L’échec des Verts au gouvernement

par Henry Moreigne
mardi 1er avril 2014

Les Verts ne feront pas partie du prochain gouvernement. Dans un bel exercice de langue de bois, ils justifient cette décision par un désaccord sur la ligne politique du nouveau Premier ministre. Difficile à croire puisque sous la Vème, c'est le Chef de l'Etat qui fixe le cap. En fait EELV, au bilan gouvernemental plus que médiocre, se désolidarise du PS juste à temps, juste avant les élections européennes avec l'intention de recueillir les suffrages des déçus de la gauche.

Les vrais écologistes en sont pour leurs frais. Qu'aura apporté la présence d'EELV au gouvernement ? A part des couacs en série, pas grand-chose notamment sur le secteur de l'environnement où tout reste à faire. Les Rastignac bio, la bande à Duflot, Vincent Placé en tête ont avant tout soigné leurs carrières personnelles en exigeant et obtenant de confortables plaçous comme la République sait en offrir. Les dorures des palais nationaux, les voitures de fonctions et les indemnités confortables … ils adorent ça. Cette poignée de trentenaires carriéristes (rebaptisés en interne "la Firme") s'est assis sur ce qui faisait le sel des Verts : la probité et la prise en compte de l'environnement dans l'économie.

Après de deux ans à la tête d'un ministère important Cécile Duflot part en laissant comme héritage une flopée de décrets, d'ordonnances et deux lois jugées très sévèrement par les professionnels de l'immobilier. Beaucoup de papiers mais peu de constructions malgré la pénurie. Or la relance du logement constitue une clé pour le redémarrage de l'économie en permettant de créer des emplois, de redonner du pouvoir d'achat aux français par une baisse des loyers, et en apportant des recettes fiscales supplémentaires à des collectivités locales en période de disette. Cette chaîne vertueuse ne s'est pas mise en place. Non seulement la production de logements neufs n'a cessé de reculer pour passer de 420 000 en 2011 à 330 000 en 2013 mais le secteur du bâtiment a perdu 32 000 emplois ces deux dernières années. Quant à la rénovation thermique des logements à grande échelle autre chantier majeur pour l'emploi et le climat, elle ne décolle pas.

Très attendu sur la question de la régulation des marchés financiers et des établissements bancaires, ses thèmes de prédilection lorsqu'il était eurodéputé, Pascal Canfin n'aura jamais pesé sur Bercy. A l'inverse du discours du Bourget, le ministère de l'économie a accouché d'une loi sur la séparation des banques volontairement indigente qui contribue à renforcer le poids des banques sous le prétexte fallacieux de conforter les emplois du secteur.

Tout l'échec d'EELV est là. Dogmatiques à l'excès, ses représentants n'auront jamais trouvé le pragmatisme qui permet de décliner concrètement dans la vie courante les beaux discours. Cela ne serait pas grave en soi si cet échec ne concourrait un peu plus au discrédit de la classe politique en général en confirmant le grand écart entre les paroles et les actes et si au final ce n'était pas l'environnement qui était le grand perdant de deux années d'inaction.


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