Jusqu’oł le PS et l’UMP peuvent-ils faire monter le Front National ?

par Laurent Herblay
lundi 14 octobre 2013

Comme le souligne Jack Dion dans Marianne, lors même qu’il fait de la lutte contre le parti de la famille Le Pen sa priorité, le PS a reçu un coup de massue avec la victoire du FN lors de l’élection cantonale partielle de Brignoles. Loin d’affaiblir le Front National, la stratégie du PS et de l’UMP le renforce.

Un profond ras-le-bol
 
Le symbole du ras-le-bol des Français contre les partis qui nous gouvernent depuis quarante ans, c’est sans doute le coup de gueule de cette chômeuse dans Des Paroles et Des Actes, face à Jean-François Copé, qui proposait de réduire les allocations chômage. Après le mandat de Nicolas Sarkozy et le début calamiteux de celui de François Hollande, les Français ne sont plus très loin de vouloir renverser la table et de renvoyer les ambiteux égotiques, déconnectés de la réalité et incapables de trouver des solutions à nos problèmes. Le temps du PS et de l’UMP est peut-être définitivement passé.
 
Avec un discours qui raisonne pour une partie importante de la population, le FN est aujourd’hui le premier réceptacle de cette colère populaire et légitime contre les partis de gouvernement. Et, comme je l’écrivais en 2011, indépendamment de mon jugement sur ce parti, cela est largement compréhensible. Jusqu’à présent, le système fonctionne comme un auto-bloquant puisque depuis 41 ans qu’il existe, ce parti n’a jamais été en position de prendre le pouvoir. Et même s’il devenait le premier parti de France, il est plus que probable que jamais une majorité de Français ne lui confierait le destin de la nation.
 
Bien sûr, les résultats de Brignoles sont significatifs. Mais il faut rappeler ici quelques faits : les 19,2% faits par Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2002, qui se comparent avec les 19% des cantonales de 2011 et les 17,9% de 2012. Certes, un sondage du NouvelObs donne le FN en tête aux élections européennes, avec 24% (avec des limites), mais il faut rappeler que Marine Le Pen avait déjà été créditée de ce score à l’automne 2011. Tout compte fait, je pense que dans le contexte actuel, qui lui extrêmement favorable, ce score reste décevant et démontre qu’il y a un plafond de verre solide, qui sera néanmoins sérieusement testé l’an prochain.
 
Le Parti Socialiste, au-delà du ridicule

Face à cela, l’attitude du Parti Socialiste confine au ridicule. Il est effarant que le député PS Thierry Mandon qualifie le FN de parti « national-fasciste  ». Même si je considère que ce parti est extrémiste, ce serait une insulte aux victimes du fascisme de le qualifier de fasciste. Ce parti a bien des travers, mais il est abusif de faire un parallèle avec les heures les plus sombres de l’histoire de l’Europe au 20ème siècle. L’interview de François Hollande dans le NouvelObs est également calamiteuse et totalement hors sol. Comment oser se présenter comme le candidat anti-austérité avec la politique qu’il mène ?

On hallucine quand le président de la République affirme que « le nationalisme est une tendance née il y a déjà deux décennies ». Une victime du nouveau programme d’histoire ? Il ose même affirmer que « l’Europe est associée, bien à tort, à l’ouverture des frontières ». A force de nier l’évidence, son propos perd tout crédit. Et la disqualification des solutions basées sur un retour des frontières a le crédit d’une personne qui a plongé le pays dans la récession et envoyer des centaines de milliers de personnes au chômage. Et si on ajoute l’indulgence de Christiane Taubira à l’égard des criminels…

La victoire du Front National à Brignoles, dans cette terre électorale historique du parti de la famille Le Pen est logique. Le PS a perdu toute crédibilité et l’UMP semble davantage s’enfoncer que rebondir. Notre pays a toutes les chances d’une véritable révolte démocratique en 2017.


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