L’abstention victorieuse mais ignorée

par Start
lundi 22 mars 2010

Alors que près de la moitié des inscrits se sont abstenus, la gauche affirme sa victoire et la droite refuse de se remettre en question sur fond de remontée du FN. Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

 Les élections régionales s’achèvent sur un constat de décrépitude démocratique : la moitié des inscrits ne se reconnaît en personne. Pire, les principales forces en présence ne font pas le constat de leur échec global à rassembler les électeurs en temps de crise.
 
Martine Aubry et les responsables socialistes proclament une grande victoire pour leur parti. Cependant, dans l’intégralité des régions, plus de gens ont préféré s’abstenir que voter socialiste. Dans quelques régions, les voix additionnées du FN et de l’UMP dépassent le PS. Bref, une fois défalqué les votants d’Europe Ecologie et du Front de Gauche, on peut estimer que le PS est soutenu par 20 à 25% des inscrits. Appeler ceci une victoire est montrer une relation particulière à la réalité.
 
Xavier Bertrand et consorts font eux encore plus fort sur les plateaux télé, reconnaissant qu’ils ont perdu tout en affirmant dans le même temps qu’ils ont sauvé les meubles. Ils entendent le vote des français mais le gouvernement gardera le cap. Leur ligne de défense semble être la crise, contre-laquelle-il-faut-maintenant-s’unir-pour-continuer-les-réformes. C’est le grand écart entre admission de la défaite et refus d’en tirer de quelconques conséquences. Circulez, il n’y a rien à voir.
 
Pour les abstentionnistes, le constat est désormais classique : les politiques sont incapables de se rendre compte que la moitié des inscrits n’ont pas jugé utile ou nécessaire de s’exprimer, et que ceci est un désaveu puissant, au-delà des résultats des uns par rapport aux autres. Cela intervient également dans le contexte de niveaux d’abstention supérieurs à 50% aux européennes, et notre démocratie n’en sort pas grandie.
 
Beaucoup d’électeurs abstentionnistes ne se satisfont pas du statu quo et appellent de leurs voeux une reconnaissance du vote blanc, qui leur permettrait de signifier sans ambiguïté leur rejet des candidats mis en avant par les partis en présence, tout en accomplissant leur devoir démocratique. Si donner une valeur au vote blanc devait par exemple signifier de nouvelles élections en cas de victoire du vote blanc, avec à la clef l’inéligibilité des candidats ayant perdu, ceci permettrait un renouvellement des responsables politiques et éjecterait bon nombre de gens ayant fait de la politique leur carrière.
 
Parions qu’une majorité d’électeurs se déplacerait et irait voter oui à un référendum proposant que le vote blanc trouve enfin une utilité démocratique.
 

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