intellectuelle. Si les socialistes veulent aider leur président, qu'ils se mettent au travail en devenant un laboratoire des idées et surtout, qu'ils se transforment en un véritable parti populaire avec une base militante large, représentative de la société.