L’eau pour éteindre l’incendie social

par olivier cabanel
vendredi 31 mars 2023

Macron n’est jamais à court d’imagination pour éteindre l’incendie social qu’il a allumé, le voila préoccupé par la « question de l’eau »... mais qui est dupe ?

S’il est vrai que la question est de plus en plus préoccupante, ce n’est pas pour autant une nouveauté.

Les lanceurs d’alerte se sont multipliés sur la question

à l’été 2013, l’ingénieur Georges Mougin avait lancé l’idée de récupérer de grands icebergs dérivant en pleine mer pour faire face à la pénurie qui était dénoncée depuis longtemps. lien

D’ailleurs ce « serpent de mer » était déjà dans l’air du temps dans les années 50, et Mougin s’y était intéressé dans les années 70, travaillant sur la question avec notamment Paul-Emile Victor.

Sauf qu’avec le changement climatique, tous ces beaux icebergs sont en train de fondre…

Le pompage dans les nappes profondes, pratiqué actuellement par la Libye, va provoquer des désastres dans toute l’Afrique saharienne. Le pompage dans le bassin parisien par IBN entre autres dans les nappes biologiquement saines pour faire des puces met en danger les besoins futurs des populations. 

Avec le changement climatique et la pollution toujours croissante, les générations futures ont du souci à se faire.

Sur la question énergétique, on sait aujourd’hui que le débit des fleuves s’affaiblit, ce qui est une menace pour les centrales nucléaires, dont on sait qu’elles ont besoin de beaucoup d’eau pour assurer leur refroidissement ...seules les usines situées en bord de mer pourraient continuer à fonctionner normalement. Lien

Et encore ! Avec la montée des eaux il risque d’y avoir de gros problèmes.

D’autres préoccupations datent elles aussi de longtemps, comme par exemple l’utilisation de l’eau potable pour laver une voiture (200 litres par voiture pour un lavage aux rouleaux, et 300 litres pour la même opération chez soi)... la cuvette des WC (jusqu’à 18 litres à chaque tirage de chasse). lien

N’oublions pas les pertes considérables d’eau potable occasionnées lors des fuites dans les canalisations.

En mars 2014, le journal 60 millions de consommateurs avait mis en évidence le fait qu’1 litre d’eau sur 5 était perdu dans ces fuites. Lien

Cela représente 1300 milliards de litres d’eau perdus chaque année. lien

Selon d’autres sources, ce serait même d’1 litre sur 2 qui est perdu dans certains territoires français, mais l’exécutif assure qu’il n’a pas les moyens de réparer ces fuites intempestives. lien

intéressant de constater l’état de vétusté de certaines canalisations.

C’est donc un problème qui date...et maintenant notre petit Jupiter décide de s’en faire une préoccupation majeure, bien loin de la question de la réforme de la retraite.

Sauf qu’il prévoit d’investir seulement 180 millions pour cette indispensable rénovation... et qu’il en faudrait beaucoup plus.

En effet, s’il faut en croire Marillys Macé, directrice générale du CIE (Centre dInformation sur l’Eau), pour rénover les 850 000 km du réseau d’eau potable il faudrait 6 milliards par an, et, cerise sur le gâteau, les experts considèrent qu’il faudrait 1 milliard supplémentaire. lien

Il semble que notre autocrate ait mal étudié le dossier car avec ses petits 180 millions, on est dans le domaine de « la goutte d’eau »… voire du foutage de gueule. lien

Bref son « plan eau » prend déjà l’eau.

Hélas pour l’Elysée, ce n’est pas tout, ce gouvernement vient de nous offrir un nouveau cafouillage.

Alors que Marc Fesneau, le ministre de l’agriculture, prenait la parole le 30 mars devant les instances de la FNSEA, affirmant qu’il ne serait pas demandé aux agriculteurs de réduire leurs prélèvement en eau, (lien) au même instant, son patron, en visite à Savines le Lac, affirmait exactement le contraire, évoquant « une meilleure gestion de l’eau », et de la sobriété, demandée aux agriculteurs...lien

N’oublions pas que 70 % de l’eau dans le monde est destinée à l’irrigation, 22 % pour l’industrie… et seulement 8 % pour l’usage domestique.

Pourtant il y a fort à parier que les mesures que va proposer le président de la république vont rester en priorité dans le domaine de l’usage domestique.

Quid des choix faits dans d’autres pays ?

Sur la question de la réutilisation des eaux usées, si elle représente 1 % du volume consommé en France, elle est de 8 % en Italie, 14 % en Espagne... et 85 % en Israël.

Pour revenir à la question de l’irrigation, rappelons que si le blé, le maïs ... ont de gros besoin d’eau (lien), il n’en est pas moins vrai que d’autres plantes, comme le chanvre, par exemple (lien) sont bien plus modestes en besoin d’eau.

Par comparaison, il faut 500 litres d’eau pour récolter 1kg de maïs, 700 litres pour 1 kg de blé et 800 litres pour 1 kg de soja. (lien) et seulement 134 litres pour 1 kg de chanvre. lien

Il y a pourtant tant d’autres solutions, comme le font certains paysans, ils cultivent tomates, courgettes, etc, sans jamais arroser, et ils sont pourtant dans des régions très ensoleillées. lien

La démonstration dans cette vidéo.

La solution s’inspire d’une technique, la permaculture. lien

Mais il y a fort à parier que notre petit roi ne s’y intéressera pas, car comme dit mon vieil ami africain : « l’homme qui mange sans travailler finit par mourir sans maladie ».

le dessin illustrant l’article est d’Oli

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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