Indignez-vous, de préférence pour des broutilles

par LetUsComment
mercredi 10 juin 2015

J’ai assisté médusé à la cabale médiatico-politique du week-end dernier à l’encontre de Manuel Valls, cabale certes on ne peut plus justifiée, mais tout à fait symptomatique du niveau de la politique actuelle ; et si j’ai beaucoup à redire de mes adversaires politiques, j’ai parfois de vertes réprimandes à l’encontre de mes partenaires.

Manuel Valls, comme tout bon politique qui se respecte dans notre démocratie moderne, est le pur produit de ce que fabrique en masse notre république si glorieuse, vantée en toute circonstance. Baigné dans l’argent public depuis toujours, n’ayant jamais eu à compter ni ses sous ni ceux du contribuable, et persuadé que l’argent ne coûte rien tant que c’est l’état qui paie, il a bénéficié de cette manne qui affluent de vos porte-monnaie, pour un usage on ne peut plus personnel. Persuadé que lui et la République se confondent, s’il peut y avoir objet de contestation, on ne peut certainement pas feindre la surprise, et pousser des cris d’orfraie.

Nous savons, de notoriété publique, que nos élus ne sont pas à un usage près de détournement d’argent non pas systématiquement de manière délibérée et cynique, mais par le fait même qu’un homme politique voit une frontière toute relative entre son monde privé et son monde public. Cette frontière relative a un nom : elle s’appelle une bulle. Y vivre est assez plaisant, qu’ils soient de droite ou de gauche.

Si donc cet abus (qui en est un) doit produire un tel tremblement de terre, comment se fait-il qu’on n’atteigne pas des degrés autrement plus ultimes, et plus tapageurs sur bien d’autres sujets :

En réalité, la droite s’indigne sur des broutilles à défaut de se battre pour l’essentiel, ou du moins pour des enjeux qui en valent la peine. Acquise au projet de loi sur le renseignement, inapte à arrêter les pressions grandissantes sur la GPA, acquise à la grande idée de l’Europe - avatar de la petite idée de la France -, peu amène à condamner le collège unique (avec certains collèges plus uniques que d’autres), à abattre la superpuissance des syndicats (dont la légitimité glorieuse et ancestrale devrait être introduite au Panthéon), à contrer les sommations de gauche à penser « juste », à mettre un terme au monopole de la Santé, à défendre les fonctions régaliennes du pays, à étatiser ce qui doit l’être – en recentrant nos pouvoirs délaissés à Bruxelles –, à libéraliser le reste – l’économie et l’activité –, à abattre les dogmes de leurs adversaires, à réhabiliter la défense et la sécurité du territoire, à mettre un terme aux emplois-aidés-contrats-génération-emplois-jeunes-emplois-d’avenir-oui-oui-tout-ça-c’est-pareil-c’est-vous-qui-payez, à optimiser la fonction publique au regard de ses objectifs, qu’elle est même bien en peine de définir, à dénoncer le dogme immobilisateur d’en face, etc.

La droite s’indigne pour 14 000 € d’un billet d’avion. En proportion, c’est comme-ci des parents clouaient au pilori un de leurs enfants qui a piqué un euro dans la caisse familiale. Pour le principe, ça compte. Mais que doit-on alors dire de l’aîné qui pompe tout le fric ?

La droite ne doit pas être le triste reflet de la gauche, en moins idéologique et plus lâche. La droite a des valeurs, des idées, du bon sens, et de nombreux motifs pour s’indigner et pour combattre, de préférence efficacement. Depuis 2012, elle s’oppose médiatiquement pour mieux se coucher politiquement. En rang de bataille, ce ne sont pas des fantassins, ce sont des cors, qui sonnent quand une guêpe les pique. Ils font n’importe quoi car ils ne pensent qu’au pouvoir qu’un Hollande incompétent leur lèguera à sa mort.

Alors de grâce, partisans de droite (et d’ailleurs), indignez-vous, certes, mais avec discernement et intelligence ! 

 

(1) Dont Liberté Sociale, association à laquelle j’appartiens, propose la réforme complète, étudiée et chiffrée, de la Santé jusqu’aux retraites en passant par les mutuelles, et qui accessoirement ne manque que de votre soutien pour poursuivre et faire aboutir son action !


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