Immigration : Macron fait, encore, du Sarkozy
par Laurent Herblay
lundi 23 septembre 2019
Décidément, il n’y a rien qui ressemble plus au nouveau monde que l’ancien. Après l’avoir conseillé, s’en être inspiré pour son ascension (critique du père politique, stratégie média), et s’être très largement inspiré de ses idées et déclarations, Macron franchit une nouvelle étape en changeant de discours sur l’immigration. Mais comme avec Sarkozy, difficile d’y voir autre chose qu’une posture.
Un nouveau copier-coller grossier
Il n’y a décidément pas grand chose de nouveau avec Macron, qui reprend le pire de tout ce que la France subit depuis des décennies. Difficile de ne pas voir que son numéro de la semaine dernière sur l’immigration n’est qu’un grossier artifice dont le seul objectif est d’assécher tout espace politique entre LREM et le RN et porter un coup final à LR. Le président a affirmé qu’« en prétendant être humaniste, on est parfois trop laxiste », dénonçant la gauche (qui) « n’a pas voulu regarder ce problème pendant des décennies. Les classes populaires ont donc migré vers l’extrême-droite », exhortant ses troupes à ne pas être « un parti bourgeois (…) les bourgeois n’ont pas de problème avec l’immigration ».
En bon sarkozyste, il transgresse et sait créer un événement médiatique par des déclarations chocs, qui focalise une grande partie de l’attention du milieu politique, se plaçant au centre du débat. Bien des médias regardent cela avec complaisance, théorisant la maestria du résidant de l’Elysée, mais je doute que les Français, dont deux tiers s’obstinent à avoir une mauvaise image de Macron, soient convaincus. En effet, la manœuvre est extraordinairement grossière et les ficelles de la communication trop apparentes. On voit comme le nez au milieu de la figure l’objectif d’asphyxier LR en reprenant le discours de la frange pourtant la moins Macron-compatible du parti de Nicolas Sarkozy.
Bien sûr, un tel discours peut renforcer sa position au sein de la bourgeoisie de droite traditionnelle, qui ne goutte guère l’appétance de la bourgeoisie dite bohème pour l’absence de frontières, mais les scores des élections européennes montrent que LREM est déjà devenue, de très loin, le parti de choix de cette partie de la population, comme l’ont montré les scores de l’Ouest parisien. Et au final, le contraste probable entre le discours et les actes, qui ne changeront pas, dans le cadre vicié de l’UE, sera forcément décevant, comme l’avait été Sarkozy. Et il est plus que douteux que le président qui a fait naître les Gilets Jaunes parviennent à reconquérir les classes populaires de la sorte.
Ce ne sont pas quelques déclarations chocs qui filtrent dans la presse qui vont peser bien lourd face au très lourd passif accumulé par le président de l’oligarchie auprès des classes populaires. Au final, cette inflexion ressemble plus à un retranchement et un alignement de la majorité sur une cible électorale de droite plutôt traditionnelle et âgée. Cela présente l’intérêt additionnel de mettre encore plus en difficulté LR, qui perd un des rares angles différenciants avec LREM. Mais tout ceci ressemble tellement aux mauvaises manœuvres politiciennes du passé et a tellement peu de chances d’aboutir à des mesures concrètes qu’il est tout sauf sûr que la majorité présidentielle en sorte gagnante à la fin…
En somme, Macron se complaît dans la copie de Sarkozy. Cette déclaration sur l’immigration complète le parcours politique, les dérapages verbaux, le discours sur l’économie, la communication ou l’écrasement complet de son gouvernement. Pire, l’opposant résolu à Sarkozy que j’ai toujours été en conclus qu’il est encore pire. Espérons que son sort en 2022 suive le même chemin…