Je suis abstinent
par Michel DROUET
lundi 17 janvier 2022
Après avoir cessé complètement de fumer en 2007, c’est 10 ans après que je me suis sorti de cette seconde dépendance. De temps en temps, je regarde avec émotion la date de ma dernière prise, le 23 avril 2017, qui figure sur ma carte d’électeur.
Depuis, malgré les sollicitations diverses et variées, voire les insultes, je suis fier de ne pas avoir replongé. Ce n’est pas le vote en lui-même qui me rebute (j’adorerais pouvoir revoter), mais la charge toxique que contient ce passage quasi-obligé par l’isoloir précédé de faux débats, suivi de promesses jamais tenues et la fausse concurrence entre les candidats qui nous resservent depuis plus de vingt ans les mêmes programmes, la même came en quelque sorte, m’en empêche. Avec au final, l’injonction frustrante de voter pour faire barrage….
C’est vrai que la concurrence est rude entre réseaux et le climat ne cesse de se détériorer. Dès qu’un réseau disparaît, que son chef est mis sous bracelet électronique après avoir fait appel, ou incarcéré à la Santé, un autre reprend sa place. Alors, chacun cherche à se singulariser, en mettant en place une nouvelle stratégie marketing et en créant, bien entendu, des « polémiques » qui feront le bonheur de médias peu scrupuleux et peu regardants sur la toxicité et l’origine de la marchandise.
Faute d’avoir des idées originales, les vieux arguments sont recyclés ou enrobés de nouvelles propositions stupéfiantes, sans parler de leur financement. On ressort les vieux nettoyeurs à haute pression ou bien la blouse des écoliers dans l’espoir de faire parler de soi, on invective des médias (et on se fait condamner), on s’en prend aux non vaccinés avec des propos indignes ou bien on relaye leur « combat » qui s’apparente à celui contre la mort dans les services de réanimation.
Comment en est-on arrivé à ce niveau ? Avant, il y a une trentaine d’année, voire plus, les réseaux de vente de ces paradis artificiel étaient bien identifiées entre gauche, droite et centre avec quelques extrêmes aux deux bords et les clients étaient satisfaits. On était capable de reconnaître rien qu’en y goûtant les spécificités du produit vendu : « lutte des classes », « capital », « méli-mélo » « révolution » « immigration » (déjà). Ces réseaux étaient stables. Ils se partageaient des quartiers taillés sur mesure avec la décentralisation employant des apparatchiks revendeurs et des Choufs chargés de faire en sorte que ça dure en protégeant la firme.
Après moult coupages, la mondialisation est passée par là, les ex-réseaux français ont été avalés et sont désormais devenus des filiales de cartels internationaux, basés sur la logique exclusive du profit. Ils vous disent quoi acheter et où, à grands renforts de communication avec vente en ligne et livraison gratuite (sans garantie). Même la politique étrangère s’efface devant les exigences du marché : on vit bien ensemble, en apparence, dès lors qu’on achète ou on vend des armes, par exemple, ou des logiciels de surveillance. Finies les grandes envolées sur les droits de l’homme, on ira tous main dans la main aux J.O. de Pékin et au mondial de foot au Quatar. Nous ne sommes plus identifiés par nos choix politiques, mais intégrés dans le monde idéal de la globalisation et des addictions qui vont avec.
Nous sommes passés de la religion à la mondialisation, nouvel opium du peuple. Il faut consommer, bouffer leurs merdes, jusqu’à ce que la planète tire sa révérence et nous avec.
Alors, quand vous entendrez les revendeurs locaux toquer à votre porte pour vous proposer cette drogue de synthèse frelatée élaborée dans des laboratoires de Davos et de Wall street, fermez leur la porte au nez, préparez une sortie à la campagne (tant que c’est encore gratuit) et laissez votre carte d’électeur là où elle se trouve, en attendant des jours meilleurs.