L’avenir de la gauche
par Tonton
vendredi 25 mai 2007
Ce
qui m’inspire en cette belle journée de printemps, c’est la façon dont
la gauche va se recomposer après la "défaite, débâcle ou déroute", en
tout cas déculottée qu’elle va prendre aux élections législatives. De
quels bourgeons va se parer la rose, ses pétales seront-ils plus
rouges, plus roses, ou plus oranges (car il n’y a pas de rose verte,
l’environnement n’est ni de gauche, ni de droite) ? C’est dans ces
alliances que la gauche moderne va naître - ou non - dans les prochains
mois.
Le
Parti socialiste, ou ce qu’il en restera, aura des choix historiques à
faire. Il semble acquis que François Hollande devra partir et le
nouveau - ou la nouvelle - Premier(e) Secrétaire aura en charge la
refondation du parti, et par la même occasion, l’avenir de la gauche en
France pour de nombreuses années.
Il
me semble important de souligner que pour effectuer cette refondation,
il va falloir effectuer (enfin !) des choix clairs et assumés, les
expliquer et ne pas se contenter de démagogie populiste, et de
synthèses artificielles. Il faut préparer un projet de société bien
différent de ce qui a été proposé par la gauche depuis plus de vingt ans,
un projet aussi fort que celui qui m’a permis d’accéder au pouvoir en
1981.
Si
j’ai pu entrainer des millions de Français derrière ce rêve de "changer
la vie", ce n’est pas sur du vide, mais bel et bien sur des idéaux de
société. D’ailleurs et à bien des égards, je pense qu’effectivement, la
vie des Français a été profondément modifiée sous ma présidence. De
l’abolition de la peine de mort à la construction européenne, en
passant par la libération du paysage audiovisuel français, la France
est entrée dans la modernité de toutes ses forces, quand mon
prédécesseur n’avait fait au mieux que préparer les évolutions
inéluctables d’une société qui aspirait au changement.
Mais
le projet à lui seul ne suffit pas, il faut quelqu’un qui le représente
et sache l’incarner de façon authentique, un leader charismatique, tel
que Nicolas Sarkozy l’a été pour la droite, un homme ou une femme qui
sache décomplexer la gauche, notamment face aux réussites de Tony Blair
ou des systèmes nordiques. J’entends Laurent Fabius utiliser ce vocable
de "gauche décomplexée", et je pense qu’il a raison. Malheureusement,
en continuant de prôner une alliance avec l’extrême gauche alors que
cette dernière est quasi morte, il se trompe de combat. On ne pourra
refonder une gauche moderne que par une acceptation plus grande du
libéralisme économique, quitte à s’allier avec le Modem de François
Bayrou. La grande coalition, dite "à l’italienne" est par nature
condamnée à l’échec ! La LCR et LO ne sont pas des partis de
gouvernement ! Fabius affirme que c’est ce que Sarkozy a fait avec la
droite alors que c’est faux, il n’a pas eu besoin d’embrasser le FN
pour le terrasser !
Il
y a plusieurs lignes aujourd’hui, mais peu de gens ont la légitimité
pour porter une telle refondation... Ségolène Royal paraît à première
vue la mieux placée pour effectuer ce travail. Je crois pourtant
qu’elle n’est pas une bonne solution car elle est source de confusions.
Sa ligne économiquement loin d’être claire, dans son grand écart pour
satisfaire tout le monde. Elle penche aussi clairement à droite en
matière de morale (beaucoup n’ont pas oublié qu’elle a voulu faire
interdire les strings à l’école et a rendu les voyages scolaires quasi
impossibles à force de rêglementations stupides sur le nombre
d’accompagnateurs adultes). Pourtant, elle risque malheureusement
d’être à nouveau investie en 2012 si Dominique Strauss-Kahn ne réussit
pas à s’allier à Laurent Fabius pour prôner une alternative à une
fausse bonne solution...
Alors
il y aura tous ceux qui, comme Arnaud Montebourg, l’auteur du second
blog que je combats depuis le début, chercheront à illusionner le
peuple de gauche, et lui faire croire que l’avenir est dans les
vieilles recette éculées : lutte dépassée contre la droite même quand
elle fait des bonnes choses, ligne "à gauche toute", attaque tout
azimuts contre le nouveau gouvernement dans l’espoir de le faire
échouer (où est l’esprit de responsabilité que devrait avoir tout homme
politique ?)...
Il
me semble important de souhaiter, même lorsqu’on n’a pas voté pour lui,
que Nicolas Sarkozy réussisse à réformer la France, et bien qu’en ayant
une vigilance de tous les instants vis-à-vis de ses choix politiques,
lui laisser au moins le bénéfice du doute. Les plus courageux, Bernard
Kouchner, Jean-Pierre Jouyet, Martin Hirsch l’ont rejoint pour se
retrousser les manches et donner l’image d’une France unie autour
d’un objectif : remettre la France en marche, au niveau national par la
solidarité pour le dernier, la faire revenir en Europe pour Jouyet, et
lui redonner une voix propre à être entendue dans le monde entier pour
Bernard Kouchner. Il sera toujours temps pour eux de démissionner si le
nouvel élu venait à faire des erreurs trop grandes, ou si en toute
conscience, ils estiment ne pas pouvoir travailler avec cet homme
d’action. En attendant, il faut, à gauche, faire ce qui n’a pas été fait
depuis toutes ces années : travailler à un projet de société pour la
gauche du XXIe siècle. Un des hommes les plus éclairés pour aider la
gauche à trouver ces fameuses idées est Jacques Attali qui, par sa
destinée exemplaire, arrive à montrer la voie, à l’aide d’exemples
simples comme le microcrédit, de ce que pourra être l’internationale
socialiste du XXIe siècle. Qui va prendre la relève ? Quelles jeunes
recrues de qualité vont émerger à gauche et se distinguer par leur
talent, leur travail et leurs idées comme Rachida Dati a su le faire à
droite ?