L’ambition de Mélenchon
par La Politique et moi
vendredi 3 juillet 2009
Lors sa chronique politique quotidienne, Claude Askolovitch a évoqué le 1er juillet sur Europe 1 la rencontre entre le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon et le NPA d’Olivier Besancenot survenue le 30 juin dernier. Cette confrontation s’est conclue par la signature d’une déclaration commune, disponible entre autres sur le blog de Jean-Luc Mélenchon tout comme sur le site de son parti.
Sur la forme, la déclaration reste plutôt brouillonne : dès son lancement, elle semble ainsi évoquer de manière plutôt maladroite le "siège" de Jean-Luc Mélenchon - alors que c’est celui de son parti qui semble être plus concerné par le lieu de la rencontre. Nous nous dispenserons donc de filer un quiproquo géographique embarrassant, n’en déplaise à Rika Zaraï et à ses célèbres bains.
"La rencontre des délégations du NPA et du Parti de Gauche respectivement conduites par Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon qui a eu lieu le 30 juin au siège de ce dernier a donné lieu à la déclaration commune suivante".
La déclaration est d’autre part jalonnée de fautes d’orthographe assez grossières : "quelques soient par ailleurs" au lieu de "quelles que soient par ailleurs" ; "cette abstention est certes lié" au lieu de "certes liée". Ne voir dans cette précipitation qu’un enthousiasme réformateur serait réducteur : il s’agit aussi malgré tout d’un amateurisme révélateur du climat qui secoue la gauche et l’extrême gauche à l’heure actuelle. A condition toutefois de ne pas entendre "amateurisme" au sens dilettante du terme, mais bien plutôt au sens d’initiateur, fondateur.
Car les lignes bougent, comme aime à le répéter Jean-Luc Mélenchon. Le PS étouffe sous le poids de ses egos présidentiables et de ses contradictions internes. Le MoDem agonise avec la crédibilité de son président. Quant au NPA, titillé dangereusement par le résultat du Front de Gauche initié par Jean-Luc Mélenchon aux élections européennes, il commence à regarder avec moins d’arrogance ce nouveau-né gargantuesque qui s’attache avec la tendresse d’un Docteur Frankenstein à ressusciter le Parti Communiste.
Une question reste cependant posée : certes, en sortant du PS pour se décaler vers la gauche, Jean-Luc Mélenchon a commis un acte libérateur, susceptible d’exorciser les frustrations passées dans un joyeux dégueulis de couleuvres ; mais n’a-t-il pas seulement déplacé ainsi le problème ? Quand le PS s’avoue pris en tenailles entre un MoDem social-démocrate et une extrême-gauche révolutionnaire, le Parti de Gauche ne doit-il pas composer aussi avec un PS social-démocrate et un NPA révolutionnaire ? Et n’est-ce pas sur ce dilemme que le PC se cassa les dents ?
Le ton du futur ex-sénateur de l’Essonne, sa verve et son affirmation de convictions solidement ancrées tendent à suggérer qu’il est de nature à construire de toutes pièces une cohérence élargie autour de son nouveau parti. Si c’est le cas, et si la crise s’enlise, 2012 risque fort d’être, pour lui, l’année de la consécration.