« L’Ayrault Port de Notre Dame de Vinci »

par Robert GIL
vendredi 16 novembre 2012

Ce n’est pas un hasard si cette année, du 7 au 11 juillet, le 2ème forum européen contre les Grands Projets inutiles et imposés, les fameux « GPII », s’est déroulé à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes. De la LGV en pays basque à l’autoroute trouant la forêt de Khimki en Russie, du méga-complexe de casinos et d’hôtels d’Euro Vegas en Espagne à la gare ferroviaire géante de Stuttgart en Allemagne, en passant par les centres d’extraction du gaz de schiste au centre d’enfouissement de dechets nucléaires à Bure, de la destruction du parc d’Hellinikon en Grèce ou à la LGV Manchester-Londres, cette deuxième édition du forum a fait le constat que derrière ces projets se dissimulent des intérêts financiers et économiques complètement déconnectés du besoin des populations. Bien souvent, comme en France avec le partenariat public-privé, c’est un moyen pour des multinationales de pomper allégrement de l’argent public. Ce type de contrat est une poule aux œufs d’or pour les entreprises de BTP, les budgets explosent aux mêmes rythmes que les malfaçons dont ils sont responsables !

L’aéroport de Notre Dame des Landes est l’exemple type d’un projet inutile et dévastateur, pour le seul profit d’une multinationale : Vinci. L’État avoue ainsi sa dépendance aux grands groupes privés, et démontre que la plupart de ces grands projets sont bien loin des préoccupations quotidiennes des populations.

Notre Dame des Landes représente un concentré de gaspillage d’argent public et de destruction de l’environnement. Ce projet promet d’être un gouffre financier engloutissant au minimum 3 milliards d’euros d’argent public. L’accaparement et le bétonnage de près de 2000 hectares de terres agricoles feront disparaître l’outil de travail d’une centaine d’exploitants agricoles et condamneront plusieurs centaines d’emplois. Il représente aussi une menace pour le bocage, la biodiversité et les zones humides. Tout ça pour offrir à Vinci la construction et l’exploitation d’un aéroport de trop, car celui qui existe à Nantes est largement sous utilisé, et surtout il n’y a aucune prise de conscience que lutter contre le réchauffement climatique exige de réduire le transport aérien.

Le 29 septembre, les ouvriers de l’automobile qui défendaient leurs emplois étaient gazés par les forces de l’ordre, et le 16 octobre, pour défendre les intérêts de Vinci, une répression violente est menée par 1200 policiers contre les habitants de la ZAD (zone d’aménagement différé, rebaptisée Zone A Défendre). Comment dans une démocratie sous un gouvernement socialiste est-il possible de privilégier la défense d’intérêts privés au détriment d’intérêts collectifs ? Comment est-il possible de favoriser une multinationale contre des salariés ?

Mais le gouvernement, en lançant cette attaque policière, a sous-estimé la solidarité qui s’est développée ces derniers mois. La répression a soudé les opposants. Les occupants de la ZAD, des jeunes qui produisent de manière collective et solidaire, ont créé de multiples liens avec la population locale, avec les militants parce qu’ils s’engagent, avec les agriculteurs parce qu’ils cultivent pour vivre, avec les habitants parce qu’ils y habitent. Les solidarités locales, nationales voire internationales affluent, et comme le Larzac en son temps, Notre Dame des Landes peut devenir un symbole de la convergence des luttes, car le mouvement dépasse l’opposition au seul projet d’aéroport.

Ayrault, avant d’être premier ministre, a été maire de Nantes pendant 23 ans. Il est le principal instigateur du projet. Notre dame des Landes donne la preuve éclatante que sur le terrain social, écologique, démocratique, ce gouvernement ne rompt pas avec le précédent. Ce n’est pas en composant avec ce gouvernement, en y participant ou en le soutenant de manière plus ou moins critique, qu’il est possible d’en finir avec l’injustice sociale et l’irresponsabilité écologique. C’est l’ensemble des politiques d’infrastructure qui doivent être ainsi confrontées aux besoins des populations et au respect de leur environnement ; il faut élargir les réflexions communes au nucléaire, à l’énergie , à la gestion des déchets, aux parcs d’entreprises, aux zones commerciales, c’est-à-dire à l’urbanisme et l’organisation des territoires. Alors, attention à l’atterrissage !

Article publié sur Conscience Citoyenne Responsable

http://2ccr.unblog.fr/2012/11/15/ayrault-port-de-notre-dame-de-vinci/

Voici ce texte sous forme de tract prêt à imprimer pour distribuer et sensibiliser autour de vous :

« L’AYRAULT PORT DE NOTRE DAME DE VINCI »


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