Icône libertaire malgré elle

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lundi 3 juillet 2017

Simone Veil, entre autres ministre de la Santé de Giscard, première présidente du Parlement Européen (je ne trouve pas cela forcément glorieux) est morte à 89 ans. Elle est saluée partout surtout pour la loi autorisant l'IVG (ou interruption volontaire de grossesse) en France. Elle est devenue une icône féministe et libertaire bien malgré elle. Comme si tout ce petit milieu ultra-libertaire avait encore besoin de figures tutélaires pour justifier sa conception de la sexualité. Quitte pour cela à simplifier à l'extrème ce qu'exprimait ces figures pour s'en servir d'alibi.

Ce n'est pas elle qui est véritablement en cause dans ce texte mais ce que certains font d'elle, se fichant concrètement de la réalité de sa pensée. On ne peut qu'avoir pourtant du respect pour les horreurs de la déportation qu'elle a subies pendant la Seconde Guerre. Elle en retira « de facto » un grand souci de compassion envers les plus faibles...

L'IVG a fini par devenir un droit alors que le but premier de la loi était surtout d'encadrer des cas particuliers d'avortement afin que les femmes et jeunes femmes, des adolescentes pauvres en particulier puissent le faire sans risquer de mourir sous les aiguilles des « faiseuses d'anges ». Pour celles de « bonnes » familles, elles partaient quelques mois se reposer en Suisse ou en Grande Bretagne. C'était une loi de compassion pour des personnes en souffrance et risquant de tout y perdre. Elle a toujours craint sa banalisation. Cela devait rester l'exception ainsi qu'elle le rappelait dans son discours du 26 novembre 1974.

A droite de la droite, on oublie bêtement aussi ce discours pourtant très clair moralement. Parfois elle gagnerait à un peu plus de nuances (ce dont certes la gauche dite morale ou olfactive est encore plus incapable).

L'IVG s'est malgré tout transmué en moyen de contraception un peu extrème en somme selon les souhaits des plus féministes, alors que l'acte en lui-même n'est en rien anodin, ne serait-ce que par ses conséquences psychologiques.

Finalement, les intentions de Simone Veil, sa compassion, tout est nié, bafoué et servent de caution au narcissisme social de quelques nantis...

Je ne veux en rien ici moraliser les femmes, encore moins les condamner. Je songe particulièrement à toi, princesse kabyle, qui y perdit des jumeaux et deux autres enfants et qui ne s'en remit jamais. Toi qui étais une égérie de saint Germain des Prés, tant que tu restais jeune et "fraiche" tu pouvais demeurer insouciante. Il y avait alors toujours quelqu'un pour t'aider à le rester, quitte pour cela à te fournir en divers produits de la pharmacopée moderne plus ou moins légaux. Et puis un jour il n'y eut plus grand monde et tu finis par y perdre la vie presque seule.

Abandonnée de tous ces salopards mondains qui pour tromper leur ennui te faisaient miroiter un avenir radieux...

Quant tu participas à un livre de témoignages avec Lorette Nobécourt, disant la réalité de l'acte sans dramatiser à outrance, ni l'idéaliser, finalement personne ne te lut vraiment ainsi que les autres contributrices. Cela gênait un peu tous ceux qui y voyaient là comme une possible culpabilisation de leurs choix de vie. Rien de pire à leurs yeux, tout comme la maturité. Et puis comme tout le monde un matin dans le miroir ils voient une vieille femme, un vieil homme n'ayant pas fait grand chose de sa vie...

La Simone Veil que d'aucuns veulent absolument faire rentrer au Panthéon n'est pas réelle. Elle n'a jamais existé. Elle n'y serait qu'un reflet flatteur pour ses oligarques, pour les membres de la caste qui savent bien combien ils sont hypocrites au fond.

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

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