L’Allemagne nous surprend encore !

par Pelletier Jean
mardi 17 décembre 2013

Alors qu’après un long processus de négociation et de consultation des militants, Mme Merkel s’est enfin entendue avec le SPD pour diriger un vaste gouvernement de coalition. Elle vient d’être adoubée par le parlement pour un Merkel III. C’était sans compter avec les « agilités » spécifiques à la culture politique allemande : les verts entrent aussi au gouvernement !

Donc, aujourd’hui mardi, le troisième gouvernement dirigé par Angela Merkel entre en fonction. C’est sans surprise que celui se compose de ministres issus de la CDU (parti de Mme Merkel, largement en tête aux dernières élections, mais minoritaire au parlement), de la CSU bavaroise, alliée traditionnelle de la CDU et donc, puisque coalition il y a, de représentants du parti social-démocrate (PSD), théoriquement opposé à la CDU.

Dans ce contexte de large coalition il ne restait plus au Bundestag que Die linke et les Verts pour représenter l’opposition à ce troisième gouvernement de Mme Merkel. C’est ce que l’on croyait, jusqu’à ce que Sigmar Gabriel, président du PSD propose dans le cadre des postes qu’il avait négociés avec Angela Merkel, trois postes de secrétaire d’Etat à d’importantes personnalités des Verts.

Ainsi Rainer Baake, a accepté le poste de secrétaire d’état chargé de la politique énergétique, rattaché au ministre de l’économie et de l’énergie (poste occupé justement par Sigmar Gabriel lui-même). Rainer Baake est une personnalité très connue qui travaille depuis plus de vingt ans dans les milieux en charge de l’environnement. Il a déjà occupé le poste de 1998 à 2005 auprès de Jürgen Trittin (Verts).

Jochen Flasbarth a été nommé secrétaire d’état auprès de la ministre de l’environnement, Barbara Hendricks (SPD). Jusqu’alors il occupait le poste depuis 2009 de président de l’administration chargée de la protection de l’environnement.

Enfin Gert Billen a accepté, de son côté, le poste de secrétaire d’Etat à la consommation, rattaché au ministre de la Justice Heiko Mass (SPD), obtenant la configuration gouvernementale pour laquelle il plaide depuis des années…

Ce n’est pas la première fois que les Verts participent avec la CDU à des gouvernements locaux : la Hesse (très récemment), Hambourg etc.. Cette aptitude à des alliances des contraires, typiquement allemande, nous laisse un peu pantois en France. Pourtant…. La stabilité des institutions allemandes autorise ces situations.

Certes Mme Merkel ne pourra guère aller au-delà de la moitié de son mandat. Les nouvelles élections approchant, les rivalités reprendront le dessus, mais cela laisse toute de même de deux à trois ans à ce gouvernement pour agir. Sachant que le compromis signé, c’est tout de même l’instauration d’un salaire minimum obligatoire que Mme Merkel va bien devoir mettre en place, entre autres mesures imposées par le SPD. La présence de trois ministres verts de dernières minutes pèsera sans doute aussi sur les orientations en matière environnementale. Bref, sous réserve d’inventaires de ce qui sera réellement réalisé, ce n’est pas si mal comme approche réformatrice : le consensus !


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