L’avenir du centre en France

par Eric
samedi 5 mai 2012

François Bayrou a fait le choix de soutenir personnellement François Hollande au second tour de l'élection présidentielle. Choix inédit et original, il pose la question de l'avenir d'un parti centriste en France. Cette question est d'abord légitimé par plusieurs raisons.

La première raison est une raison historique. L'UDF, fondée en 1978, est depuis sa création un parti de centre-droit. Ses membres ont souvent participé à des gouvernements de droite et son leader emblématique, seul élu centriste à avoir été élu à la Présidence de la République, Valéry Giscard d'Estaing a récemment annoncé qu'il voterait pour Nicolas Sarkozy. Cela est un fait, le parti centriste, dans sa volonté d'exister, a toujours trouvé son foyer à droite de l'électorat français.

La seconde raison est lié à l'origine des soutiens possibles de François Bayrou. Elle rejoint d'ailleurs la première raison. Pierre Méhaignerie, Jean Arthuis, Jean-Louis Borloo, Hervé Morin sont tous aujourd'hui membres de l'UMP et anciens membres de l'UDF. Il apparaît difficile, s'il y avait défaite de Nicolas Sarkozy dimanche, qu'ils décident de rejoindre François Bayrou après que ce dernier est pris la décision François Hollande.

Une troisième raison voit alors le jour. François Bayrou aura-t-il la possibilité de recréer un centre avec des forces de gauche. La probable victoire de François Hollande met un terme à cette hypothèse, celui-ci ayant clairement indiqué vouloir gouverner avec un gouvernement de gauche.

 

Ces trois raisons sont l'augure de jours sombres pour la formation centriste, qui vient déjà de passer les cinq dernières années dans une obscurité relative. Pourtant, il y a des raisons de penser qu'une grande force centrale a encore de l'avenir en France.

 

D'une part, la campagne de Nicolas Sarkozy va indéniablement laisser des traces parmi l'électorat de l'UMP, ainsi que parmi ses élus. Car bientôt, va venir le temps du bilan, qu'auront gagné les partis du centre droit après cinq ans de Sarkozysme et dix ans d'UMP ? Quelques postes, quelques récompenses ? Seront-ils capable d'accepter d'être associé à cinq ans de gouvernance qui a vu le chômage augmenter, la dette publique se creuser, la balance commerciale de la France se dégrader ? Souhaiteront-ils être les complices implicites de cette époque qui a vu se terminer la première décennie du vingt-et-unième siècle par deux crises financières que nous n'avons pas encore terrassé.

A tous les élus, militants, soutiens du Parti Radical, du Nouveau Centre, des Progressistes de la Gauche Moderne, j'aimerais qu'ils se posent les questions suivantes : qu'avez-vous obtenu au sein de l'UMP ? Qu'y obtiendrez-vous après le 6 Mai ? L'UMP est promis à des membres de l'ex RPR qui ne défendront vos convictions, uniquement par démagogie, si cela leur apporte vos voix.

Avec la probable défaite de Nicolas Sarkozy, vous avez une chance de vous défaire du carcan dans lequel vous êtes pris. Vous avez la possibilité de renoncer à cinq nouvelles années d'errance incertaine. Vous avez la possibilité de retrouver votre liberté d'expression. Combien de fois avez-vous été désavoué par les dirigeants de l'UMP pour avoir voulu rappeler vos convictions et les raisons de votre adhésion à ce parti ?

A ceux qui pensent qu'en votant François Hollande, François Bayrou approuve son programme, je vous invite à relire sa déclaration (link) où il exprime clairement le fait qu'il ne rejoint pas le leader du PS sur ce point, notamment concernant le programme économique. François Bayrou n'est pas un homme de gauche et ne va pas le devenir.

 

D'autre part, nous ne pouvons ignorer la situation dans laquelle se trouvent la France et l'Union Européenne. Nous avons face à nous des défis importants à relever. Et on peut penser que les hésitations et tergiversations des politiques récentes n'ont fait que retarder le moment où nous aurons à faire les choix nécessaires et courageux. Comme à un malade qu'on essaie de soigner avec des comprimés, il viendra un moment où il faudra se décider à opérer la France et l'Europe pour les guérir des tumeurs cancéreuses - chômage, dette, précarité - qui les rongent.

Lorsque ce moment viendra, nous aurons besoin de toutes les bonnes volontés, toutes les forces vives, sans exception possible car il n'y a que par l'unité et le rassemblement que l'on peut triompher des dangers les plus terribles.

Lorsque ce moment viendra, c'est au centre de l'échiquier politique qu'on regardera. Car c'est là que François Bayrou, Cassandre de cette élection, a annoncé le premier, depuis dix ans les dangers qui nous menaçaient. Car c'est là que François Bayrou a voulu proposer des solutions pour redresser la France.

Cette élection n'est pas une fatalité bien au contraire. Nous avons - vous avez - la force, le courage, la volonté qui nous permettront de redresser le pays. Cette élection n'est pas la défaite d'un camp face un autre. Cette élection est le prémice d'un rassemblement des Français.

 

Tel le Yin et le Yang qui symbolise l'équilibre entre deux forces, cette nouvelle force centrale - à laquelle je crois sincèrement - sera composé d'hommes et de femmes de gauche et d'hommes et de femmes de droite et, parce qu'il représente l'équilibre, elle saura se libérer des chaînes des extrêmes et être indépendante.


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