Jacques Chirac va-t-il dissoudre l’Assemblée nationale ?

par Le bateleur
vendredi 31 mars 2006

Hypothèse a priori fantaisiste qu’évoque le titre, mais qui ne l’est pourtant pas tant, car l’actuel président de la République a autant de raisons que d’obstacles pour agir comme il l’a fait le 21 avril 1997.

Tout d’abord, du côté de la raison, il serait naturel , et l’on a vu un certain nombre de banderoles le réclamer, que ceux-là mêmes qui ont donné au contrat première embauche sa légitimité, en lui conférant le statut de loi votée, désavoués par les Nombreux, source de leur propre légitimité, se voient retirer leur mandat, dès lors que la plus haute autorité de l’Etat déciderait de "déclasser" un texte honni de tous.

Car il ne faut pas en douter, après le retrait de la loi concernant "les aspects positifs de la colonisation", la mise sous le boisseau du CPE est un coup terrible porté au pouvoir parlementaire en général, et plus précisément à ceux qui en sont les supports humains actuels.

Les députés ont accepté, par vote bloqué certes, mais qui a été confirmé toujours à l’Assemblée par un vote de confiance, ont accepté donc un texte jugé désormais par tous au moins "inapproprié".

Ceci suffirait largement à justifier la dissolution de l’Assemblée nationale, mais il y a d’autres arguments qui vont dans le même sens et dont un certain nombre sont en rapport étroit avec le tandem concerné - Chirac Villepin - et l’extrême tentation que peut représenter pour eux cet ultime coup d’éclat.

Car il s’agirait bien d’un geste en rapport avec l’audace et la bravoure, et qui n’est pas si irrationnel qu’il y paraît - du point de vue des intéressés.

De Villepin est persuadé que le CPE est une bonne chose et plus encore, qu’au fond d’elle-même, la France (voir : "la femme peuple") a besoin d’être un peu "violentée". A partir de cette base d’hypothèses, il n’est pas inconcevable de penser - toujours du point de vue de notre Premier ministre - qu’un sentiment peut se répandre (il existe très fortement chez la plupart des "populaires" de l’UMP) chez une grande majorité de Français, y compris parmi ceux qui sont actuellement "rétifs" à son entreprise. Sentiment qui irait dans le sens du "désir d’un peu de tyrannie" (à l’égard des autres... car il s’agit dans ce cas toujours des autres, qu’il faut "arraisonner" un peu) utile pour remettre la France sur la voie qui doit être la sienne, à savoir celle du succès et de la gloire.

L’un parce qu’il est au terme de sa carrière politique et qu’il lui faut lui offrir une "belle chute", l’autre parce qu’il incarne, autant dans ses aspects positifs que dans ses excès de rudesse, l’esprit de chevalerie, Jacques Chirac et Dominique de Villepin, tous deux ont de bonne raisons pour prendre à contre-pied ceux qui les attendent penauds et meurtris. Et pour couronner le tout, ce pari a une vertu épatante : dans tous les cas de figures, après des législatives anticipées, ce serait la fin des espoirs de celui dont le tandem en question est le pire ennemi et réciproquement.

Luc Comeau-Montasse

du fagot des Nombreux


Un argument contre : cet article, qui pourrait émousser le tranchant de la lame en amortissant l’effet de surprise essentiel à toute contre-attaque "à cheval". Heureusement, le monde des blogs est encore un lieu où l’information n’est pas désinformante, la lumière qu’elle produit n’étant pas suffisante pour modifier les faits observés !


Lire l'article complet, et les commentaires