Il faut sauver le soldat Taubira

par MUSAVULI
mardi 22 mai 2012

Les gens ne sont pas dupes et perçoivent aisément les motivations qui se cachent derrière un acharnement politique. Madame Taubira est devenue la cible d’une certaine droite qui a vendu son âme à l’extrême droite et qui n’a pas fini de couvrir la France de honte. Si l’élection de François Hollande a permis de réduire la portée des propos stigmatisants, le feu du « rejet de l’autre » couve toujours et l’actuel gouvernement, ouvert à la diversité, ne pouvait être du goût de tout le monde. C’est dans cet angle qu’il faut interpréter les attaques, parfois injustifiées, que l’actuelle Garde des Seaux doit déjà endurer, quelques jours seulement depuis sa nomination. 

Il convient de préciser pour commencer que Madame Taubira est une femme politique expérimentée, qu’elle a naturellement des adversaires politiques et que la politique pénale qu’elle entend mettre en œuvre ne fera pas que des heureux. Des oppositions sont à prévoir, voire des contestations comme on en a connu par le passé, ce qui est tout à fait normal dans une démocratie. Il ne s’agit donc pas de plaider pour qu’on la laisse tranquille parce qu’elle serait ce qu’elle est. Il s’agit de dénoncer les attaques qu’elle subit de la part d’individus pour qui la diversité est insupportable et que la République n’a pas à s’ouvrir sur la société française telle qu’elle est.

Un certain discours identitaire a tellement pollué les deux dernières semaines de la campagne présidentielle que c’est avec un ouf de soulagement que la France a salué l’élection de François Hollande. Mais les acquis politiques sont volatiles. Il faut les préserver. Et c’est ce qu’il faut faire maintenant en s’opposant fermement à ceux qui essaient d’abattre la figure de la diversité française dans l’espoir fou de repeindre le gouvernement à l’image d’une certaine identité française.

En effet, on en est à lui attribuer des propos qu’elle n’a jamais tenus et à les diffuser largement. Sans le moindre scrupule. Une campagne de diffamation qui entraîne la politique dans le caniveau, tout ce que les électeurs ont voulu faire oublier en votant comme ils l’ont fait le 06 mai dernier en faveur d’une République « normale ».

Et lorsqu’on n’est pas dans la diffamation, on sait toujours trouver autre chose. Madame Taubira serait une « indépendantiste ». Un vieux passé oublié qu’on ne lui a même pas reproché en 2007 lorsqu’elle s’était présentée à l’élection présidentielle. Une indépendantiste ambitionnant de présider aux destins de la France ? Qui peut sérieusement lui reprocher ce passé lointain ?

Mais lorsqu’on vous cherche des poux dans la tête, on trouve toujours quelque chose. Ainsi Madame Taubira aurait fait adopter une loi qualifiant la Traite négrière de « crime contre l’humanité ». Une loi qui avait suscité des réactions et des cris d’orfraie, mais pas véritablement de contestation sur le font. Car il n’y avait rien d’autre à dire à la place. La loi Taubira ne fait que constater un fait historique. Et ses adversaires ne pourront jamais présenter la Traite négrière comme une mission humanitaire. Non, ce fut un crime contre l’humanité !

On lui retrouve d’autres « péchés impardonnables ». Elle aurait été condamnée aux prud’hommes pour une affaire de licenciement. Franchement, en regardant notre classe politique et les casseroles que traînent les uns et les autres, on se dit qu’il y a mieux ailleurs, pour ceux qui s’intéressent au passé de nos élus.

Dans tous les cas, avant elle, Madame Dati, au même poste, fut confrontée aux attaques parfois personnelles dont la virulence dissimulait à peine l’esprit de ratonnade. Elle a pu tenir deux ans durant grâce au soutien ferme du Président Sarkozy. Mais il fallut un jour qu’elle partît et elle partit du gouvernement.

Le Président Hollande sera-t-il aussi ferme que son prédécesseur ?

  Boniface MUSAVULI


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