L’efficacité énergétique comme réponse à la précarité

par Enjeux Electriques
jeudi 13 décembre 2012

La conférence nationale contre la pauvreté vient de se clore, et si le Premier ministre a accumulé les annonces, le gouvernement peine encore à organiser sa politique. A l’orée de l’hiver, c’est bien sûr le froid qui cristallise toutes les craintes : hébergement pour les SDF et précarité énergétique pour ceux qui disposent encore d’un toit. Or, la situation est bloquée pour ces derniers, alors que l’on estime que 3,8 millions de ménages (8 millions de personnes) en France dépensent plus de 10% de leurs revenus pour payer leurs factures de gaz et d’électricité.

L’Etat bricole

Présentée comme le premier projet d’envergure du quinquennat, l’instauration d’un tarif progressif de l’énergie a été retoquée par une alliance insolite entre sénateurs communistes et UMP. De fait, l’extension des tarifs sociaux de l’électricité et du gaz aux 3,8 millions de foyers les plus en difficulté a été gelé. En attendant, Delphine Batho, ministre de l’énergie, « s’est engagée » à signer un décret pour augmenter le nombre de bénéficiaires, limité à 1 million de ménages aujourd’hui. Cette mesure, qui reste encore à confirmer, ne serait qu’une solution provisoire et imparfaite

Un emplâtre sur une jambe de bois

Par ailleurs, l’ambition du gouvernement de limiter la hausse du prix des énergies a fait long feu. C’est sans tambours ni trompettes que Pierre Moscovici a annoncé la fin du dispositif de soutien à la baisse des prix des carburants. En matière de prix du gaz, le Conseil d’Etat a cassé les décisions gouvernementales de plafonner la hausse des tarifs. Les experts du secteur de l’énergie ne se font pas d’illusions : il faut se préparer à une hausse continue du prix des énergies.

Sur le terrain, on continue tant bien que mal

Pour l’heure, l’on compte davantage sur la bonne volonté des fournisseurs d’énergie que sur la voie législative pour limiter les dégâts. Ce sont en effet les fournisseurs d’énergie qui abondent en partie les fonds d’aide publique pour les foyers en difficulté. Le fonds de solidarité pour le logement qui aide presque 400 000 foyers (chiffres de 2006) à payer leurs arriérés d’énergie et d’eau est ainsi cofinancé par les conseils généraux et les principales entreprises de fourniture d’énergie.

Privilégier l’efficacité énergétique

Plutôt que d’agir sur l’offre, il serait bien plus judicieux d’agir sur la demande. La stratégie actuelle du gouvernement est d’autant plus curieuse que François Hollande a, par le passé, évoqué la solution  : la baisse de la demande en énergie via la rénovation thermique des logements. Soutenue par une politique volontaire, cette mesure serait doublement efficace. Les logements les plus vétustes et les plus mal isolés sont justement ceux des ménages les plus modestes. Aider à la rénovation c’est donc réduire de manière pérenne et équitable les factures d’électricité et de gaz. De plus, la méthode actuelle équivaut aux tonneaux des Danaïdes : plus les tarifs augmentent, plus les ménages ont du mal à payer, plus les aides doivent augmenter et ainsi de suite. Favoriser les mesures d’amélioration de l’efficacité énergétique, au contraire, stimulerait l’emploi tout en réduisant les dépenses des foyers.


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