L’Alliance de J-L Borloo : un non évènement. La trouille des sortants
par Renaud Bouchard
mercredi 29 juin 2011
Jean-Louis Borloo a donc lancé dimanche 26 juin 2011 une nouvelle "Alliance" fusionnant plusieurs petits partis centristes, et annoncé qu'il se prononcerait d'ici l'automne sur son éventuelle candidature. Pour les dirigeants de la majorité, une telle initiative est susceptible d'affaiblir Nicolas Sarkozy parce qu’elle poserait le risque d'une élimination du président sortant par l'extrême droite dès le premier tour. L’analyse est erronée.
Erronée car ce n’est pas l’extrême droite qui constitue le risque d’une élimination du président sortant dès le premier tour de la consultation électorale, mais tout simplement l’immense majorité qui est apparue au lendemain des élections régionales, voici un an, et qui a parfaitement suivi et compris la marche du monde et le futur que ses dirigeants lui réservent.
Comme je l'ai expliqué le 24 mars 2010 sur Agoravox, au lendemain des élections régionales, un nouveau parti politique est né : la Grande Alliance.
J’ai été le premier à parler de la Grande Alliance, de ce nouveau parti politique, identifié, et aux contours et à la composition de plus en plus précis.
Un parti dont la spécificité tient au fait qu’il compte 21 148 548 membres face à 22 206 420 votants qui ont exprimé 21 192 866 suffrages sur 43 354 968 électeurs inscrits.
Un parti qui est effectivement celui de « l’émeute silencieuse », comme l’écrit Pierre Bourdieu, repris en cela par Henry Lauret dans le numéro de l’hebdomadaire le nouvel Economiste, daté du jeudi 18 mars 2010.
Un parti qui est celui des 21 148 548 abstentionnistes (48,78% des électeurs inscrits), nombre qui ramène à sa véritable dimension le résultat du scrutin du 21 mars 2010 : une disqualification des formations en place.
Un parti qui est d'autant plus un parti politique bien réel, conscient de son existence, qu'il a trouvé sa légitimité dans une prise de conscience qui traverse désormais nombre de pays européens dont une majeure partie des citoyens a parfaitement compris qu'au-delà de la simple indignation il y avait désormais urgence à agir et à prendre son destin en main face au désastre économique et financier qui touche toutes les composantes de la société.
Un parti qui, face à la perte de légitimité des éternelles formations dites de droite et de gauche, a clairement manifesté son intention de ne pas leur donner un chèque en blanc pour l’avenir, voire même aucun chèque.
Ce parti, qui a dégagé l’horizon électoral, a aussi ouvert un immense boulevard politique à celui qui invite désormais tous ceux qui s’y reconnaissent à l’accompagner, c'est-à-dire tous ceux qui - au nombre de 21 148 548 électeurs - sans oublier les 1 013 554 bulletins blancs ou nuls - ne se retrouvent plus dans cette dichotomie politique désormais obsolète ; tous ceux qui ont aujourd’hui la volonté de choisir un homme capable d’offrir quelque chose de résolument nouveau, de résolument moderne, en prise sur la réalité.
Tous ceux comme les quelque cent mille jeunes supplémentaires qui chaque année arriveront sur le marché du travail et ce jusqu’en 2025 et qui devront prendre leur place dans la société.
Tous ceux qui se croient encore « à l’abri » mais qui découvrent en réalité leur glissement vers la masse de ces huit millions de personnes qui sont en France en situation de pauvreté monétaire et qui « n’y arrivent pas, ou n’y arrivent plus ». (Voir en ce sens : Louis Chauvel, Les classes moyennes à la dérive, La République des idées / Seuil, 2006, ISBN 2.02.089244.8, 10,50 €. Voir un résumé de l’ouvrage sur : http://www.repid.com/Les-classes-moyennes-a-la-derive.html
Tous ceux qui ont réellement besoin d’une véritable hausse de leur fiche de paie quand ils en ont encore une.
Tous ceux qui ont tout simplement envie de vivre décemment, correctement, dans un pays qui est le leur, qu’ils aiment, qu'ils veulent rendre fort et prospère et dont ils ont la volonté de l'inscrire dans la marche du monde.
Cette Grande Alliance est donc ce parti qui sera capable de transcender les aspirations de chacun dans une forme politique nouvelle, décloisonnée, inédite, en prise sur le XXI è siècle, véritable biodiversité sociale, culturelle, économique, politique, en phase avec les aspirations d’un « travailler mieux pour vivre mieux » plutôt que celles d’un autre slogan irrémédiablement failli.
Cette Grande Alliance est ce parti dont la vocation est de transcender les vieilles cultures politiques disqualifiées par la stérilité des jeux de pouvoirs et de mettre en place une nouvelle société construite sur des choix humains qui élimineront les orientations industrielles et économiques mortifères.
Voyez comme la blogosphère étincelle de millions de commentaires qui décrivent ce monde en devenir, un monde dont les dirigeants actuels ne peuvent pas ne pas voir les transformations profondes et irréversibles. Tectonique politique, économique et sociale, des révolutions arabes aux démocraties qui naissent dans la douleur, réfléchissent à leur destinée et tentent de se recomposer en de multiples interrogations de part et d’autre de la Méditerranée, en Afrique, en Europe, en Asie, dans les Amériques, l’accélération de cette nouvelle Grande Transformation laisse derrière elle les vestiges dinosauriens d’élites totalement déconnectées des préoccupations et aspirations citoyennes et qui se cramponnent de manière pathétique à des structures et des institutions obsolètes, s’essayant vainement à surmonter le bruit de ces craquements qu’ils n’ont pas plus vu venir qu’ils n’en ont compris les causes. Crise systémique globale, catastrophes nucléaires, jeux politiques éreintés, personnel politique hors d’âge, autant d’ingrédients qui me conduisent à entrer en lice.
« Il faut être absolument moderne » disait Rimbaud. L’élection présidentielle de 2012 constitue une extraordinaire occasion d’opérer une purge générale dans des institutions et des acteurs politiques qui ont fait leur temps, ces vieilles lunes descendantes, momies politiques qu’il convient désormais de mettre sous globe au Musée des Antiquités. Il faut aujourd’hui en appeler à un président de haut parage, un président de combat, un président visionnaire, sûr de lui, moderne. Sur tous ces points, soyez-en sûrs, ma détermination est ferme. Faites de votre vie un rêve et de votre rêve une réalité ! Investissez dans l’avenir ! Dans le neuf ! Dans le dynamisme et l’énergie ! Rejoignez-moi avec La Grande Alliance.
« …C'étaient de très grandes forces en croissance sur toutes pistes de ce monde, et qui prenaient source plus haute qu'en nos chants, (...) - ô monde entier des choses - »
Saint-John Perse, « Vents », Paris, NRF Gallimard, 1960