L’agonie d’un moribond : le FDG

par Ariane Walter
mercredi 9 décembre 2015

 On m’a demandé comment et pourquoi j’étais passée d’une admiration lamartinienne pour Jean-Luc Mélenchon à un rejet catégorique. 

Et certains se demandent pourquoi le FDG n’arrive pas à convaincre les électeurs. Hier un article dans les « Inrockuptibles » nous fournit une explication vaseuse qui n’ose pas appeler un chat, un chat. Le FDG ne serait pas assez à côté du peuple etc…

Non. Le FDG est trop près du PS.

Ce n’est quand même pas difficile à comprendre.

La clique PS insulte la république, la démocratie et quiconque trafique avec cette mafia est aussitôt balancé. Mais Valls à qui on a dû demander de tenir jusqu’à un Big One qui lui permettrait de supprimer les élections et de rester au chaud dans son bureau, viendra sans cesse nous jouer le numéro de l’homme de gauche qui veut faire « barrage au FN. »

Sa politique se résume à ces quatre points :

-Obéir aux injonctions de l’UE, des US et de l’OTAN acquis à la finance, aux lobbys et aux corporations.

-Pomper le peuple autant qu’il est possible.

-Profiter des attentats pour se requinquer, tant et si bien qu’en vertu de la formule « cui bono » , on ne peut manquer de se poser des questions.

-« Faire barrage au FN ».

Ce en quoi, il est en effet très obéi. Ou les gens s’abstiennent ou ils votent FN.

 

Que fait le FDG au coeur de ce mic-mac ingérable ?

Le FDG c’est avant tout le PC. On peut arrêter là la démonstration car le PC n’a pour ambition que de maintenir ses élus. Du côté de la tchatche, on est pour le peuple. Du côté des élections on est avec ceux qui détruisent le peuple.

Ça finit par se voir, « quand même », comme dit La Tremblote, le sergent de la piraterie internationale.

 

Mais faisons un bref historique pour voir comment les meilleures volontés sont émoussées par ce système trop visible.

Car on vit du temps d’internet et le moindre soupir, le moindre pet de travers de nos élus est aussitôt répercuté jusqu’à la planète Mars. Le gars, il n’a pas fini son discours qu’il est déjà la risée de Twitter ! On se souvient d’El Khomri.

 

En 2011, j’ignorais l’existence même de Mélenchon ; une amie me le fait découvrir, la campagne présidentielle venait de commencer et les talents d’orateur, les accents de vérité de son discours, son attaque virulente du PS, dont je découvrais les traîtrises, m’ont donné, pour la première fois de ma vie le goût de la politique. Je me suis inscrite au PG. J’ai tracté et affiché. Je n’étais pas la seule, en France à le découvrir avec espoir. Il a fait une campagne exceptionnelle.

J’étais alors totalement ignorante des accords entre le PC et le PS. Je n’arrivais même pas à imaginer que le PC, qui était le moteur de la campagne de Mélenchon, ce Mélenchon qui incendiait le PS, soit en fait un allié de ce dernier dans les villes et dans tous les conseils.

Situation ingérable, bien évidemment.

J’ignorais également que les partis sont des entreprises, qu’ils ont besoin de subsides pour avancer et que c’est cette faiblesse qui les rend vulnérables. Qui paie ? Etant évident que ceux qui payent ont un droit de regard sur la suite des évènements.

Mélenchon fait ses campagnes grâce à l’argent du PC.
Dès lors, il est leur larbin. On le laisse ramener des voix mais s’il s’excite trop on le calme rapidement. Ainsi, lors des présidentielles, je me suis aperçue que mon admiration pour le brillant orateur, les nombreux articles que j’écrivais pour soutenir sa cause et nous éviter de retomber dans cinq ans de sarkozisme ou de Hollandisme énervaient copieusement des FN et des PS, ce qui était logique, mais surtout des PC. Et là je ne comprenais pas. La raison m’est apparue ultérieurement. Le PC utilisait Mélenchon comme un mercenaire mais voulait les bénefs de la campagne à son usage unique. Par ailleurs, il m’est vite apparu qu’il y avait au PG des taupes du PC qui étaient là pour diriger les évènements dans le sens qui leur était favorable. (Situation avouée par un certain N.U… dans un article.) C’est ainsi que la campagne de Mélenchon qui avait commencé par une attaque virulente de l’UE, du MES et de Hollande, après remarques inquiètes du PC qui voulaient bien taquiner Flamby mais pas trop because l’avenir, choisit tout à coup d’exploser le Pen. Logique aussi, certes, mais la qualité était moindre car, quand on est à ce niveau en politique on sait très bien que le Pen n’est pas plus facho qu’une dinde (ou qu’un Valls) mais qu’il faut chauffer les foules car cette phrase « faire barrage au FN » va devenir la clé de futurs succès.

La première fois que je doutai de Mélenchon fut un jour où je m’aperçus qu’il avait deux réponses aux mêmes questions.…À la fameuse « Pour qui appelleriez-vous à voter au second tour », tantôt il répondait : « Pour personne. Les temps ont changé. Si Hollande veut mes électeurs qu’il vienne le leur demander. » Et tantôt, l’échéance approchant : « Il est évident que nous voterons pour que le parti de gauche qui sera le mieux placé. » Et tout à coup par un miracle à la David Copperfield, le PS devenait un parti de gauche !

C’était inimaginable.

Ce qui arriva.

Mélenchon appela voter contre Sarkozy d’une manière brusque et violente de contremaître qui donne ses ordres. Je digérai tout cela très mal. Et je ne fus pas la seule. Mais cette triste et branquignole épopée ne faisait que commencer.

Je passe sur les expressions que le FDG dut inventer pour expliquer qu’il faisait quand même partie des gagnants : « Nous sommes les ayants-droit de la victoire ! Nous avançons autonomes et conquérants ! » Expressions tarabiscotées qui faisaient soupirer dans les chaumières ! « Autonomes », tu parles et « conquérants », rions. 

Mais Mélenchon avait fait son temps. Il avait été utile au PC. Il ne restait plus qu’à le balancer. Pas trop quand même car il avait des fans et en politique une voix est une voix.

On en vient donc à la fameuse séquence des municipales où Laurent alla voir Hidalgo en lui faisant remarquer que le PC (pardon le FDG) avait plus de voix et qu’il demandait donc davantage de conseillers. Mélenchon prit très mal cette trahison et ne parla pas d’un an au dit Laurent. Pour se rabibocher avec lui quad vinrent les européennes et qu’il eut besoin du PC pour payer sa campagne.

Depuis, chaque fois qu’il en a l’occasion, il appelle au pardon chrétien ! On ne va quand même pas bouder ce pauvre Laurent pendant des années !!

Ben si. Et toi avec.

 

Mélenchon aurait-il pu quitter le PC et sortir du FDG ?

Non et pour plusieurs raisons.

-L’une d’elles est donc qu’il dépend financièrement de ce parrain.

-Une autre est qu’il est de gauche et que la sainte gauche que toute étude un peu approfondie découvre dans un pourrissement fatal depuis, par exemple, que Mitterrand donna tout pouvoir à Delors de vendre l’Europe aux multinationales, est un groupe qui ment au peuple pour mieux bouffer le peuple et en donner la substantifique moelle au capital.

-Un jour, interviewé au salon du Bourget, Mélenchon déclara qu’il voyageait en classe affaire car à son âge il n’allait pas se briser les reins en classe touriste !!!!!!! Voilà une troisième raison. Quand on a des habitudes de confort tous frais payés par papa Laurent et maman Buffet, on ne va pas partir à l’aventure. Il l’avait fait une fois, il n’allait pas recommencer.

-Cette situation explique donc ses engagements louvoyants. Homme d’une grande force, d’un admirable talent quand il prend la parole, il est en fait faible à ses alliés qui en font ce qu’ils veulent. Autour de lui, un groupe qui veut faire carrière en politique et qui n’a pas envie qu’on leur gâche le turbin en allant se fâcher avec le PS.

 

 En fait Mélenchon n’avait pas le choix. Il lui fallait rompre avec le PC. D’une part parce que bien des Français se méfient de tout ce qui est « communiste », redoutent ce nom et ce parti qui, jamais ne fera plus que 3%. A cause de son nom et de son histoire. Vous ne voulez pas le comprendre, ma foi, tant pis pour vous. On me l’a dit à maintes reprises : « Pas les communistes ! » Et quand j’ai vu comment j’ai été traitée par les dits communistes après avoir dénoncé les magouilles de Laurent, j’avoue que je dis moi aussi : « Pas les communistes ! »

Il lui fallait quitter le PC parce qu’il est jalousé par Chassaigne qui l’a copieusement démoli et par Laurent qui a quand même fini par avoir sa peau car il a été expédié hors parti pour fonder cette fumeuse histoire de M6R dont on n’entend plus parler. (Mais c’était pour amuser les fans de Mélenchon .)

 

Et l’on en vient aux évènements actuels.

Ainsi donc depuis trois ans, le PS a tombé le masque. C’est un parti plus qu’à droite au service de l’idéologie des banques et des corporations. Un immense danger pour la démocratie. La famille Le Pen, à côté est du style Chihuahua.

Si Mélenchon avait quitté le PC, s’il avait refusé le moindre contact avec cette gauche là, il serait à la tête d’un mouvement qui aurait mené vers lui, tous ceux qui s’abstiennent.

Mais plus assez jeune pour ça et surtout trop père Goriot qui se sacrifie pour les jeunes qui bossent pour lui et qui ont besoin de leurs salaires d’élus !

 

Pourquoi Mélenchon et le PG ne récupèrent pas des voix ?

Parce qu’alors que Le Pen dénonce l’UMPS, Mélenchon et le FDG le pratiquent.

Et le temps n‘est plus des électeurs qui ne pigent rien à rien. Ils ont tout compris. Et l’UE, et TAFTA, et Daech. Ils savent tout. Ainsi la loi 622 du 3 décembre signée Bartolone qui refuse de faire une enquête pour voir si des boîtes française bossent pour Daech !!!

Alors, c’est vrai, cela fait du bien de temps en temps d’entendre Mélenchon défendre une bonne cause.

Comme cela fait du mal de le voir tout à coup revenir vers la gamelle quand vient l’heure du repas. La main qui le nourrit n’est pas propre.

 

Ceci dit, c’est le système qui est nuisible. Je suis de l’avis de Chouard qui répète que n’importe qui, son élection dépendant d’accords plus ou moins acceptables, serait tout aussi faible qu’eux. Votons pour des lois. Ne votons pas pour des hommes qui, pour être élus, doivent être financièrement soutenus par ceux qui veulent défendre leurs intérêts et sûrement pas ceux d’un peuple qui n’est que leur bétail.

 

Résumons-nous : Les Français ne votent pas pour le FDG car le PC leur fout les chocottes, car le PS, comme l’UMP(LR) ne sait absolument pas gérer un État et appartient à ceux qui les saignent.

Restent les chihuahuas qu’on veut nous faire prendre pour des pitbulls. Certes, ça fait quand même des dégâts, ces petites bêtes, mais pour faire plus de dégâts que le PS en 4 ans, il faut être très , très , très fort !!! Et je doute que Le Pen soit à la hauteur de ce pari !!

 

Aujourd’hui mercredi, Mélenchon va mettre un mot sur son blog pour expliquer sa position face au second tour des régionales. J’attends ce numéro d’équilibriste. « The wall » n’est pas loin !


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