« Il manque un Roi à la France »

par Eric de Trévarez
vendredi 10 juillet 2015

Des propos qui ont fait jaser. Lors d’un entretien accordé au magazine 1 et relevé par Le Point, Emmanuel Macron a répondu, "Il manque un roi à la France", au journaliste qui lui demandait, si "la démocratie est forcément déceptive", le ministre, de poursuivre, en expliquant que "la démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même". Selon lui, "dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont (il) pense fondamentalement, que le peuple français n'a pas voulu la mort". Emmanuel Macron a ensuite précisé : "On a essayé ensuite de réinvestir ce vide (...) mais la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide, au coeur de la vie politique. Pourtant, ce qu'on attend du président de la République, c'est qu'il occupe cette fonction. Tout s'est construit sur ce malentendu". 

Tout le problème de la République est là. La France serait, effectivement, à coucher sur le divan de la psychanalyse. D'autant plus, que nous avons eu de très grands rois, mais dans l'ensemble, de petits présidents. Pouvait-il en être autrement, quand cette fonction relève de l'imaginaire, comme l'identité d'ailleurs.

Le général de Gaule qui faisait la même analyse, disait que "dans les grands périls, le secours était dans la grandeur." C'est l'idée de l'appel du 18 juin.

Il nous manque la représentation et son imaginaire, dans le sens du récit et de l'existentialisme philosophique de Sartres, et cette représentation doit être séparée de l'exécutif, comme chez nos voisin. Toutes les monarchies parlementaires, en Europe, fonctionnent, à tout point de vue, y compris démocratiquement parlant, beaucoup mieux que la France ! Imaginez la Belgique, sans l'institution monarchique. Ce pays a réussi a tenir, plus d'un an, sans gouvernement, avec un roi qui n'a, constitutionnellement parlant, aucun pouvoir exécutif, et qui a tout de même mener les affaires courantes de l'Etat. C'est que d'un point de vue psychanalytique, la fonction royale n'est pas la même que la fonction présidentielle.

C'est le constat pragmatique d'un échec, par rapport au discours idéologique républicain, qui nous a promis le paradis sur terre, et une France qui fut grandiose et dont le fauteuil au sommet de l'état, reste vide ! Les Britanniques ont coutume de dire "Si l’Angleterre gagne une bataille, on félicite le Roi, Si l’Angleterre perd une bataille, on change de premier ministre". Tout me semble résumé dans cet aphorisme anglais. La psychanalyse ne déborde jamais sur le politique, et ceci me semble une erreur ! Pensez, François Mitterand à la lumière de la psychanalyse... 

Les français attendent tout de leur Président, c'est à dire d'être à la fois, plus et moins qu'un Roi, ce qui est une position névrotique. Ce tout, non restrictif, relève du rêve et de l'imaginaire, alors que le gouvernement de l'Etat, appartient à la réalité quotidienne, et relève de l'exécutif, c'est à dire du premier ministre et du Parlement. Il faut donc effectivement séparer la représentation de l'exécutif, et chez nous la 4me République a été un échec. Il ne servira, probablement, à rien, de décliner le nombre de Républiques, sur l'ensemble des nombres entiers naturels, comme certains qui préconisent de passer à la 6me République. Avec la maturité des peuples, le culte de la personnalité, normalement s'étiole. C'est ce que l'on observe, dans les Monarchies de nord de l'Europe. Alors, fait place en politique, une certaine sérénité. La nervosité de la Révolution l'a bien montré qui débouchait sur l'Empire, le plus grave défaut, en politique, c'est finalement l'impatience.

Qu'un ministre de la République s'en rende compte et ose le dire, c'est tout à son honneur. Ceci dit, accuser du même coup, Emmanuel Macron, d'être royaliste, montre effectivement la limite et la fiabilité, du débat politique.


Lire l'article complet, et les commentaires