Identité nationale : le débat piège-à-cons
par Olivier Bonnet
lundi 2 novembre 2009
Cécile Duflot sans langue de bois
Cécile Duflot, la Secrétaire nationale des Verts, était interrogée sur Canal + par Thierry Ardisson (en vidéo sur Le Post), à propos du débat lancé par le ministre de l’Immigration sur l’identité nationale : "Se préoccuper de ça, c’est très hypocrite. Il s’en fout, en vrai, Besson, de l’identité nationale, il n’en a rien à carrer. C’est de la communication politicienne du moment. (...) La glissade a été sémantique, où l’immigration est devenue un problème. Vous avez tous entendu parler de cette phrase : "le problème de l’immigration". C’est vraiment une façon de se décharger pour certains politiques, en chatouillant les bas instincs d’un certain nombre d’entre nous." De fait, il existe un large consensus sur ce que sont les valeurs de la France - auxquelles la Sarkozie tourne du reste régulièrement le dos : les droits de l’Homme, la générosité, la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité. A quoi bon organiser un grand débat qui ne fera qu’entériner ces points ?
La réponse est double. Il s’agit d’abord d’une diversion : tant qu’on discourt sur l’identité nationale, on n’aborde pas la casse du service public, les dégâts du chômage, de la précarité et de la misère qui progressent, la bouclier fiscal qui exempte les riches de solidarité nationale, la mise à mort progressive de la Sécu pour instaurer un modèle de santé à deux vitesses, l’empilement des lois judiciaires répressives et la surpopulation carcérale qui en résulte, la suppression de postes de fonctionnaires, notamment dans l’Education nationale, la réforme des collectivités et de leurs ressources... Magnifique écran de fumée donc.
Le deuxième intérêt est évidemment de flatter l’électorat lepéniste, qui adore qu’on lui serine à quel point il faut être fier d’être Français et que certains ne sont définitivement pas à leur place chez nous, et que les valeurs de la France ne sont quand même pas celles des bougnoules, faut pas déconner. Sarkozy a enfoncé le clou lui-même : "J’ai été élu pour défendre l’identité nationale française". Réfléchissons une seconde sur cette phrase, sur ce qu’elle signifie et sous-entend. Outre le fait que le président ne puisse absolument pas interpréter le vote qui l’a élu comme motivé par cette raison, si la proposition était vraie, cela voudrait dire que l’identité nationale est menacée, puisqu’il faut élire un chef de l’Etat dont le rôle sera de la défendre... Et qu’est-ce donc qui la menacerait, on vous le donne en mille ? Les hordes d’immigrés mahométans "qui viennent jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes" ! En ce sens, le débat sur l’identité nationale est un piège-à-cons. Devinez qui, au PS, est tombée dedans ?