L’avenir de la Gauche, ou la nécessité de sa refondation (2)
par Solidarités et Libertés
vendredi 3 juillet 2009
Pour se relever et espérer atteindre les plus hautes fonctions en France, la Gauche Française doit refonder ses structures. Mais elle doit, aussi, changer profondément ses idéologies.
La Gauche du 21ème siècle reste à inventer !
Comme je l’ai expliqué dans mon précédent article, si la Gauche veut reprendre le devant de la scène, elle devra refonder ses structures politiques. A savoir la nécessaire disparition du PS actuel pour entamer la constitution de deux Partis ou Rassemblements de gauche.
Le premier serait constitué autour de l’identité "sociale et libérale" que j’appelle "Gauche d’accompagnement du Libéralisme". La seconde serait la "Gauche anti-libérale" que j’appelle "Gauche de transformation".
Mais, pour parfaire sa refondation, la Gauche doit revoir son ou ses idéologies.
La Gauche d’accompagnement ne peut plus se satisfaire de la sociale-démocratie à Papa. En effet, la situation du Monde du 21 ème siècle n’est plus du tout la même que celle du milieu du 20ème siècle. Il faut revoir la copie idéologique.
La Gauche de transformation ne peut plus se contenter de dénoncer le Capitalisme et le Libéralisme en attendant le "Grand soir" pour proposer un autre modèle productiviste et une autre forme d’aliénation. Il serait peut-être temps d’avoir d’autres références que celles écrites au 19ème siècle par un certain Karl Marx... Par exemple par l’émergence d’un système écologiste, autogestionnaire et "alter-productiviste"...
Ce que je viens de dire révèle, certainement, une des raisons pour lesquelles les "couches populaires" ne votent plus aussi massivement pour la Gauche. Outre le fait que les structures politiques ne correspondent plus à notre époque et que cela conduit, entre autres, à des querelles partisanes et des démonstrations de force au sein même des partis ; je pense que les électeurs ne croient plus crédibles les idéologies de la Gauche pour les problèmes de la vie quotidienne que beaucoup rencontrent actuellement.
On m’a posé une question récemment par rapport à ce sujet. Une personne à qui j’expliquais cette situation m’a répondu de la façon suivante : "Avec ce que vous dites, la Gauche est dépassée, alors ?"
Ma réponse est la suivante "Oui, mais il y a encore moyen que cela change. C’est une question de volonté politique."
Tout d’abord, Il faudra, pour une certaine partie de la Gauche, reconnaitre que le Libéralisme n’est pas l’ennemi du citoyen, ni du travailleur, ni du consommateur. Cela doit être un atout, à parti du moment où l’Etat et les Institutions en fixe certaines limites. Je le dis, je suis pour le "Libéralisme de quartier". C’est à dire qu’il faut encourager l’initiative, l’esprit d’entreprendre et la récompense du mérite et de l’effort. La Gauche doit s’approprier ces expressions et dire que l’on préfère le développement des PME et des entreprises familiales qui font vivre la majorité du tissu économique Français au développement des grandes sociétés qui font du profit en délocalisant et en pillant massivement les ressources naturelles.
Donc, libéralisme : oui. Mais à taille humaine.
L’Etat doit fixer des limites : oui, mais elle ne doit pas brider non plus l’activité. Elle doit l’encourager tout en permettant à chacun de vivre décemment. Ce sont des mesures sociales qui le permettront. C’est une forme de "flexi-sécurité" à la mode scandinave qu’il convient d’étudier. Mais on doit considérer que la société entière s’est mondialisée.
Cela signifie, alors, que la Gauche doit reconnaitre l’utilité et l’importance de la construction Européenne. Elle doit arrêter, une bonne fois pour toutes, d’avoir un programme pour la France, et un autre complétement différent pour l’Europe. Ce que je dis est parfaitement illustré par le programme du PS français et celui du PSE. C’est crucial si l’on veut être crédible.
L’Europe est la bonne échelle pour transformer les défauts du libéralisme et de la Mondialisation. L’Europe doit protéger. Cela ne doit plus être un tabou. Oui, il faut un protectionnisme Européen. Il faudra être amené à produire plus Européen et se protéger à un certain niveau de la production chinoise notamment. Oui, il faut, donc, une Europe Politique, sociale mais écologique aussi.
L’Europe est la bonne dimension institutionnelle pour mettre en place un autre mode de développement. En effet, l’Europe doit mettre en place un système qui permette que la Croissance ne soit pas la seule mesure du développement de notre civilisation. A l’heure où nous entrons dans une crise écologique sans précédent, il est nécessaire de concevoir un système de production basé sur une rentabilité en fonction de l’empreinte écologique. La recherche de la croissance ne doit plus se faire sans la recherche de la diminution de notre empreinte écologique. L’Europe est le bon échelon pour encourager la recherche sur la nécessité de trouver d’autres ressouces naturelles et sur l’arrêt de la destruction de notre planète.
Si cela s’avère possible, alors, il faudrait, peut-être, réflechir sur la possibilité de décréter une "décroissance économique légale", c’est à dire une décroissance faible et étudiée, afin de ne pas mettre en danger la poulation et la santé économique et financière de l’europe.
Pour que cela fonctionne, il faut que l’Europe se dote de vraies institutions. C’est un autre tabou de la Gauche d’accompagnement. Pour changer durablement notre système économique, il faut admettre la nécessité de la création d’une vraie Europe Fédérale. Tous les partis de gauche en Europe qui défendent ce système enregistrent un fort électorat.
Pour résumer, si l’on veut que le Citoyen soit, de nouveau, attiré par la Gauche, il faut qu’elle change son idéologie. La Gauche d’accompagnement doit accepter le Libéralisme politique (décentralisation, confiance envers l’Individu), le libéralisme économique "de quartier", la transformation de la mondialisation par l’écologie, l’Europe comme base de lancement d’un nouveau mode de développement basée sur une croissance en fonction de la "rentabilité écologique", voire la mise en place d’un système "de décroissance légale", en cas de poussée sévère de la crise écologique.
Tout ceci nécessite l’abandon des références anciennes sur le marxisme ou sur la sociale-démocratie à la Française. Le progressisme doit toujours être la clé de voute de la pensée de Gauche mais adaptée à la réalité du monde et des problèmes contemporains.
Ce sont quelques pistes de réflexions qui, je l’espère, alimentera un peu plus le débat sur l’avenir de la Gauche en France.